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«Lorsque l’économie attrape un rhume, l’industrie du camionnage attrape une pneumonie.»
Les camionneurs craignent que les tarifs de 25 % que menace toujours d'imposer le président américain Donald Trump entraînent des conséquences désastreuses pour leur secteur, car les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis en souffriraient.
«Si ces tarifs douaniers restaient en vigueur à ces niveaux pendant une période prolongée, cela pourrait être le dernier clou dans le cercueil de nombreuses flottes de camions», a prévenu le président de l’Alliance canadienne du camionnage (ACC), Stephen Laskowski.
«C’est un tableau sombre.»
Les droits de douane sur les importations canadiennes aux États-Unis, qui n'entreront finalement pas en vigueur avant au moins 30 jours, constitueraient le plus grand choc commercial au nord de la frontière depuis près d’un siècle, selon Économique RBC.
Le report de dernière minute, annoncé par le premier ministre Justin Trudeau lundi en fin d’après-midi, est survenu alors que les tarifs devaient entrer en vigueur mardi, selon ce qu'avait annoncé le président Trump.
En réponse à la menace initiale, Ottawa avait promis d’imposer des droits de douane égaux sur 155 milliards $ de produits fabriqués aux États-Unis, allant de la bière et du fromage aux chaises de bureau, aux drones et aux lave-vaisselle.
Plusieurs des 5000 entreprises membres de l’Alliance canadienne du camionnage sont déjà en difficulté en raison d’une demande plus faible des consommateurs.
«C’est une situation hyperconcurrentielle», a souligné M. Laskowski à propos de ce secteur en difficulté.
«Lorsque l’économie attrape un rhume, l’industrie du camionnage attrape une pneumonie.»
Quelque 120 000 camionneurs canadiens transportent des expéditions transfrontalières, a-t-il rappelé. Les transports vers les États-Unis représentent environ les deux tiers de tous les chargements de camions canadiens, selon la société de technologie des transports Arrive Logistics.
En 2023, les camionneurs des deux pays ont transporté 435,7 milliards $ US de marchandises à travers la frontière, selon le ministère américain des Transports. Le fret par camion représente 60 % du commerce transfrontalier entre le Canada et les États-Unis.
Le secteur manufacturier est particulièrement vulnérable, car il comprend des dizaines de milliards de dollars de pièces automobiles et de véhicules transportés par camion vers les États-Unis depuis le Canada.
Un éventuel déclin du commerce transfrontalier pousserait davantage de chauffeurs à se tourner vers le marché intérieur du camionnage, a mentionné Joseph Khoueiry, dont l'entreprise Fabreville inc. exploite cinq semi-remorques entre Toronto et Montréal.
À mesure que le nombre de camionneurs en lice pour des contrats de transport augmentera, les prix qu'ils facturent chuteront, ce qui nuira aux revenus des entreprises.
«Ils vont nous concurrencer. Cela va affecter le taux, cela va ronger nos marges», a-t-il analysé.
M. Khoueiry a ajouté que les pièces de rechange pour sa flotte verraient également probablement leur prix augmenter en raison des droits de douane de 25 % imposés sur les importations d'automobiles en provenance des États-Unis, payés avec un dollar canadien encore plus faible.
S'échangeant autour de 68 cents US lundi, le huard a chuté à son niveau le plus bas depuis 2003, et les experts en devises prédisent que de nouvelles baisses sont probables si les marchés anticipent que les droits de douane resteront en vigueur à long terme.
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L'Alliance canadienne du camionnage a appelé les premiers ministres des provinces à en faire plus pour faciliter le commerce interprovincial. M. Laskowski croit également que le gouvernement fédéral devrait convoquer à nouveau le Parlement pour répondre à la crise.
«Nos dirigeants doivent se réunir et trouver des solutions», a-t-il tranché.