Société

Plus de financement pour les cégeps, demande la CSQ à l'approche de la rentrée 2025

«Le gouvernement caquiste semble avoir complètement perdu ses repères.»

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Coupures et gels d'embauche: les cégeps «laissés pour compte» pour la rentrée, dénoncent les syndicats QUENI-RENTREE CEGEPS 2025

Pénurie de personnel, établissements en mauvais état, manque de financement pour les services: la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a émis ses craintes lors d'une conférence de presse jeudi à l'approche de la rentrée scolaire et demande au gouvernement de François Legault d'en faire plus.

Selon le président de la CSQ, Éric Gingras, le moral est au plus bas parmi le personnel du réseau collégial en ce début d’année, notamment en raison de l'état des bâtiments, du manque de ressources et des compressions budgétaires en éducation.

«Autant dire que ce gouvernement ne comprend pas à quel point le collégial, que ce soit en formation pré-universitaire, technique ou continue, constitue un maillon essentiel pour préparer le Québec de demain», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse. «Délaisser ainsi le réseau collégial, c'est, à notre avis, manquer de vision stratégique.»

«Après avoir déclaré qu’il fera de l’éducation sa priorité et permettra une stabilité dans son financement, le gouvernement caquiste semble avoir complètement perdu ses repères.»
-les présidences de la CSQ, Éric Gingras, de la Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ), Youri Blanchet, de la Fédération du personnel de soutien de l'enseignement supérieur (FPSES-CSQ), Valérie Fontaine, et de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), Éric Cyr

Les syndicats pressent le gouvernement Legault à se livrer à un «profond examen de conscience» et à revoir «ses orientations» pour le réseau collégial.

«Notre réseau collégial a fait ses preuves dans l’histoire du Québec pour permettre l’accès aux études supérieures pour tout le monde et partout sur le territoire. Il a besoin qu’on en prenne soin et d’investissements majeurs pour pouvoir continuer à remplir sa mission, qui demeure plus actuelle que jamais», ont dit les syndicats dans une déclaration commune par communiqué.

Un an plus tôt, la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, avait défendu la décision de Québec d'imposer des restrictions budgétaires aux établissements du réseau collégial et aux universités en parlant de «saine gestion des fonds publics».

La pression augmente sur le gouvernement caquiste, alors que la CSN a récemment réclamé la démission du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville et de la ministre Déry, en raison de leur mauvaise gestion du dossier d'éducation.

Moins de personnel et plus d'étudiants

Alors que le nombre d'étudiants augmenteront dans les sept prochaines années, les syndicats déplorent que les charges de travail des enseignants augmenteront et se complexifieront. D'ailleurs, nombreux d'entre eux ont déjà quitté les salles de classe en raison des conditions de travail difficiles.

«Les multiples postes vacants ou abolis compliquent et alourdissent la tâche du personnel qui demeure en poste. Cette situation nous fait craindre encore plus d’absentéisme et de départs», a prévenu le président de la FPPC-CSQ, Éric Cyr, soulignant que les décisions du gouvernement risquent de se répercuter directement sur les étudiants. «Ce n’est pas en diminuant les services adaptés, d’aide psychosociale et d’aide à la réussite qu’on va améliorer la persévérance scolaire des jeunes au Québec.»

Le président de la FEC-CSQ, Youri Blanchet, s’inquiète du fait qu’il faudra en faire plus avec moins de ressources. «Il faut donc s’attendre à des groupes plus nombreux pour chaque enseignante et enseignant. En même temps, ils ne pourront pas bénéficier du même soutien à la réussite », a-t-il expliqué. «Il y a des limites à ce qu’on peut exiger du personnel sans mettre en péril son bien-être au travail et la qualité des services directs aux étudiants.»

«Présentement, les cégeps reçoivent plus d’étudiants que l’an passé, avec moins de personnel et de moyens pour les soutenir.»
-Éric Cyr, président de la FPPC-CSQ

M. Blanchet a également souligné aussi les conséquences possibles sur l’accès aux cégeps, la multiplication des cours à distance au détriment des cours en présentiel, ainsi que la nécessité de financer adéquatement les établissements et le corps enseignant face à l’essor de l’intelligence artificielle.

La présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, a expliqué que le personnel de soutien s’inquiète aussi, puisque plusieurs postes sont vacants ou ont été supprimés, alors que leur rôle est essentiel au fonctionnement des collèges. «Le personnel de soutien se trouvait déjà en nombre insuffisant pour rencontrer les besoins et, cette année, la situation s’annonce encore pire», a-t-elle prévenu lors de la conférence de presse.

Des bâtiments à rénover

Quant à l'état des infrastructures du réseau collégial, les syndicats sonnent l'alarme et veulent plus d'actions de la part du gouvernement. Rappelons que la vérificatrice générale avait conclu dans son dernier rapport que les deux tiers des cégeps québécois sont en mauvais état.

«Plusieurs bâtiments sont vétustes et auraient besoin de travaux majeurs de rénovation. Il en va de même de salles de cours [...]», a renchéri la présidente de la FPSES-CSQ, Valérie Fontaine, en conférence de presse. «La situation continue de se dégrader de plus belle malgré le cri d’alarme lancé par la vérificatrice générale.»

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Dans son rapport annuel déposé en 2024, Guylaine Leclerc avait prévenu que les moyens prévus pour «renverser leur dégradation importante» sont insuffisants. Ainsi, 608,6 millions $ sont prévus en maintien d'actifs d'ici 2027-2028, alors que 1,7 milliard $ seraient nécessaires, selon elle. 

«Plus l'état des bâtiments se dégrade, plus le risque d'un bris entraînant une baisse de performance ou un arrêt de services augmente», prévenait-elle dans son rapport.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, avait d'ailleurs déjà reconnu «certaines lacunes» dans ce dossier. Elle avait affirmé que son ministère se retrouvait en ce moment «dans un goulot d'étranglement» alors que les projets visant la rénovation, la bonification ou le maintien des actifs dans les cégeps et les universités sont nombreux «et arrivent tous en même temps».