Je veille déjà à limiter mes dépenses, je planifie mon épicerie et j’écume les rabais. Mais j’ai parfois encore l’impression que l’argent se sauve de mon portefeuille. L’intelligence artificielle pourrait-elle m’aiguiller sur les postes de dépenses qui cannibalisent mes finances personnelles?
J’ai fait le test.
Première étape: faire un budget
Ça va de soi: si l’on veut savoir où couper, il faut premièrement savoir où va notre argent.
Élaborer un budget permet d’équilibrer votre revenu avec vos économies et vos dépenses. Mais il n’est pas toujours évident de savoir par où commencer. Mode d’emploi.
Faire un budget vous permettra notamment d’établir si certains postes de dépenses peuvent être réduits et pour savoir quel montant peut être alloué pour investir, rappelle notre collaboratrice Gabrielle Gauthier-Veillette, conseillère en sécurité financière et présidente du cabinet d’assurances de personnes Adultes «Responsables» inc.
On peut voir le budget comme une photo globale de vos finances actuelles, explique-t-elle. Ce dernier n’a d’ailleurs pas besoin d’être très détaillé.
Établir ses dépenses
La première étape est d’inscrire toutes les dépenses effectuées durant un mois et de les soustraire de notre revenu mensuel net, qui est le montant qui reste du revenu d’une personne ou d’une entreprise après les déductions
Selon l’Association coopérative d’économie familiale des Basses-Laurentides, les dépenses peuvent être séparées en trois catégories. La première catégorie sera constituée des dépenses fixes comme le loyer, l’électricité ou les dettes. Les dépenses courantes, comme l’essence et l’épicerie, pourront ensuite être regroupées ensemble. Les dépenses occasionnelles, par exemple des vacances ou des réparations, peuvent être inscrites dans la dernière catégorie.
Plusieurs outils en ligne permettent de regrouper toutes vos dépenses. L’Autorité des marchés financiers propose notamment des grilles pour y voir plus clair. Le gouvernement du Canada offre également un planificateur budgétaire qui permet de rassembler efficacement toutes ces données.
«Le plus long c’est de le faire la première fois et de tout inscrire. Après ça, à chaque mois, à chaque fois qu’un changement majeur dans ta vie, tu peux repasser à travers ces données-là et de venir effectuer les corrections nécessaires», note Mme Gauthier-Veillette.
Dépenses essentielles, loisirs et épargnes
La distribution d’un budget équilibré devrait respecter la règle du 50-30-20. La majeure partie des dépenses, soit 50% de votre argent mensuel, devrait être allouée aux dépenses essentielles. Environ 30% du budget devrait ensuite être réservé aux loisirs et 20% dans les économies.
Le loyer et toutes les dépenses qui touchent au logement ne devraient d’ailleurs pas dépasser 35% du revenu brut de votre ménage, conseille de son côté le gouvernement du Canada.
«Une fois que ton budget est fait, que tu as fait les corrections nécessaires. Tu sais combien d’argent il te reste pour pouvoir bâtir les meilleures stratégies financières pour toi», ajoute Gabrielle Gauthier-Veillette.
Sauver du temps en utilisant des applications
De nombreuses applications permettent de gérer son budget et ses dépenses mensuelles à partir de son téléphone.
Par exemple, l’application Fudget permet de comptabiliser vos dépenses et vos revenus, ajoutez vos objectifs d’épargne et le tour est joué. Il n’y a pas de catégories, aucun graphique, rien de sophistiqué.
Même chose du côté de Spendee, qui permet évidemment de faire un suivi de vos dépenses et revenus, incluant des catégories et des rappels. Elle permet aussi de créer des comptes partagés avec une ou plusieurs personnes.
Votre institution financière propose peut-être également des outils pour planifier votre budget et gérer vos dépenses. Les options varient beaucoup d’une banque à l’autre, mais il demeure que via leurs applications, il est possible de diviser ses dépenses en catégories et se fixer des objectifs d’épargnes.
Deuxième étape: entrer ses dépenses dans ChatGPT
Même en regardant mon budget, je me questionne sur l’argent alloué à chaque poste de dépenses. Est-ce trop?
«Peux-tu analyser mon budget et me dire à quels endroits je dépense trop.» Voici la commande demandée à l’agent conversationnel ChatGPT.
Pour procéder, l’intelligence artificielle demande en retour plusieurs informations relatives à mes finances, soit mes revenus mensuels nets et les dépenses classées en catégorie. Je lui ai détaillés mes dépenses totales du mois de mai pour le logement, le transport, l’alimentation, les loisirs, les soins de santé, l’épargne et les frais divers.
