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«En quelque sorte, on peut dire que Trump a atteint ses objectifs.»
François Legault s’est réjoui avec beaucoup de modération lundi après l’annonce du report de 30 jours de l’imposition de tarifs douaniers de 25% par le président américain Donald Trump sur l’importation de produits canadiens.
«C’est une bonne nouvelle mais, en même temps, l’incertitude reste», a prévenu M. Legault en conférence de presse en fin d’après-midi à Montréal.
«C’est un peu ça qui est achalant avec M. Trump: il y a toujours cette épée qui est au-dessus de nos têtes. Et ça, c’est pas bon en économie.»
«En quelque sorte, on peut dire que Trump a atteint ses objectifs», a-t-il ajouté.
Lors du point de presse, M. Legault était en compagnie de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette. Le ministre des Finances, Eric Girard, s'est absenté en raison d'une bronchite, a dit le premier ministre.
Reste que M. Legault dit qu’il était prêt si les tarifs entraient en vigueur mardi comme prévu. Après avoir rencontré des dirigeants des secteurs de la banque, de l'investissement et de l'énergie au Québec, le premier ministre a convenu de mesures à prendre en guise de riposte dans cette guerre commerciale.
Son gouvernement n’activera pas ces mesures, du moins pas avant la fin de cette sorte de trêve d'un mois. «On attend de voir qu’est-ce qui va se passer avec les tarifs de M. Trump», a indiqué M. Legault.
«On avait préparé des programmes à court terme pour aider les entreprises», a-t-il commenté.
Parallèlement, M. Legault trouve qu’il y a des leçons à tirer de cette situation. Pour le premier ministre, le Québec est «trop dépendant des États-Unis» et «vulnérable» en raison de problèmes de productivité, laquelle est beaucoup plus élevée aux États-Unis qu’au Canada» et ici, avance-t-il.
Il a fait savoir que son gouvernement allait bonifier les programmes de diversification des marchés et de hausse de cette productivité pour les entreprises.
M. Legault a aussi indiqué que Hydro-Québec allait accélérer son programme d'investissements et que le gouvernement allait aussi ouvrir les vannes en matière d'infrastructures.
En outre, il mise également sur la réduction des barrières interprovinciales qui nuisent au commerce intérieur au Canada.
Enfin, il a précisé que les produits américains qui devaient être retirés des tablettes de la SAQ à titre de mesures de rétorsion seront replacées sur les tablettes.
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Avant la conférence de presse, M. Legault avait une journée bien remplie, au cours de laquelle il a rencontré les principaux acteurs de presque toutes les grandes industries du Québec.
Le premier ministre et son équipe rencontraient des dirigeants du Mouvement Desjardins et de la Banque Nationale, ainsi que les PDG d'Investissement Québec et de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
M. Legault et ses ministres rencontraient ensuite le PDG d'Hydro-Québec, Michael Sabia.
Au final, «notre premier plan, c’est toujours de ne pas avoir de tarifs, donc de négocier une entente avec M. Trump», a noté M. Legault en conférence de presse en fin d'après-midi.
M. Legault demeure ouvert à tenir un débat d'urgence à l'Assemblée nationale sur les tarifs, comme l'a suggéré récemment Québec solidaire (QS).
«Je pense que c'est important plus que jamais qu'on soit solidaire et qu'on sorte les meilleures idées. C'est grave l'attaque que propose M. Trump», a mentionné le chef caquiste.
Le leader parlementaire de QS, Guillaume Cliche-Rivard, a envoyé samedi dernier une lettre à la présidente de l'Assemblée nationale du Québec. Face aux enjeux d'une guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis, il est «impératif» d'amorcer un débat d'urgence «afin d’évaluer l’impact de ces mesures et de définir des actions pour protéger l’économie québécoise», a-t-il écrit.
Au sein de la population, plusieurs ont lancé des appels à boycotter certains produits américains et à plutôt encourager l'achat local en réponse aux tarifs du président Trump.
Questionné sur la pertinence de maintenir un mouvement de boycottage au cours du sursis de 30 jours, M. Legault estime que ceci demeure «un choix personnel».
«Mais c'est certain, qu'acheter québécois, on ne se trompe pas. Quand on achète des produits québécois, on encourage les emplois des travailleurs québécois. Donc, on ne se trompe jamais, mais en même temps, c'est un choix qui est personnel», a-t-il soutenu.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a réagi sur les médias sociaux lundi, affirmant que les Montréalais devaient se serrer les coudes et ne pas hésiter à répondre à la menace.
«Dans les prochains jours, nous travaillerons main dans la main avec les gouvernements de plus haut niveau pour répondre avec force et détermination à cette attaque injustifiée contre notre économie», a-t-elle déclaré. «L'amitié entre nos nations a toujours été fondée sur le respect mutuel.»
«Si Washington choisit la confrontation, nous répondrons avec la même détermination.»
Nous sommes en action pour protéger notre économie et soutenir les Montréalais·es. pic.twitter.com/2bzYBarvW5
— Valérie Plante (@Val_Plante) February 3, 2025
Mme Plante a indiqué que son administration était en train de revoir la liste des entreprises américaines figurant sur la liste des fournisseurs de la ville afin de trouver des remplaçants locaux ou internationaux. La ville envisage également d'imposer des droits de douane de 25 % aux fournisseurs américains.
Rappelons que l'administration Trump devait frapper à compter de mardi tous les produits canadiens de droits de douane de 25 %, à l'exception de l'énergie, taxée à 10 %, à titre de représailles contre l'immigration illégale et l'importation de drogues telles que le fentanyl en provenance du Canada.
Mais finalement, le président a décidé de repousser sa menace dans un mois
En riposte, Ottawa devait imposer des droits de douane de 25 % sur 30 milliards $ de produits en provenance des États-Unis.
Avec de l'information d'Étienne Fortin-Gauthier ainsi que la collaboration de Julien Denis pour Noovo Info.