Santé

La majorité des Canadiens réussissent à voir un spécialiste en moins de trois mois

Mis à jour

Publié

d4edd370bd3754e33a85211beac5e28ed420a180e10352b3011883c5031eb7d5.jpg Une salle de soins du service des urgences de l'hôpital Peter Lougheed, à Calgary, en Alberta, photographiée le mardi 22 août 2023. (LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh)

La majorité des Canadiens ont attendu moins de trois mois avant de voir un médecin spécialiste. Plus précisément, 35 % ont réussi à consulter un spécialiste en moins d'un mois et 30 % ont attendu entre un mois et trois mois, indique la nouvelle enquête de Statistique Canada sur l'accès aux soins de santé et l'expérience de soins. 

Un peu plus du tiers des Canadiens âgés de 18 ans et plus vivant dans les provinces ont rapporté avoir eu une consultation initiale avec un médecin spécialiste au cours des 12 mois ayant précédé l'enquête, ce qui représente plus de 10,8 millions de citoyens. 

Parmi eux, 36 % ont attendu plus de trois mois, dont 5 % dans un délai d'un an à moins de deux ans et 2 % plus de deux ans. 

Le Québec est la province où la proportion des personnes qui ont attendu moins de trois mois pour voir un spécialiste était la plus élevée, à hauteur de 68 %. À l'inverse, Terre-Neuve-et-Labrador se retrouve au dernier rang avec une proportion de 56 % de ses résidants qui arrivent à consulter un spécialiste en moins de trois mois. Les autres provinces ont un taux qui varie entre 60 et 64 %. 

Par ailleurs, une proportion plus élevée de résidants du Québec (42 %) que de résidants de l'Ontario (33 %) ont été en mesure de consulter un spécialiste à l'intérieur d'un délai d'un mois. 

Même si les résultats de l'enquête sont encourageants, il ne faut pas crier victoire, commente le Dr Rafik Ghali, directeur des affaires professionnelles de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). «Les statistiques sont un peu mieux qu'on pense, mais il ne faudrait absolument pas se féliciter de ça. Il faut s'attaquer justement aux patients qui attendent», dit-il en entrevue avec La Presse canadienne. 

À VOIR AUSSI | Des médecins en pleine chirurgie lorsque le tremblement de terre a frappé en Russie

«Ces statistiques illustrent l’engagement des médecins spécialistes du Québec pour améliorer l’accès aux soins. Il y a encore du travail à faire, on ne baisse pas la garde, on travaille pour nos patients et on veut en faire plus. Imaginez les chiffres qu’on aurait si le gouvernement nous en donnait les moyens», renchérit par écrit le Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ. 

Au Québec, selon les plus récentes données du tableau de bord du ministère de la Santé, en date du 28 juin, il y avait près de 914 000 patients en attente d'une consultation auprès d'un médecin spécialiste. De ce nombre, plus de 6000 Québécois sont en attente depuis plus d'un an. 

Dr Ghali, qui est chirurgien vasculaire, fait valoir que la population augmente, mais pas le ratio de médecins spécialistes, ajoutant que le poids de la liste d'attente est multifactoriel. 

«Ce n'est pas juste le manque de médecins spécialistes parce que même si je remplissais un hôpital plein de chirurgiens, je n'ai pas assez de salles d'opération pour ça. On ne peut pas identifier une seule chose qui fait que les listes restent pareilles ou augmentent. Mais statistiquement, on sait que les médecins ont travaillé plus dans la dernière année que l'année avant. Alors, c'est pas parce que les médecins spécialistes travaillent moins, c'est qu'il y a beaucoup plus de travail à faire», plaide-t-il. 

Des effets sur la santé 

L'enquête de Statistique Canada vise à mieux comprendre comment les Canadiens naviguent dans le système de soins de santé et quels sont les obstacles auxquels ils peuvent être confrontés.

Le rapport conclut que «le fait d'avoir de la difficulté à accéder à des soins spécialisés peut entraîner diverses répercussions, comme des retards dans la prévention et le traitement, un risque accru de complications liées à des diagnostics tardifs et un fardeau financier plus important pour le système de santé». 

Environ les deux tiers des Canadiens ont déclaré que leur vie avait été affectée par le temps d'attente. La plupart d'entre eux ont dit avoir ressenti de l'inquiétude, de l'anxiété et du stress. Les citoyens ont aussi rapporté ressentir de la douleur ou avoir des problèmes liés à leurs activités quotidiennes. Près d'une personne sur cinq a aussi dit que son état de santé s'était détérioré. 

Les Canadiens ayant connu des temps d'attente plus courts étaient moins susceptibles d'avoir été touchés par ces effets. 

Au Québec, l'orthopédie est l'une des spécialités où il y a le plus d'attente. «La douleur peut être augmentée, la mobilité peut être diminuée si on attend plus longtemps, cite en exemple le Dr Ghali. Est-ce que ça met en danger la vie de la personne? Non. Et ça, c'est très important. Je pense que toutes les maladies qui pourraient mettre en danger la vie de quelqu'un sont traitées de façon adéquate, rapidement. Mais effectivement, il y a certaines maladies qui peuvent s'empirer en termes de symptômes de douleur, de manquement de travail, etc. Et je veux absolument pas banaliser ça, je pense c'est un vrai problème, il faut l'adresser.»

Les plus vieux plus satisfaits 

Les aînés ont une plus grande satisfaction à l'égard du temps d'attente pour voir un spécialiste. Cela concorde avec le fait que les 65 ans et plus sont plus nombreux à réussir à voir un spécialiste en moins d'un mois comparativement aux plus jeunes. 

Pour les 65 ans et plus, les données montrent que 60 % d'entre eux se sont dits très satisfaits ou satisfaits de l'attente, comparativement à 48 % des personnes âgées de 45 à 64 ans et à 43 % des personnes âgées de 18 à 44 ans.

La proportion de Canadiens qui ont mentionné être très satisfaits ou satisfaits du temps d'attente variait de 61 % au Québec à 44 % en Colombie-Britannique. 

Le rapport pointe également que la satisfaction quant au temps d'attente variait selon le type de problème de santé pour lequel la consultation avec un médecin spécialiste a été demandée. On constate un plus grand taux de personnes ayant consulté pour l'asthme ou un autre problème respiratoire (38 %) que de personnes ayant consulté pour un cancer (18 %) qui ont déclaré être insatisfaites ou très insatisfaites du temps d'attente pour avoir une consultation initiale avec un spécialiste.

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste