Économie

Les parents qui endossent le prêt hypothécaire de leur enfant courent de nombreux risques

Si vous voulez conserver une bonne relation, vous devriez peut-être y penser à deux fois.

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Une pancarte «à vendre» est visible devant une maison à Laval, au Québec, le vendredi 4 juillet 2025. Une pancarte «à vendre» est visible devant une maison à Laval, au Québec, le vendredi 4 juillet 2025. (La Presse canadienne)

Il n'est pas rare que les parents veuillent aider leurs enfants adultes à entrer sur le marché du logement.

Pour certains, cette aide prend la forme de l'endossement du prêt hypothécaire de leur enfant, mais les experts avertissent que cela signifie prendre des risques financiers qu'ils ne comprennent peut-être pas et qui pourraient avoir une incidence sur leur propre endettement et leurs projets de retraite.

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«La chose la plus importante à comprendre à propos des cosignataires est que s'il y a quatre personnes sur le prêt hypothécaire, chacune d'entre elles n'est pas responsable de 25 %, mais de 100 %», rappelle Ron Butler, courtier principal chez Butler Mortgage.

Chez plusieurs grands prêteurs au Canada, il a constaté qu'une seule personne figurant sur le contrat de prêt hypothécaire doit signer pour que le renouvellement prenne effet.

«Il peut y avoir quatre personnes sur l'hypothèque. La banque acceptera la signature d'une seule personne pour procéder au renouvellement, et une fois le renouvellement effectué, l'hypothèque est bloquée pour cinq années supplémentaires», a-t-il indiqué.

Selon M. Butler, une fois que vous avez endossé, il est extrêmement difficile de vous retirer de l'hypothèque.

«Pour être honnête, vous ne devriez probablement jamais être cosignataire. La garantie d'une hypothèque, est très dangereuse.»
-Ron Butler, courtier principal chez Butler Mortgage

M. Butler se souvient d'un incident au cours duquel une mère s'est spectaculairement brouillée avec son fils après avoir endossé son prêt hypothécaire d'un montant total de plus d'un million de dollars, des années auparavant.

«Aujourd'hui, elle veut absolument se débarrasser de l'hypothèque. Elle ne veut plus avoir de liens financiers avec son fils», a-t-il déploré.

Lorsqu'elle a tenté de contacter la banque pour se libérer de l'hypothèque et qu'elle a dit au prêteur qu'elle ne signerait pas de renouvellement, elle a été informée que son fils pouvait renouveler l'hypothèque de son propre chef.

Si l'endossement du prêt hypothécaire d'un enfant n'est plus aussi populaire depuis le ralentissement du marché de l'immobilier, il s'agissait d'une «épidémie» pendant la frénésie immobilière des premières années de la pandémie, lorsque les taux d'intérêt étaient au plus bas.

Leah Zlatkin, courtière hypothécaire agréée et experte du site LowestRates.ca, a fait remarquer que les parents devraient tenir compte de l'impact potentiel de la garantie d'hypothèque s'ils ont plusieurs enfants qui pourraient avoir besoin d'aide pour acheter une maison, ce qui entraînerait des «querelles familiales».

Le fait d'endosser un enfant peut affecter la capacité du parent à aider ses autres enfants de la même manière, car il y a une limite à l'endettement qu'une personne peut assumer.

Au lieu de l'endossement, M. Butler estime qu'un don d'argent ou un héritage anticipé peut s'avérer plus judicieux pour les parents désireux de soutenir les aspirations immobilières de leurs enfants.

«Si vous avez de l'argent et que vous souhaitez donner un héritage anticipé, c'est tout à fait possible», a-t-il mentionné, ajoutant que les parents devraient connaître leur propre capacité à donner.

Selon Mme Zlatkin, les parents peuvent opter pour une ligne de crédit immobilier et faire don de cet argent à leurs enfants ou simplement fournir une somme forfaitaire en espèces.

Quelle que soit l'option choisie, elle précise que de plus en plus de parents optent pour un don plutôt que pour une grantie d'hypothèque, car ils n'ont alors «pas à être responsables de quoi que ce soit».