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Les manifestantes encore bien présentes au procès de Gilbert Rozon

Les manifestantes encore bien présente au procès de Gilbert Rozon

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Les manifestantes encore bien présentes au procès de Gilbert Rozon Les manifestantes encore bien présentes au procès de Gilbert Rozon

Le contre-interrogatoire de Gilbert Rozon — accusé d'agressions sexuelles, entre autres, par neuf demanderesses — a repris lundi au palais de justice de Montréal. Comme ce fût le cas régulièrement depuis le début du procès civil en décembre dernier, des manifestantes étaient présentes devant l'entrée du palais de justice de Montréal, rue Saint-Antoine.

Les manifestantes, aussi présentes derrière le palais de justice, font notamment partie du R des centres de femmes du Québec.

Plusieurs slogans ont été scandés: «Contre le patriarcat, je refuse et je me bats» et «Pas la justice qui nous sauvera, le sexisme on le combat.»

Une participante à la manifestation tenait également une pancarte en main où l'on pouvait lire : «Arrêtons d'être aveugles. Nous vous croyons.»

Lundi matin, l’avocat des demanderesses a fait entendre au tribunal un extrait d’une entrevue offerte par Gilbert Rozon à Josélito Michaud dans le cadre de son émission On prend toujours un train pour la vie.

Dans l’extrait, on peut entendre Rozon dire : «Je me sentais responsable […], j’avais tellement fait de conneries, dans le sens que je dois assumer certaines bêtises, ça affectait ma famille.»

L’avocat a donc demandé à Gilbert Rozon si, oui ou non, la connerie à laquelle il faisait référence était l’agression sexuelle liée aux événements du manoir Rouville en 1998.

Rozon a alors rétorqué que selon lui, il faisait référence au fait d’avoir été infidèle et d’avoir été dans une chambre avec une jeune femme, mais a nié, encore une fois, l’avoir agressé.

«Je n’ai pas commis d’agression sexuelle, je ne suis pas un agresseur, je déteste cette violence, je ne vais pas admettre ce que je n’ai pas fait.»
- Gilbert Rozon lors de son procès civil pour agressions sexuelles au palais de justice de Montréal

L’avocat lui a alors demandé d’élaborer sa conception du consentement.

Gilbert Rozon a expliqué qu'il considérait auparavant qu'un non voulait dire non, mais qu'aujourd'hui, un consentement [dire oui] seul ne suffit plus. Il a précisé qu'au-delà d'un oui, «ça prend un consentement écrit et vidéo».

Gilbert Rozon a amorcé son contre-interrogatoire la semaine dernière après avoir été interrogé par ses avocats pendant six jours pour livrer sa version des faits entourant les allégations portées par les neuf demanderesses.

À ce jour, l'ex-magnat de l'humour a nié toutes les accusations d'agressions sexuelles le visant. Devant la juge Chantal Tremblay, Rozon a affirmé la semaine dernière que selon lui, les neuf demanderesses «mentent» ou «se sont inventées une vérité».

Un long parcours judiciaire

La poursuite intentée par Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy fait suite à une demande, en 2017, d’autorisation d’action collective contre l’homme d’affaires par un groupe de femmes surnommé Les Courageuses. D’abord accueillie en première instance en 2018, Gilbert Rozon a obtenu que cette demande soit rejetée par la Cour d’appel en 2020. 

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Parallèlement, 14 femmes avaient porté plainte à la police, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) n’avait retenu que celle d’Annick Charrette. Gilbert Rozon a été acquitté en 2020 sur la base du doute raisonnable.

Patricia Tulasne, qui agissait comme porte-parole des Courageuses, a été la première à déposer une poursuite civile contre M. Rozon en avril 2021. Les huit autres femmes ont suivi et l’ensemble des poursuites ont été regroupées pour mener au procès.

Le procès civil de Gilbert Rozon, 70 ans, s'est donc ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.

Outre les demanderesses, la défense a aussi fait entendre d'autres témoins au fil du procès - des témoins de faits similaires - dont des personnalités connues comme Julie SnyderSalomé Corbo et Pénélope McQuade. L'ex-conjointe du fondateur de Juste pour rire, Véronique Moreau, a aussi pris la parole. Elles ont toutes témoigné d'abus qu'elles auraient subis aux mains de Gilbert Rozon.

Les avocats de Gilbert Rozon ont également appelé des témoins au cours des derniers mois, dont ses soeurs Luce et Lucie Rozon et son ex-bras droit Guylaine Lalonde. Elles ont tenu des discours contraires à ceux des présumées victimes qui ont été entendus jusqu’à maintenant. Le tribunal a aussi entendu le journaliste, auteur et producteur Guy Fournier ainsi que l'ancien premier ministre Pierre-Marc Johnson.

Avec des informations de La Presse canadienne

Marika Simard

Marika Simard

Journaliste multiplateforme