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Vers un retour au bercail des «snowbirds»? Plusieurs Canadiens veulent vendre leurs propriétés aux États-Unis

Et Donald Trump n'est pas étranger à ce sentiment.

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Vers un retour au bercail des «snowbirds»? Plusieurs Canadiens veulent vendre leurs propriétés aux États-Unis QUENI-VENTE MAISON USA

De nombreux «snowbirds» Canadiens pourraient bien choisir décider de cesser leur migration annuelle vers les États-Unis afin de rentrer au bercail, d’après un récent sondage réalisé pour le compte de Royal LePage.

Une proportion de 54% des Canadiens ayant un bien immobilier aux États-Unis envisagent en effet le vendre dans la prochaine année. Le président Donald Trump aurait son rôle à jouer dans ce changement de cap, puisque 62% des répondants de ce groupe ont admis caresser le projet «en raison de l’administration politique actuelle».

«Le climat politique polarisant aux États-Unis incite de nombreux Canadiens à reconsidérer comment et où ils dépensent leur temps et leur argent», relève Phil Soper, président et chef de la direction de Royal LePage.

Le tiers des répondants disent de leur côté vouloir vendre pour des raisons personnelles et financières, tandis que 5% souhaitent quitter en raison des «conditions météorologiques de plus en plus extrêmes, comme les ouragans, les inondations et les feux de forêt».

«Achetez Canadien»

Près du tiers des répondants (32%) qui ont récemment vendu ou qui prévoient de le faire souhaiteraient d’ailleurs réinvestir leurs gains sur le marché immobilier canadien.

«Les Canadiens jouent un rôle majeur dans le paysage de l'investissement étranger sur le marché immobilier américain, en particulier dans les zones récréatives. Un retrait significatif de la propriété aurait un réel impact sur les économies clés de la ceinture du soleil, comme la Floride, l'Arizona et la Californie», souligne Dominic St-Pierre, vice-président exécutif, développement des affaires, Royal LePage.

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L’entreprise rappelle par exemple que lors du premier trimestre de 2025, les Canadiens ont réalisé 6,1 millions de voyages aux États-Unis, une diminution de l’ordre de 10,8% en comparaison avec la même période l’an dernier. Cette diminution a entraîné une baisse de 7,9% des dépenses pendant cette période, totalisant 5,7 milliards de dollars.

Cette tendance pourrait donc ne pas être qu’éphémère.

«Alors que l'incertitude continue de planer sur le paysage politique américain, nous prévoyons que davantage de Canadiens redirigeront leur capital vers l'immobilier national, renforçant la confiance à long terme dans le marché immobilier canadien et créant de nouvelles opportunités de croissance plus près de chez eux», entrevoit M. Soper.

La rédactrice en chef du périodique Le Soleil de la Floride, Sandra Belzile, confirme qu'il y a un changement dans la communauté snowbird.

«Ils ne veulent pas se retrouver dans un monde, où ils ont l'impression que c'est un fasciste qui dirige le pays», a-t-elle lancé lors d'un entretien avec Noovo Info.

Les économies de certaines régions en péril?

L’exode d’autant de Canadiens des États-Unis serait susceptible d’avoir un impact considérable sur l’économie de certaines régions américaines d’après Royal LePage, puisque contrairement à certains acheteurs fortunés d’autres pays, les Canadiens «vivent réellement dans les quartiers qu’ils habitent».

«Ils font leurs courses localement, dînent au restaurant, font du bénévolat et rejoignent des ligues de pickleball. Des États comme la Floride, l'Arizona et la Californie risquent de perdre des millions en activité économique chaque année – et des milliers de voisins – si les propriétaires canadiens retirent leur capital des marchés immobiliers américains.» 
- Phil Soper, président et chef de la direction de Royal LePage

Un sentiment similaire chez les Américains

La volonté des «snowbirds» canadiens de quitter les États-Unis est aussi remarquée chez leurs voisins d’adoption. Royal LePage note que les visites web en provenance des États-Unis ont augmenté sur royallepage.ca lors d’événements politiques américains importants en 2024 et 2025.

«Nous observons une tendance claire et croissante : les moments d'agitation politique aux États-Unis sont directement corrélés à des augmentations d'intérêt de la part des visiteurs américains sur notre site web. Qu'il s'agisse de manifestations, de débats présidentiels ou d'élections, ces pics suggèrent qu'un nombre croissant d'Américains explorent l'immobilier canadien comme une alternative sûre et stable – même si la réalité de l'obtention de la résidence est plus complexe qu'une simple recherche de logement», mentionne M. Soper.

Méthodologie du sondage

Quelque 2500 résidents adultes à travers le Canada ont été sondés par Burson pour le compte de Royal LePage. L'enquête a été réalisée entre le 4 et 9 août 2025. Une pondération par âge, sexe et région a été appliquée pour assurer une représentation au niveau national, conformément aux chiffres du recensement de 2021.

Aucune marge d'erreur ne peut être associée à un échantillon non probabiliste (c'est-à-dire un panel web dans ce cas) ; cependant, à des fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 2 500 répondants aurait une marge d'erreur de ±2 %, 19 fois sur 20, et les résultats provenant de sous-échantillons plus petits doivent être interprétés en sachant que leur marge d'erreur associée augmente.