Vous comprendrez que ces données resteront confidentielles - sauf pour ChatGPT.
Il faut également garder en tête que les agents de conversation de ce type demeurent assez opaques en ce qui à trait à la gestion des informations personnelles.
Troisième étape: analyse du budget
Après avoir analysé mon budget, l’intelligence artificielle me félicite d’avoir un budget sain (youpi!). Il y a toutefois un «mais…» suivi de trois endroits où je pourrais optimiser mon budget.
Il m’avertit notamment que je dépense un montant «un peu élevé» du côté de mes loisirs. Je ne suis pas surprise: je fais du sport d’endurance et je dépense souvent en suppléments sportifs. Je devrais effectivement tenter de trouver des alternatives à ces produits coûteux.
L’intelligence artificielle soulève également que mes dépenses à l’épicerie sont «raisonnables», mais que je pourrais couper davantage si le total inclut beaucoup de restaurants. Malheureusement ChatGPT, j’ai simplement une bonne fourchette.
Le troisième poste de dépenses questionné par ChatGPT concerne la catégorie divers qui inclut ce mois-ci des cadeaux d’anniversaire. Il me conseille de détailler davantage cette catégorie pour voir si certains montants d’argent ont été dépensés inutilement.
Il me propose également de créer un budget optimisé selon mes objectifs de la prochaine année.
Si mon budget est déjà bien équilibré, l’intelligence artificielle soulève tout de même des pistes de réflexion intéressantes sur les différents postes de dépenses.
Et que pense-t-il du revenu viable à Montréal?
Calculant le «salaire viable» net après impôts et le taux horaire nécessaire pour réellement sortir de la pauvreté à Montréal et à Québec depuis 2015, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a dévoilé en avril dernier ses nouvelles données pour la plupart des grandes villes de la province.
L’IRIS dit se baser sur plusieurs facteurs comprenant les besoins essentiels (Logement, transport, soins de santé, alimentation, etc.) afin d’y arriver à ces chiffres.
À Montréal, le revenu viable pour une personne seule s’élève à 40 084 $ «pour un panier de biens et de services qui permet une vie hors de la pauvreté», précise-t-on sur le site internet de l’IRIS.
L’IRIS a d’ailleurs dressé un tableau avec les dépenses annuelles liées à chaque catégorie. «Ces montants sont calculés à titre indicatif : il est probable, voire inévitable, qu’un ménage équilibre ses dépenses autrement en fonction de sa réalité», indique-t-on.
Voici les données détaillées présentées à ChatGPT en lui demandant de me dire à quels endroits couper:
-Alimentation: 6 743 $
-Logement: 17 183 $
-Transport et déplacements: 1 810 $
-Vêtements: 1 117 $
-Autres dépenses et participation sociale: 5 926 $
-Téléphone: 400$
-Internet et cablôdiffiseur: 1 272 $
-Épargne et éducation: 2 200 $
-Fonds d’urgence: 1 485 $
-Soins de santé non remboursés: 1949$
«Vous n’êtes pas en déficit ce qui est rare dans des budgets serrés», répond premièrement l’intelligence artificielle.
Ce dernier mentionne certains points à surveiller, dont le logement. «Très élevé. Idéalement sous 30%. Si c’est un loyer, il pourrait être intéressant de chercher des options moins chères ou partager les coûts», écrit-il. Plus facile à dire qu’à faire tout de même dans une situation de crise du logement.
Il propose également de jeter un coup d’œil du côté de la catégorie internet et câblodiffusion. «Il peut y avoir des offres moins chères selon votre fournisseur», ajoute-t-il.
Sauver des sous à l’épicerie avec ChatGPT?
La facture augmente rapidement chaque fois que j’ajoute un produit à mon panier. Je me fais la réflexion chaque semaine: l’épicerie me coûte cher. Mais l’intelligence artificielle peut-elle m’aider à économiser quelques dollars?
Mon conjoint et moi préparons généralement une liste d’épicerie qui couvrira six soupers et des déjeuners. Les restants de la veille seront mangés pour le dîner. La facture s’élève en moyenne à 200$ par semaine, soit 100$ par personne. C’est donc un total de 800$ par mois qui est alloué à ce poste de dépense pour mon ménage.
Si ChatGPT arrivait à faire descendre ma facture à 150$ par semaine, je sauverais 50$. J’aurais 200$ de plus dans mes poches à la fin du mois. Au bout de 12 mois, j’aurais économisé 2 400$ seulement sur mon épicerie.
-Avec Noovo Moi et Noovo Info
