À première vue, les services bancaires offerts par une coopérative de crédit peuvent ressembler à ceux d’une banque traditionnelle. Mais ce n’est pas le cas.
Les coopératives de crédit sont similaires aux banques commerciales: elles proposent des comptes chèques et d’épargne, des prêts hypothécaires, des prêts aux entreprises, des services bancaires en ligne et des régimes d’épargne enregistrés, le tout à des frais inférieurs, voire nuls, par rapport à ceux des prêteurs traditionnels. Cependant, les coopératives de crédit sont des coopératives et ont donc tendance à être beaucoup plus petites que les grandes banques.
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Les clients doivent acheter une part sociale unique pour commencer, explique Wendy Brookhouse, planificatrice financière agréée et cheffe de la direction de Black Star Wealth.
«Vous avez seulement à entrer et à dire que vous souhaitez devenir membre et payer votre part sociale, explique-t-elle. Et vous y faites maintenant vos opérations bancaires.»
En tant qu’organismes à but non lucratif, les coopératives de crédit sont généralement axées sur la communauté, précise Mme Brookhouse. Cela en fait un choix idéal pour les personnes socialement responsables qui souhaitent que leur argent reste au sein de leur communauté.
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«Leur objectif principal est d’utiliser cet argent pour améliorer les services, réinvestir dans la communauté ou investir dans l’obtention de meilleurs taux, ou pour toute autre raison, pour les clients», ajoute Mme Brookhouse.
Les coopératives de crédit sont également devenues une alternative attrayante aux banques traditionnelles pour de nombreux Canadiens soucieux des coûts, selon Natasha Macmillan, directrice des services bancaires courants chez Ratehub.ca.
«Les gens cherchent à diversifier leurs activités», précise-t-elle.
Mme Macmillan indique que beaucoup souhaitent minimiser leurs frais bancaires, bénéficier de taux d’intérêt plus élevés sur leur épargne et envisager un taux plus bas sur leurs prêts.
«Face à la hausse du coût de la vie et à d’autres facteurs, les gens cherchent vraiment à en avoir pour leur argent.»
Elle constate que de plus en plus de Canadiens cherchent à s’éloigner des grandes banques, qui peuvent exiger un montant minimum stagnant sur un compte chèques pour éviter les frais bancaires, ou qui facturent des frais mensuels pouvant atteindre 30 $. La plupart des coopératives de crédit appliquent des frais nettement inférieurs.
«Les gens sont de plus en plus conscients des options qui s’offrent à eux, et nous entendons donc dire que des gens se tournent vers certaines de ces coopératives de crédit», ajoute-t-elle.
Une réglementation différente
Les coopératives de crédit, généralement régies par les provinces et géographiquement concentrées, sont très populaires au Québec, en Colombie-Britannique et en Alberta, où l’on trouve d’importants acteurs régionaux. Desjardins est de loin le plus important, mais Vancity, Servus et Meridian comptent des centaines de milliers de membres. D’autres, comme celles issues de groupes syndicaux ou de communautés religieuses et culturelles, sont plus petites.
La Loi sur les banques, qui régit les banques commerciales au Canada, s’applique également aux coopératives de crédit sous réglementation fédérale.
Comme les banques, les coopératives de crédit offrent une assurance-dépôts aux consommateurs. Les provinces réglementent la couverture des coopératives de crédit provinciales, tandis que les coopératives de crédit sous réglementation fédérale sont membres de la Société d’assurance-dépôts du Canada. Selon l’Association canadienne des coopératives financières, qui représente les coopératives de crédit et les caisses populaires hors Québec, la couverture d’assurance-dépôts provinciale pour ses membres est égale ou supérieure à celle des grandes banques.
Malgré les économies potentielles et les autres avantages, les experts affirment que certains Canadiens pourraient hésiter à faire affaire avec une coopérative de crédit en raison du manque de commodité.
Mme Macmillan explique que les coopératives de crédit ont souvent un réseau de succursales limité, ce qui peut être gênant. Les membres peuvent également se voir facturer des retraits aux guichets automatiques s’ils n’utilisent pas un guichet automatique du réseau de la coopérative.
Les options de placement offertes par leurs services de gestion de patrimoine sont également limitées par rapport à celles d’une banque à service complet, ajoute-t-elle.
Mme Macmillan souligne qu’il n’est peut-être pas mauvais d’avoir plusieurs comptes bancaires, dont un auprès d’une coopérative de crédit.
«Il ne s’agit pas de se concentrer sur le fait de placer tout son argent dans une seule banque, mais de bien réfléchir à l’objectif et aux raisons pour lesquelles on pourrait vouloir changer», précise-t-elle.
Des critères d'admissibilité
Certaines coopératives de crédit peuvent également exiger de leurs membres qu’ils remplissent des critères d’admissibilité, comme l’appartenance à une communauté religieuse ou ethnique, un travailleur d’un secteur particulier ou un étudiant, pour ouvrir un compte, rappelle Cindy Marques, planificatrice financière agréée.
«Tout le monde ne répond pas aux critères d’admissibilité pour devenir membre d’une coopérative de crédit», écrit-elle, bien que de nombreuses coopératives n'ont pas de critères. Mme Marques ajoute que les banques en ligne ont également rendu le marché plus concurrentiel, offrant de meilleures offres aux clients.
«Je ne pense pas nécessairement qu’une coopérative de crédit soit la meilleure solution pour de nombreux Canadiens à la recherche d’une alternative», soutient Mme Marques.
Selon Mme Brookhouse, le choix de faire affaire avec une coopérative de crédit est une question de préférence personnelle.
Par exemple, elle pourrait recommander à son client d’envisager une coopérative de crédit si elle accorde un prêt hypothécaire jusqu’à 100 %.
Les coopératives de crédit sont également adaptées aux besoins bancaires quotidiens plus simples, comme effectuer des dépôts, payer des factures et épargner. Elles peuvent toutefois s’avérer moins efficaces si un client doit effectuer des transactions à l’étranger, ajoute-t-elle.
Avant de changer de prêteur, Mme Brookhouse rappelle qu’il est important de comprendre à quels réseaux la coopérative de crédit appartient et comment cela affecterait les mouvements de fonds.
«Si je fais un virement Interact à quelqu’un, quel est le coût avec une coopérative de crédit par rapport à une banque? Combien de jours faut-il compter? Ou est-ce instantané?» se demande-t-elle.
«Parfois, il suffit de comprendre, puis de s’adapter, ou est-ce rédhibitoire?» conclut Mme Brookhouse.
Il s'agit d'une version corrigée. Une version précédente indiquait que les coopératives de crédit ne sont pas réglementées par la Loi sur les banques et pouvait laisser entendre que toutes les coopératives de crédit sont régies par les provinces.

