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Tarifs de Trump sur le cuivre: des électroménagers encore plus chers?

«On peut s’attendre à une hausse des prix quand même assez rapidement.»

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Voici pourquoi les tarifs de Trump sur le cuivre pourraient vous coûter cher Voici pourquoi les tarifs de Trump sur le cuivre pourraient vous coûter cher

La menace de nouveaux droits de douane de Donald Trump sur le cuivre ne fait qu’augmenter l’incertitude de l’industrie du cuivre au pays et cette menace pourrait aussi avoir un réel impact sur le portefeuille des Canadiens.

Ces tarifs de 50%, qui entreront en vigueur le 1er août, feront grimper le prix du cuivre affectant du même coup tous les produits qui en contiennent, prévient Rosemarie Bégin, directrice principale en économie et politiques chez PwC Canada.

«On peut s’attendre à une hausse quand même assez rapidement», soutient-elle.

En entrevue avec Noovo Info, elle souligne qu’une augmentation de la demande et une hausse du prix pourraient d’ailleurs être remarqués avant même que les tarifs ne soient appliqués.

Mme Bégin indique que le cuivre est un «intrant majeur» dans plusieurs produits du quotidien et qu’il n’existe pas beaucoup de substituts pour le remplacer, donc les impacts sur le prix risquent d’être refilés aux consommateurs.

«Le cuivre est un produit qui est difficile à remplacer, on peut donc s'attendre que l'option de refiler le prix aux consommateurs soit plus élevée que s’il s’agissait d’une commodité plus substituable.» 
- Rosemarie Bégin, directrice principale en économie et politiques chez PwC Canada.

Notons que de nombreux électroménagers contiennent du cuivre tels que les lave-vaisselles, les réfrigérateurs, les laveuses et les sécheuses. Plusieurs électroniques comme les ordinateurs et les télévisions sont aussi construits avec des câbles en cuivre.

Glencore Canada, qui extrait et traite le cuivre notamment à la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda et à l’affinerie CCR à Montréal, rappelle que le cuivre est «omniprésent dans nos vies».

«Tout appareil électrique et matériel électronique en contient, que ce soit les cafetières, les éoliennes, les téléphones cellulaires, la tuyauterie de plomberie, les voitures électriques et bien d’autres», mentionne l’entreprise sur son site Internet.

Glencore a affirmé à Noovo Info que les tarifs de 50% sur le cuivre est une enjeu important pour l'entreprise en raison de la chaîne d'approvisionnement hautement intégrée entre les États-Unis et le Canada. L'entreprise mentionne également suivre de près l'évolution de la situation. 

«Le cuivre est un des minéraux sur la liste des minéraux critiques et stratégiques. On a vraiment un produit qui est très important», note Emmanuelle Toussaint, présidente-directrice générale de l'Association minière du Québec.

En entrevue avec Noovo Info, elle souligne que le Québec est un joueur important en ce qui concerne la transformation et le raffinage du cuivre et donc la province ne sera pas épargnée par les droits de douane de Trump.

«Il faut s'assurer qu'on est prêt et qu’il y a une belle collaboration également avec les gouvernements», soutient-elle.

Selon Mme Toussaint, le milieu doit aussi rester compétitif et pour se faire, il faut s’assurer que «les bonnes mesures sont mises en place», notamment avec des normes qui permettre d’obtenir des permis et des autorisations gouvernementales rapidement.

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Les exportations canadiennes de cuivre vers les États-Unis ont totalisé 5,7 milliards $ au cours des 12 mois se terminant en mai, ce qui représente un impact potentiel plus faible que les droits de douane sur l’acier et l’aluminium, le Canada en ayant exporté pour 34 milliards $ vers les États-Unis, souligne Robert Kavcic, économiste principal à la BMO, dans une note.

Le Québec serait le plus touché, car c’est de là que proviennent la plupart des exportations, puisque la seule fonderie de cuivre du Canada, détenue par Glencore, s’y trouve. Cependant, les répercussions pourraient être plus vastes, ajoute-t-il.

«Dans l’ensemble, même si les droits de douane sur le cuivre étaient relativement limités, ils constitueraient un autre coup dur pour la confiance des entreprises en général.»

Un certain scepticisme

Les menaces de tarifs pourraient n’apporter que de faible répercussion pour l’industrie canadienne. Outre la hausse des prix, puisque le cuivre est une matière parmi la liste des minéraux critiques et qu’il est difficilement remplaçable, la production ne devrait pas être grandement affectée.

Selon Mme Bégin, la guerre tarifaire concerne davantage la Chine et les États-Unis.

«Le Canada demeure un partenaire fiable pour les États-Unis», soutient-elle.

La domination croissante de la Chine dans la transformation des métaux est précisément la raison pour laquelle les États-Unis ont, avant même le second mandat de M. Trump, tenté d’encourager le développement de capacités nationales.

L’empressement à imposer immédiatement des droits de douane élevés, même si le développement des capacités prendra de nombreuses années, signifie que les entreprises et les consommateurs américains en paieront le prix, analyse Michael Dobner, responsable national des pratiques économiques et politiques chez PwC Canada.

«Je m’attends à ce que la majeure partie de ces droits de douane soit payée par les entreprises américaines qui achètent ce cuivre», explique-t-il lors d’une entrevue.

Avec des informations de La Presse canadienne