Société

STM: deux autres jours de grève des chauffeurs; PQ et QS pas prêts à devancer la loi

«La façon de régler, c'est de négocier, pas de mettre le feu comme ça, puis de pelleter par en avant les problèmes», a critiqué Ruba Ghazal.

Mis à jour

Publié

STM: deux autres jours de grève des chauffeurs; PQ et QS pas prêts à devancer la loi STM: deux autres jours de grève des chauffeurs; PQ et QS pas prêts à devancer la loi

Alors que le syndicat des chauffeurs d'autobus de la Société de transport de Montréal annonce deux autres journées de grève, les 15 et 16 novembre, l'invitation du ministre du Travail Jean Boulet à devancer l'application de sa loi pour mettre fin aux conflits n'a pas trouvé écho auprès du PQ et de QS.

Mercredi et encore jeudi matin, le ministre du Travail a tendu la main aux partis d'opposition pour devancer l'entrée en vigueur de sa nouvelle loi, qui lui permettra de mettre fin aux conflits qui causent un «préjudice grave» à la population et d'imposer l'arbitrage de différend. Celle-ci doit normalement entrer en vigueur le 30 novembre.

Mais, pour ainsi devancer l'application de sa loi, le ministre aurait besoin de l'appui des partis d'opposition, a-t-il lui-même fait savoir. Or, tant le Parti québécois que Québec solidaire avaient voté contre son projet de loi, lors de son adoption, en mai dernier.

«La façon de régler, c'est de négocier, pas de mettre le feu comme ça, puis de pelleter par en avant les problèmes», a critiqué Ruba Ghazal, de QS.

Elle a trouvé ironique que le gouvernement caquiste «tout d'un coup, découvre que le transport en commun est important», lui qui, selon elle, sous-finance le transport en commun au profit des routes ou du troisième lien à Québec.

À VOIR AUSSI | «Sans le métro il n'y a personne»: la grève de la STM affecte la scène culturelle et les restaurateurs

Du côté du Parti québécois, Joël Arseneau a rappelé que son parti avait voté contre le projet de loi, lors de son adoption, le printemps dernier.

«Dans la loi, le ministre s'arroge le pouvoir de mettre fin par décret à la grève. Alors, est-ce qu'aujourd'hui, on est prêt à devancer l'application de la loi où le ministre se donne ce pouvoir-là? La réponse, bien entendu, c'est non», a-t-il conclu.

Tout comme la députée Ghazal, il croit qu'«il faut privilégier la négociation», même si c'est laborieux dans le cas des deux grèves à la STM, soit celle des employés d'entretien, puis des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro.

Autre grève

Entre-temps, la section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, qui représente les chauffeurs d'autobus, a joint le geste à la parole, en transmettant l'avis de grève pour deux journées supplémentaires, les 15 et 16 novembre.

Ce syndicat avait déjà débrayé durant une journée, le 1er novembre. Il s'agissait alors de sa première grève depuis 38 ans.

Lors de cette journée de grève, qui était un samedi, il n'y avait eu aucun service de métro et d'autobus. Le Tribunal administratif du travail avait donné son aval à cet effet.

On ignore quelle situation prévaudra pour les journées du 15 et du 16. Le Tribunal devra de nouveau se prononcer quant aux services essentiels à maintenir, et s'il doit même y en avoir.

Avant de se rendre au tribunal, les parties patronale et syndicale tentent toujours de s'entendre entre elles sur les services essentiels à maintenir. Or, la STM a indiqué, jeudi, qu'il n'y avait pas eu d'entente avec le syndicat des chauffeurs quant aux services essentiels à maintenir pour les 15 et 16, contrairement à ce qui avait prévalu pour la journée du 1er novembre.

Dans ce contexte, la société de transport lance un message à toutes les organisations qui seront touchées par cette éventuelle grève, les invitant à faire valoir leur point de vue auprès du Tribunal administratif du travail. Elle rappelle toutefois que celui-ci doit fonder ses décisions sur le critère du danger pour la santé et la sécurité publique.

«La STM lance un appel à toutes les organisations, les invitant à déposer un acte d’intervention auprès du TAT, si elles désirent faire valoir qu’un certain niveau de service doit être assuré et faire entendre les impacts vécus lors de la grève du 1er novembre dernier», a-t-elle fait savoir.

Comme les négociations se poursuivent entre les parties, avec l'aide d'un médiateur, cette éventuelle grève des 4500 chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro reste toujours théorique.

Mais elle s'ajouterait à celle des 2400 employés d'entretien, qui a cours depuis le 31 octobre et qui doit prendre fin le 28 novembre — avec des services essentiels aux heures de pointe.

Le syndicat des chauffeurs  n'a visiblement pas apprécié la sortie du ministre du Travail sur le devancement possible de l'application de sa loi.

«En menaçant de devancer l’entrée en vigueur de sa  loi, le ministre Boulet nuit à l’obtention d’un règlement rapide et négocié entre les parties. Ce qu’il envoie comme message à la STM, c’est d’attendre, et qu’il va régler le dossier à sa place, en nous imposant un  contrat de travail. Pendant ce temps, le conflit perdure et les services sont affectés. C’est un manque total  de vision», a critiqué le président du syndicat des chauffeurs, Frédéric Therrien.

Les négociations se poursuivent entre les parties, avec l'aide de médiateurs, malgré ce climat.

 «La STM fera, encore une fois, tout pour éviter cette grève, grâce à un blitz de négociations où les parties se rencontrent tous les jours, incluant la fin de semaine», a fait savoir la société de transport.

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste