Les syndicats de la fonction publique fédérale canadienne ont promis mercredi de lutter contre les compressions d'emplois prévues dans le budget, arguant qu'elles nuiront aux services offerts à la population.
Le budget fédéral présenté mardi prévoit de réduire les dépenses des programmes et les coûts administratifs d'environ 60 milliards $ au cours des cinq prochaines années.
Le gouvernement entend également réduire de 10 % le nombre d'employés fédéraux d'ici 2029, ce qui représente une perte d'environ 40 000 emplois par rapport au sommet de 368 000 atteint dans la fonction publique il y a deux ans. Environ 10 000 emplois ont déjà été supprimés au cours de la dernière année.
Le plan prévoit aussi la suppression de 1000 postes de direction au cours des deux prochaines années, ainsi qu'une réduction de 20 % sur trois ans des dépenses en services de gestion et de consultation.
Les libéraux ont affirmé que la réduction de la masse salariale par attrition demeure un objectif, mais le budget indique clairement que certains postes seront supprimés.
Lors d'une conférence de presse tenue mercredi, la présidente nationale de l’Alliance de la fonction publique du Canada, Sharon DeSousa, a déclaré que le syndicat s'adresserait à tous les députés et au président du Conseil du trésor afin de souligner l'impact des compressions.
«Soyez assurés que nous lutterons contre ces compressions et protégerons les droits constitutionnels des travailleurs et travailleuses de tout le pays. Le gouvernement de Mark Carney privilégie les coupes budgétaires aux soins, les profits aux citoyens, et c’est tout le Canada qui en subira les conséquences», a déploré Mme DeSousa.
Larry Rousseau, vice-président exécutif du Congrès du travail du Canada, a déclaré lors de la conférence de presse que le mouvement syndical combattrait toute atteinte aux services publics et aux droits des travailleurs.
«Ce budget est clairement un plan d’austérité. Les syndicats canadiens refusent que les travailleurs en paient le prix», a-t-il affirmé.
«Le gouvernement veut supprimer des dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique. Cela se traduira par des délais d’attente plus longs pour l’assurance-emploi et l’obtention des passeports, une réduction des inspections de sécurité et d’hygiène alimentaire, ainsi que des retards pour les aînés et les familles», a-t-il ajouté.
Le gouvernement cherche à accroître les départs par attrition en proposant un programme volontaire permettant aux travailleurs de prendre leur retraite jusqu'à cinq ans plus tôt sans pénalité sur leur pension.
Cette option de retraite anticipée est offerte aux personnes âgées de 50 ou 55 ans et plus, selon leur date d'entrée en fonction. Pour y être admissible, il faut avoir cumulé au moins dix ans d'ancienneté et au moins deux ans de service ouvrant droit à pension.
Le programme devrait commencer en janvier. Le coût de son administration est estimé à 15 millions $ sur deux ans.
Le budget prévoit la suppression de 16 000 postes à temps plein au sein du gouvernement à la suite de son examen des dépenses.
Mohammad Kamal, directeur des communications du bureau du président du Conseil du trésor, a indiqué que ces 16 000 emplois seront principalement supprimés par des compressions budgétaires. Il a ajouté que le gouvernement supprimera 14 000 autres emplois, sans préciser si ces pertes se feront par des départs à la retraite, des compressions ou des départs naturels.
«Il est trop tôt pour dire ce qui va se passer. Certains souhaitent prendre une retraite anticipée, d'autres veulent rester dans la fonction publique», a affirmé M. Kamal, précisant que le plan ne vise pas à effectuer des coupes budgétaires, mais plutôt à «rendre le gouvernement plus efficace» et à réorienter les dépenses.
Nathan Prier, président de l'Association canadienne des employés professionnels, a déclaré lors de la conférence de presse que les fonctionnaires en ont assez d'être des «boucs émissaires» et que le budget «omet des détails essentiels».
«Nous savons qu'ils veulent supprimer 40 000 emplois dans la fonction publique et amputer de près de 60 milliards de dollars les programmes destinés aux Canadiens. Mais qu'est-ce que cela signifie concrètement? Quels programmes et services vont-ils sacrifier pour y parvenir? Qui va s'atteler à la tâche et tenir les engagements importants qu'ils viennent de prendre envers les Canadiens?», a-t-il demandé.
Le budget ne mentionne pas quels ministères ou programmes seront touchés par des suppressions de postes.
Revenir aux niveaux prépandémiques
S’adressant aux journalistes mercredi, le député libéral Greg Fergus a reconnu que l’approche du budget en matière de fonction publique était «difficile», mais il a dit qu’elle était tout de même «bien meilleure» que les coupes effectuées par l’ancien premier ministre Stephen Harper.
M. Fergus représente la circonscription de Hull—Aylmer, dans la région de la capitale nationale, où vivaient 153 979 fonctionnaires en mars 2025.
«C’est une question que nous examinons tous et nous veillons à ce que cela se fasse de manière civilisée», a-t-il assuré.
M. Fergus a indiqué qu’il fait souvent du porte-à-porte dans sa circonscription et qu’il sait que les électeurs sont préoccupés par les compressions budgétaires.
«Si nous voulons entreprendre de grands projets, nous devons nous assurer d’avoir les moyens et les outils nécessaires, ce qui exige certains ajustements, a-t-il souligné. Nous allons revenir à la taille que la fonction publique avait avant la pandémie.»
Le site Web du gouvernement du Canada indique que la fonction publique fédérale employait 287 983 personnes en 2019.
Le budget prévoit que la fonction publique fédérale comptera environ 330 000 employés d’ici la fin de 2028-2029. Le plus haut fonctionnaire du Canada a averti que l'objectif de réduction des dépenses fixé dans le budget est un «nombre important» qui entraînera des coupes dans les programmes et des suppressions d'emplois au sein de la fonction publique.
Dans un message transmis aux employés fédéraux après le dépôt du budget, le greffier du Conseil privé, Michael Sabia, a fait savoir que le plan mènera à des réductions dans certains programmes et à l'annulation d'autres programmes.
M. Sabia a ajouté qu'il est inévitable que la réduction des dépenses entraîne une diminution de la taille de la fonction publique.

