Santé

Moins de Québécois ont accès à un médecin de famille en 2025 qu'en 2019

«C'est frustrant.»

Publié

Archives (Envato Elements)

Un nombre croissant de Québécois se retrouvent sans médecin de famille, selon les chiffres récents de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Selon l'organisation, le pourcentage de résidents ayant un médecin de famille est passé de 82% en 2019 à 72% en 2024.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Dominick Mikkelson, qui vit à Montréal, a perdu son médecin de famille il y a deux ans, lorsque celui-ci s'est mis en pratique privée.

«À moins de payer des frais privés, je me retrouve sans médecin de famille», a-t-il dit. «C'est frustrant.»

Une situation «inadmissible»

Le Dr Michael Kalin, médecin de famille à Montréal, a qualifié la situation d'«inadmissible».

«Si 750 000 Montréalais n'ont pas accès à la médecine familiale à l'heure actuelle, il nous faut 480 médecins de famille», a-t-il affirmé. «[En supposant] que chacun de ces nouveaux médecins de famille prendra 1 500 patients.»

L'ISQ évoque plusieurs raisons pour expliquer cette baisse. D'une part, de nombreux médecins prennent leur retraite et les nouveaux médecins choisissent de prendre moins de patients.

À VOIR AUSSI | 16 000 patients supplémentaires pour un CLSC: des médecins dénoncent un projet de loi irréaliste

Selon le Dr Kalin, l'une des principales raisons est que les médecins de famille doivent partager leur temps entre différentes responsabilités, notamment le travail à l'hôpital et dans des établissements de soins de longues durées.

«Les médecins de famille ne passent pas cinq jours par semaine à exercer dans des cabinets communautaires», a-t-il expliqué. «Ils doivent trouver un équilibre, et c'est pourquoi ils ne peuvent pas assumer la charge de travail énorme des grands cabinets.»

Les patients suivis par une équipe de médecins plutôt que par un seul médecin ne sont pas inclus dans le décompte officiel. L'ISQ cite également cette raison pour expliquer la baisse.

Appels à la responsabilisation

Paul Brunet, défenseur des droits des patients, estime que la responsabilisation fait défaut.

«J'en ai assez. Je veux simplement plus de responsabilisation. Si vous ne faites pas votre travail et que vous n'obtenez pas les résultats que nous attendons de tous, il y aura des conséquences», a-t-il prévenu.

Le Dr Michael Kalin estime que le système lui-même empêche tout progrès.

«Nous avons mis en place un système ridicule qui permet au gouvernement de déterminer le nombre de médecins qui peuvent exercer et leurs déplacements, ce qui décourage les jeunes médecins», a-t-il avancé.

L'accès à un médecin de famille pour tous les Québécois était l'une des nombreuses promesses faites par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) lors de son élection en 2018.

Dans une déclaration envoyée à CTV News, le ministère de la Santé du Québec a écrit : «Les chiffres sont clairs : trop de patients québécois ne peuvent toujours pas obtenir de rendez-vous lorsqu'ils en ont besoin. Nous ne pouvons plus continuer avec le modèle actuel. C'est pourquoi nous continuerons à apporter les changements nécessaires pour améliorer l'accès aux soins pour tous les patients, dans le but de garantir que tous les patients québécois soient pris en charge. »

Quant à Dominick Mikkelson, qui est autochtone, il se tourne désormais vers une autre source de soins. Il se rend au Centre de santé autochtone de Tiohtia:ke pour ses besoins en matière de santé et prévoit de devenir un patient officiel de cet établissement. «C'est quelque chose que j'envisage», a-t-il ajouté.

CTV News

CTV News

Journaliste