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«Je n’ai jamais rien eu à son égard»: Rozon nie toujours les allégations

L'ex-magnat de l'humour est interrogé sur les allégations déposées contre lui par neuf demanderesses.

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«Je n’ai jamais rien eu à son égard»: Rozon nie toujours les allégations «Je n’ai jamais rien eu à son égard»: Rozon nie toujours les allégations

Reprenant la barre des témoins vendredi au palais de justice de Montréal dans le cadre de son procès civil pour agressions sexuelles, Gilbert Rozon a continué son témoignage cette fois en donnant sa version des faits sur les allégations déposées par Mary Sicari.

Mme Sicari affirme que Gilbert Rozon l’a agressée et harcelée sexuellement à d’innombrables reprises entre 1988 et 2004 alors qu’elle travaillait pour Les Films Rozon et Les Productions Rozon.

Interrogé sur ces allégations, Rozon a nié.

«Je n’ai jamais rien eu à son égard, ni même un baiser, un clin d’œil. Rien du tout. À son grand dam peut-être», a-t-il affirmé provoquant des soupirs dans la salle d’audience.

Dans son témoignage, Mary Sicari affirme que Gilbert Rozon frottait régulièrement son corps contre le sien – au travail, au restaurant, dans des événements, etc. – et qu’il glissait sa main ou son bras sur ses fesses, son dos ou encore sur ses seins, «feignant l’accident».

«C’est archifaux. Ce n’est pas croyable. Ça aurait fait le tour du bureau ou de la ville en 5 minutes», s’est-il défendu.

L’avocat de Gilbert Rozon a questionné l’ex-magnat de l’humour sur un événement de juillet 1988, lors d’un gala Juste pour rire, où Mme Sicari affirme qu’il lui a pris la main fermement pour la mettre sur son pénis.«Jamais je n’aurais fait ça», a-t-il répondu.

«J’ai senti qu’elle voulait me séduire»

Gilbert Rozon a poursuivi son témoignage vendredi en donnant des détails sur sa relation avec Martine Roy – l’une des demanderesses et la sœur son ex-femme, Danielle Roy.

Dans son témoignage en janvier dernier, Martine Roy a affirmé que Rozon avait tenté de l’embrassé en juillet 1993 alors qu’ils étaient dans un hôtel de Québec.

Si Rozon confirme avoir pris un verre avec Mme Roy à cette époque, il affirme que cette dernière qui aurait voulu le séduire.

«Ça m'arrivait souvent avec mon métier, avec ce que j’incarnais. J’ai senti qu’elle voulait me séduire. On voulait souvent mettre Gilbert Rozon sur un tableau de chasse», a-t-il affirmé.

Gilbert Rozon affirme ne pas avoir franchi le pas par respect pour sa femme.

«J’ai juste senti qu’elle voulait vraiment se donner. C’était tentant, mais j’ai résisté. C’est ma perception», a-t-il expliqué en ajoutant : «Il y a eu un rapprochement fugace de quelques secondes. Ça s’est arrêté-là.»

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Martine Roy allègue également que Rozon l'aurait violée dans une loge du Musée Juste pour rire à Montréal, cette fois en 1995.

«Il a barré la porte. Il a mis la main sur moi, a baissé mes culottes et m’a pénétré. Ç’a été très rapide et il a quitté», a-t-elle confié au tribunal en janvier dernier, en disant qu'elle aurait crié et répondu «non, ça fait mal».

«Ç’a été inventé de toute pièce. […] Ce n’est jamais arrivé dans un lieu sous haute surveillance comme celui-là, ce n’est jamais arrivé», a pour sa part insisté Rozon.

Gilbert Rozon a affirmé au tribunal que le comportement de Martine Roy à son égard a changé au printemps 2018, notamment lors des funérailles de la mère de cette dernière.

«Martine Roy avait changé d’attitude aux funérailles. Elle était très agressive. Elle était méchante», a-t-il raconté.

Selon Rozon, sa femme de l’époque ne comprenait pas le comportement de sa sœur.

Il a appris les allégations de Mme Roy par les médias à l’automne 2018.

«Ç’a été inventé pour faire un show»

Vendredi après-midi, les avocats de Gilbert Rozon l’ont interrogé sur les allégations dévoilées par l’animatrice et productrice Julie Snyder.

Mme Snyder – qui ne fait pas partie des neuf demanderesses – a témoigné au procès civil de Rozon en décembre dernier. Elle a raconté avoir été agressée sexuellement par Rozon alors qu’elle séjournait à Paris.

«Ç’a été inventé pour la télévision, pour faire un show», a plaidé Gilbert Rozon en précisant qu’il était «inconfortable» en présence de Julie Snyder.

«Jamais je n’ai pensé à avoir une aventure avec elle. Jamais je n’ai pensé lui faire des avances d’aucune manière», a-t-il dit.

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«Jamais je n’ai agressé Mme Snyder. Jamais je ne l’ai même séduite», a-t-il insisté devant les questions de ses avocats.

Selon Gilbert Rozon, les allégations de Julie Snyder ne visaient qu’à nuire à sa réputation à l’approche de son procès pénal. 

Plainte officielle

Vendredi matin, avant le début des audiences, Gilbert Rozon a confirmé qu'il avait porté plainte concernant l'agression qu'il affirme avoir subie jeudi dans les corridors du palais.

Devant les médias, Gilbert Rozon a affirmé «avoir fait son devoir de citoyen». Il s'est désolé du contexte qui règne depuis qu'il fait l'objet d'allégations d'inconduite sexuelle.

«Depuis huit ans, on intimide mes avocats, on a intimidé mes témoins; il y en a la moitié qui sont pas venus avant, pendant et après», a-t-il déploré.

«Et là on en vient à de la violence physique, je comprends pas. On est simplement dans un procès civil.»

La plainte a été déposée au bureau des constables et des enquêtes du palais de justice. Elle pourrait éventuellement mener à des accusations déposées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

Jeudi, le témoignage de Gilbert Rozon a soulevé une vive colère chez l'une des demanderesses, Danie Frenette, qui a traité le fondateur de Juste pour rire d'«estie de menteur» en pleine salle de cour. Rozon venait de nier en bloc les agressions sexuelles dont elle l'accuse.

La tension aurait augmenté pendant la pause alors que le mari de la défenderesse, Stefano Corbo, aurait approché Rozon alors qu'il était dans un corridor du palais de justice pour ensuite l'empoigné à l'oreille puis à la gorge. Rozon affirme que l'homme l'a menacé.

Sur ordre de la juge Chantal Tremblay, Stefano Corbo doit dorénavant suivre les audiences du procès civil de Gilbert Rozon par vidéoconférence.

Le procès civil de Gilbert Rozon, 70 ans, s'est ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.

Les neuf présumées victimes - Lyne CharleboisGuylaine CourcellesPatricia TulasneDanie Frenette, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Sophie Moreau,  Marylena Sicari et Martine Roy - ont d'ailleurs toutes témoigné au cours des derniers mois.