Les coupes budgétaires dans les services de Postes Canada étaient «inévitables», selon un expert en affaires, alors qu'on mettra fin à la livraison à domicile dans tout le pays.
«La poste est en déclin depuis 2006, année où le nombre de lettres a atteint son maximum au Canada», a rapporté Ian Lee, professeur de commerce à l'Université Carleton, lors d'une entrevue sur les ondes de CTV News. «Depuis, elle est en chute libre, comme sur une piste de ski.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Le ministre fédéral Joël Lightbound a annoncé jeudi que le gouvernement allait demander à Postes Canada de faire passer quatre millions d'adresses de la livraison à domicile à des boîtes aux lettres communautaires centralisées, un changement de politique qui, selon lui, permettra de réaliser «près de 400 millions de dollars d'économies par an».
Il est également prévu de livrer le courrier non urgent par voie terrestre plutôt que par voie aérienne et de lever le moratoire de 30 ans sur la reclassification potentielle des bureaux de poste ruraux.
«Postes Canada doit présenter au gouvernement un plan visant à moderniser et à redimensionner son réseau», indique un communiqué publié jeudi par le cabinet du ministre fédéral.
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M. Lee note que la baisse du volume du courrier postal s'est produite malgré une population croissante, mais il ajoute que la raison n'est pas obscure.
«Il s'agit du téléphone intelligent», a-t-il dit. «Les jeunes, et la plupart des gens, n'écrivent pas de lettres. Vous n'écrivez pas de lettre à votre mère ou à votre père; vous leur envoyez un SMS, vous leur envoyez un courriel.»
Mais cette baisse de la demande n'a pas été compensée par une réduction des coûts, selon lui, et il n'y a pas eu non plus de croissance significative des livraisons de colis, malgré l'essor du commerce en ligne.
«Ils perdent beaucoup d'argent», a indiqué le professeur.
De retour en grève
Les changements de service prévus jeudi ont suscité une réaction immédiate du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui a annoncé la reprise de la grève nationale commencée l'année dernière.
«Cette approche précipitée, sans consultation publique approfondie, est une insulte au public et aux postiers», a écrit la présidente du syndicat, Jan Simpson. «Nous ne pouvons accepter cette attaque contre les bons emplois et les services publics. Concentrons maintenant nos efforts pour nous assurer que le gouvernement et Postes Canada nous entendent haut et fort. Nous l'avons déjà fait. Nous le ferons à nouveau.»
Mme Simpson a averti que les réductions annoncées risquaient d'entraîner «des pertes d'emplois importantes», et l'expert en affaires est d'accord.
«Si vous parlez de réduire les coûts... vous parlez de réduire les effectifs. Ils vont devoir licencier, à terme, des milliers et des milliers de travailleurs.»
Postes Canada a exprimé son soutien aux changements proposés par le ministre, écrivant dans un communiqué publié jeudi qu'ils lui permettraient de «tracer une voie solide et financièrement stable pour l'avenir» dans un contexte d'évolution des besoins des clients.
«Nous prenons cette responsabilité au sérieux et nous travaillerons en étroite collaboration avec le gouvernement et nos employés pour agir rapidement et mettre en œuvre les changements nécessaires de manière réfléchie», a fait savoir le PDG Doug Ettinger.
À la suite de l'annonce de la grève, le transporteur a confirmé qu'il suspendrait ses activités pour une durée indéterminée.
Les communautés rurales les plus touchées
Le professeur Ian Lee prévient que si les Canadiens vivant en ville ne dépendent plus guère de leur bureau de poste local, ceux qui vivent ailleurs dans le pays sont plus susceptibles de ressentir l'absence des services de Postes Canada.
«Ce sont les communautés rurales, les hameaux et les villages qui dépendent entièrement du bureau de poste», a-t-il dit à CTV.
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M. Lee prévoit que la future restructuration donnera la priorité aux Canadiens vivant en milieu rural, où les entreprises de messagerie privées et autres alternatives sont moins disponibles.
