Prenant la parole mercredi lors de son contre-interrogatoire dans son procès civil pour agressions sexuelles et viols, entre autres, Gilbert Rozon a affirmé que selon lui, les neuf demanderesses «mentent» ou «se sont inventé une vérité».
L’ex-magnat de l’humour a dit à la juge Chantal Tremblay que les femmes se sont «solidarisées» pour l’argent, par vengeance ou encore parce qu’il les a rejetées.
«Mettez huit personnes autour d’une table et la nature humaine fait qu’elles vont renchérir et vont étoffer une histoire», a-t-il affirmé.
Gilbert Rozon a réitéré qu’il avait choisi de se défendre en justice pour lutter contre «une forme de légalisation de l’extorsion».
Devant la juge, le fondateur de Juste pour rire a dit qu’il estimait être un symbole du mouvement #MeToo.
«Patricia Tulasne, elle m’a dragué et je l’ai rejeté pendant 10 ans. Tout ce monde-là a besoin d’argent», a-t-il soutenu.
«C’est une alliance de gens contre un ennemi commun.»
Gilbert Rozon a de nouveau été questionné sur les événements survenus en 1998 dans sa chambre du manoir Rouville, avec une jeune croupière, et qui ont mené à une accusation d’agression sexuelle pour laquelle il a plaidé coupable et bénéficié d’une absolution inconditionnelle.
Rozon a affirmé mercredi qu’il ne s’agissait pas, pour lui, d’une agression «pure et dure» et il a soutenu qu’il avait plaidé coupable de lui avoir frôlé un sein et de l’avoir embrassé sans son consentement.
«Ce n’était pas une agression à cette époque de lui faire des avances, qu’elle refuse et qu’elle parte», a-t-il dit.
Gilbert Rozon a contredit la version de la jeune fille qui à l’époque du procès avait affirmé qu’il l’avait retenue sur le lit.
Rozon a réitéré à la juge Chantal Tremblay qu’il avait plaidé coupable parce que des gens de son entourage lui avaient dit de le faire pour sauver l’entreprise [Juste pour rire].
Rozon a poursuivi son contre-interrogatoire en expliquant que de nos jours, il suffirait de regarder une femme trop longtemps dans un corridor pour être accusé d’agression tout en ironisant sur la notion de consentement.
«J’ai tenté de l’embrasser, j’ai sûrement tenté de l’embrasser. À l’heure actuelle, il faudrait une signature ou filmer la chose», a-t-il souligné.
Interrogé par ses avocats pendant six jours d'audience au palais de justice de Montréal, Gilbert Rozon a nié toutes les accusations d'agressions sexuelles alléguées par les demanderesses.
«Ce n’est jamais arrivé. Je n’ai jamais eu un soupçon d’attirance pour elle», a notamment affirmé lundi Rozon concernant les allégations de Sophie Moreau.
«Je n’ai jamais rien eu à son égard, ni même un baiser, un clin d’œil. Rien du tout. À son grand dam peut-être», a-t-il affirmé quelques jours plus tôt concernant les allégations de Mary Sicari, provoquant d'ailleurs des soupirs dans la salle d’audience.
Un long parcours judiciaire
La poursuite intentée par Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy fait suite à une demande, en 2017, d’autorisation d’action collective contre l’homme d’affaires par un groupe de femmes surnommé Les Courageuses. D’abord accueillie en première instance en 2018, Gilbert Rozon a obtenu que cette demande soit rejetée par la Cour d’appel en 2020.
À lire aussi | Les Courageuses contre Gilbert Rozon: la ligne du temps
Parallèlement, 14 femmes avaient porté plainte à la police, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) n’avait retenu que celle d’Annick Charrette. Gilbert Rozon a été acquitté en 2020 sur la base du doute raisonnable.
Patricia Tulasne, qui agissait comme porte-parole des Courageuses, a été la première à déposer une poursuite civile contre M. Rozon en avril 2021. Les huit autres femmes ont suivi et l’ensemble des poursuites ont été regroupées pour mener au procès.
À voir aussi | «J'ai eu peur de mourir»: Patricia Tulasne témoigne au procès civil contre Gilbert Rozon
Le procès civil de Gilbert Rozon, 70 ans, s'est donc ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.
Outre les demanderesses, la défense a aussi fait entendre d'autres témoins au fil du procès - des témoins de faits similaires - dont des personnalités connues comme Julie Snyder, Salomé Corbo et Pénélope McQuade. L'ex-conjointe du fondateur de Juste pour rire, Véronique Moreau, a aussi pris la parole. Elles ont toutes témoigné d'abus qu'elles auraient subis aux mains de Gilbert Rozon.
À voir aussi | Agression présumée à l'âge de 13 ans: la comédienne Salomé Corbo témoigne au procès de Gilbert Rozon
Les avocats de Gilbert Rozon ont également appelé des témoins au cours des derniers mois, dont ses soeurs Luce et Lucie Rozon et son ex-bras droit Guylaine Lalonde. Elles ont tenu des discours contraires à ceux des présumées victimes qui ont été entendus jusqu’à maintenant. Le tribunal a aussi entendu le journaliste, auteur et producteur Guy Fournier ainsi que l'ancien premier ministre Pierre-Marc Johnson.
Avec des informations de La Presse canadienne.

