Si vous achetez une propriété, il est primordial de revoir votre couverture d’assurance pour prendre en compte cette nouvelle obligation financière de taille. Il y a toutefois certains pièges à éviter et qui peuvent vous coûter cher.
Le texte qui accompagne cette chronique vidéo a été rédigé par l’équipe du pupitre numérique de Noovo Info.
D’abord, une précision importante s’impose: si vous avez acheté votre propriété avec une mise de fonds représentant moins de 20% de la valeur de celle-ci, vous devrez obtenir une assurance prêt hypothécaire auprès de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Cette assurance obligatoire est différente des produits d’assurance hypothécaires facultatifs que pourrait vous proposer votre institution financière.
Mais à quoi servent ces autres produits d’assurance hypothécaire qu’on tente parfois de vous vendre avec insistance? «Ça vient assurer votre prêt hypothécaire. Dans le cas d’un décès ou d’une invalidité, donc [si vous êtes] incapable de travailler», précise notre collaboratrice Gabrielle Gauthier-Veillette, conseillère en sécurité financière et présidente du cabinet d'assurances de personnes Adultes «Responsables» inc.
Si jamais vous décédez, votre hypothèque sera donc remboursée au complet à votre prêteur hypothécaire. En cas d’arrêt de travail, vos paiements seraient assurés durant votre période d’invalidité.
Mais ces assurances hypothécaires peuvent comporter certains «pièges», prévient Mme Gauthier-Veillette.
C’est le prêt qui est assuré, pas vous
Il est important de garder en tête qu’une assurance hypothécaire qui est proposée par votre prêteur hypothécaire est liée à votre prêt.
«Ça veut dire que ce n’est pas vous qui êtes assuré d'un montant suffisamment élevé pour rembourser votre hypothèque en cas de décès ou en cas d'arrêt de travail», note la conseillère en sécurité financière.
C’est plutôt votre hypothèque qui sera remboursée en cas d’invalidité ou de décès, peu importe le solde restant au moment de la réclamation. Prenons l’exemple d’un prêt hypothécaire initial de 600 000$ pour lequel vous auriez souscrit une assurance hypothécaire. Si, au moment de votre décès, il ne reste qu’un solde de 50 000$, «tout le restant de l’assurance, c’est le prêteur qui va se mettre ça dans les poches, et pas ta famille», illustre Gabrielle Gauthier-Veillette.
Vous paierez plus cher, même quand le prêt diminue
Une hypothèque est généralement remboursée sur une période d’environ 25 ans. Si vous optez pour des termes de cinq ans, soit la période pendant laquelle un contrat hypothécaire reste en vigueur, vous devrez donc renouveler ou refinancer votre hypothèque à la fin de cette durée de prêt.
Un nouveau contrat hypothécaire sera donc créé tous les cinq ans. «Mais là, nouveau contrat, c'est plus l'ancien prêt que vous aviez. Ça vous prend quoi? Une nouvelle assurance», poursuit Mme Gauthier-Veillette. Le montant de votre nouvelle prime sera alors déterminé en fonction de votre âge plus avancé et de votre état de santé, qui pourrait s’être dégradé, faisant augmenter le coût de cette nouvelle assurance, résume l’experte.
Si votre hypothèque est amortie sur une période de 25 ans, vous renouvellerez donc en moyenne quatre fois votre contrat d’assurance. «Chaque fois, tu vas devoir payer de plus en plus cher et pourtant ton hypothèque ne fait que diminuer. Il me semble que ce n’est pas logique», illustre Mme Gauthier-Veillette.
Difficile de savoir combien vous payez
Un autre piège avec ce type d’assurance? Le prêteur ne vous indiquera généralement pas la somme exacte qu’il vous faudra débourser chaque mois. Il vous dira plutôt, par exemple, que si votre prêt hypothécaire était de 4%, il sera dorénavant de 4,5% avec les assurances.
Si 0,5% peut sembler peu, il s’agit pourtant d’une somme importante sur un montant de 600 000$. Si votre prêt hypothécaire de 600 000$ est payé sur 25 ans, vos paiements mensuels seraient de 3 168$ avec un taux d’intérêt de 4%. Ils augmentent toutefois à 3 334$ par mois avec un taux de 4,5% qui inclut les assurances, soit 166$ de plus.
Optez pour une assurance individuelle
Plutôt que d’opter pour un produit d’assurance hypothécaire, il pourrait être judicieux d’opter pour une assurance individuelle représentant le montant dont vous aurez réellement besoin pour rembourser votre hypothèque en cas de décès ou d’arrêt de travail. Il existe une vaste gamme d’assurances permanentes ou temporaires qui offrent des protections en cas de décès, d’invalidité, de maladie grave, voire même de perte d’emploi.
«Comme ça, votre prix restera le même pendant toute la durée de votre contrat. Vous pouvez changer 60 millions de fois de prêteur ou renouveler 400 millions de fois, ça ne changera rien», soutient-elle
Ce n’est pas votre prêt qui est assuré, vous serez assuré d'un montant suffisamment élevé pour rembourser votre prêt.
Si jamais vous venez de prendre connaissance de toutes ces informations, sachez qu’il est toujours possible de résilier les produits d’assurance hypothécaire facultatifs, sans frais ni pénalité.
Toutefois, si la souscription d’une assurance prêt hypothécaire faisait partie des conditions figurant dans votre contrat d’hypothèque, vous devrez fournir la preuve à votre institution financière que vous avez obtenu une nouvelle assurance offrant des protections équivalentes auprès d’un autre assureur.
Dans tous les cas, ça vaut la peine de magasiner! Rien ne vous oblige à acheter l’assurance proposée par l’institution financière qui détient votre hypothèque.

