Accusé d'agressions sexuelles par neuf femmes, Gilbert Rozon a repris jeudi son témoignage dans le cadre de son procès civil au palais de justice de Montréal où il a complètement nié avoir agressé sexuellement Danie Frenette lors d'une fête qu'il donnait à sa résidence en juillet 1988.
Le récit de Rozon a fait bondir de colère Mme Frenette qui a crié en pleine cour : «De quoi es-tu fait pour être un menteur de même? Estie de menteur, estie de menteur» puis «Trou de cul».
Gilbert Rozon lui a rétorqué : «Pas de classe.» Le défendeur a ensuite affirmé qu'il avait prêté serment et que les allégations étaient «invraisemblables à leur face même». «Absolument, que je dis la vérité», a-t-il lancé aux journalistes à sortie de la salle d'audience.
La comédienne Danie Frenette allègue avoir été violée par Gilbert Rozon en 1988 en marge d’une fête organisée chez lui avec d’autres employés de Juste pour rire. Elle allègue aussi avoir été agressée sexuellement par Rozon à deux autres reprises entre juillet et septembre 1988, une fois sur l’île Sainte-Hélène et une fois chez elle.
Lors de son témoignage en décembre dernier, Mme Frenette a raconté qu’elle discutait avec des collègues lorsque Rozon lui aurait demandé de le suivre «parce qu’il voulait lui dire quelque chose». Il l’aurait alors entraînée vers un petit boisé un peu plus loin.
«Il lance sa veste par terre et me jette dessus et c’est là qu’il me viole», a-t-elle affirmé devant le tribunal.
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Si Gilbert Rozon a confirmé jeudi lors de son témoignage avoir donné une telle fête, il nie la présence d’un boisé à proximité de sa résidence et il nie catégoriquement avoir agressé la demanderesse.
«Je ne peux pas avoir fait l’amour devant mes invités, je n’ai pas fait l'amour avec mes invités ni avec madame», a-t-il affirmé en répétant qu’il n’avait eu «aucune intimité» avec Danie Frenette.
Rozon réfute également la version de la demanderesse selon laquelle il lui aurait touché les seins alors qu’ils étaient sur un banc à l’île Sainte-Hélène, toujours en 1988. «C’est faux, on n’est pas allés à l’île Sainte-Hélène pour discuter de travail ou pour lui prendre les seins en plein jour», a-t-il raconté.
Concernant la présumée agression sexuelle à la résidence de Mme Frenette, encore une fois, Gilbert Rozon affirme que c’est faux.
«Je n’ai jamais eu d’attirance pour madame Frenette, je ne sais pas où elle habite. […] Je n’ai jamais eu de relation avec madame d’aucune façon», a-t-il réitéré.
Rozon agressé au palais de justice
Au retour de la pause, Gilbert Rozon s’est adressé à la Cour pour lui mentionner que Mme Frenette lui avait hurlé qu’il était «un estie de menteur» et qu'il avait été agressé physiquement par son mari, Stefano Corbo. Rozon a raconté que M. Corbo s'était approché de lui pour lui prendre l'oreille, puis la gorge.
«Il m’a étranglé. Avec ma main, je l’ai empêché de m’étouffer. […] Je suis intimidé physiquement», a-t-il raconté.
L’avocate de Gilbert Rozon, qui a assisté à la scène, a demandé à ce qu’il y ait de la sécurité à l’extérieur de la salle d’audience.
M. Rozon a affirmé plus tard aux journalistes qu'il ignorait à ce moment s'il allait porter plainte ou non contre Stefano Corbo.
Concernant Stefano Corbo, le mari de Danie Frenette, la juge Tremblay s’est entretenue avec lui et a pris la décision de lui demander de quitter la salle d’audience et d’assister au procès par vidéoconférence.
La juge Chantal Tremblay a pris la décision de suspendre le témoignage de Gilbert Rozon.
L'audience devait reprendre en après-midi jeudi, mais au retour des parties après le dîner, l'avocate de Rozon, Me Morin, a fait valoir à la juge que «moi-même j'ai été victime de cette violence que j'estime extrêmement grave dans un palais de justice et je ne sens pas que j'ai la sérénité cet après-midi pour venir représenter les intérêts de mon client et je ne crois pas non plus que M. Rozon a la sérénité également».
La suite a ainsi été reportée à vendredi matin.
Neuf demanderesses et de nombreux témoins
Le procès civil de Gilbert Rozon s'est ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.
Les neuf présumées victimes - Lyne Charlebois, Guylaine Courcelles, Patricia Tulasne, Danie Frenette, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Sophie Moreau, Marylena Sicari et Martine Roy - ont d'ailleurs toutes témoigné au cours des derniers mois.
La défense - représentant les neuf demanderesses - a aussi fait entendre d'autres témoins au fil du procès, dont des personnalités connues comme Julie Snyder, Salomé Corbo et Pénélope McQuade. L'ex-conjointe du fondateur de Juste pour rire, Véronique Moreau, a aussi pris la parole. Elles ont toutes témoigné d'abus qu'elles auraient subis aux mains de Gilbert Rozon.
Les avocats Rozon ont également appelé des témoins au cours des derniers mois, dont ses soeurs Luce et Lucie Rozon et son ex-bras droit Guylaine Lalonde. Elles ont tenu des discours contraires à ceux des présumées victimes qui ont été entendus jusqu’à maintenant. Le tribunal a aussi entendu le journaliste, auteur et producteur Guy Fournier ainsi que l'ancien premier ministre Pierre-Marc Johnson.
Avec des informations de La Presse canadienne.

