Air Canada commencera à annuler certains de ses vols dès jeudi, alors que ses quelque 10 000 agents de bord ont l'intention de déclencher une grève samedi.
La Composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a formellement transmis à l'employeur son préavis de grève de 72 heures tôt mercredi.
«Cette décision n'a pas été prise à la légère, mais elle est nécessaire. Nous sommes prêts, forts et nous ne reculerons pas», a tranché le syndicat dans un communiqué.
La grève commencera donc à 0 h 58 samedi si les parties ne s'entendent pas d'ici là. Air Canada a répliqué en transmettant au syndicat un avis de lock-out, qui commencerait à 1 h 30 samedi.
Toutefois, les impacts sur les voyageurs se feront sentir avant le début de la grève, car Air Canada va commencer l'arrêt progressif de la plupart de ses activités jeudi.
«Les premiers vols seront annulés le 14 août, d'autres le 15 août, et il y aura une cessation complète des vols d'Air Canada et d'Air Canada Rouge le 16 août», a fait savoir la compagnie aérienne mercredi matin.
Air Canada explique qu'un arrêt de travail soudain ou non géré entraîne des perturbations «beaucoup plus importantes qu'une suspension planifiée des vols».
«Une réduction progressive des activités permet à Air Canada d'informer ses clients à l'avance, de réduire le risque qu'ils restent bloqués et de leur donner un portrait plus clair de la situation», a souligné le transporteur.
Les clients dont les vols sont annulés auront droit à un remboursement.
Certains passagers pourraient se voir offrir une place sur un vol d'une autre compagnie, mais ce ne sera pas possible pour tout le monde, «étant donné que les autres transporteurs sont déjà très occupés en raison de la période de pointe estivale», a prévenu Air Canada.
Air Canada et Air Canada Rouge transportent environ 130 000 clients par jour, selon l'entreprise. Les vols d'Air Canada Express exploités par Jazz et PAL Airlines continueront d'être assurés normalement.
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Salaires et travail non rémunéré
Le syndicat soutient que certains progrès ont été réalisés depuis le début des négociations, mais il accuse Air Canada de refuser de s'attaquer aux «enjeux fondamentaux».
«Au cours des neuf derniers mois, nous avons présenté des propositions solides et fondées sur des données concernant les salaires et le travail non rémunéré, toutes fondées sur l’équité et les normes de l’industrie», a plaidé le président de la Composante Air Canada du SCFP, Wesley Lesosky, dans un communiqué.
«La réponse d’Air Canada à nos propositions montre clairement une chose: la compagnie n’est pas intéressée à résoudre ces enjeux cruciaux», à son avis.
La dernière offre d'Air Canada comprenait une augmentation salariale totale de 38 % sur quatre ans, ainsi que des dispositions concernant «la rémunération pour le service au sol et d'autres améliorations en matière d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de carrière et de retraite».
Le syndicat juge cependant que l'augmentation salariale de 8 % lors de la première année «ne permettrait même pas de compenser les 9 % de perte de pouvoir d’achat subie par les agents de bord au cours de leur précédent contrat de travail».
Recours à l'arbitrage?
Jugeant que les négociations étaient dans l'impasse, Air Canada a demandé d'entamer un processus d'arbitrage exécutoire. Le syndicat a refusé, affirmant qu'il préférait négocier un accord sur lequel ses membres pourraient ensuite voter.
Du point de vue du syndicat, Air Canada «mise clairement sur le fait que le gouvernement fédéral viendra à son secours en préemptant le droit des agents de bord, protégés par la Charte, de mener des actions syndicales».
Pour sa part, le président et chef de la direction d'Air Canada, Michael Rousseau, a réitéré sa demande concernant l'imposition d'un arbitrage exécutoire.
«Bien que nous restions disposés à négocier avec le SCFP, nous avons demandé l'arbitrage imposé par le gouvernement, car nous considérons maintenant qu'il s'agit de la seule voie certaine pour clore les négociations et atténuer les effets sur les voyageurs, les entreprises et l'économie canadienne», a-t-il soutenu.
Mardi, la ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, avait mentionné qu'elle surveillait la situation de près et qu'elle encourageait les deux parties à rester à la table des négociations.
Confirmant que des médiateurs fédéraux restaient disponibles, elle a noté que les meilleurs accords «sont ceux que les parties concluent elles-mêmes».
«Les Canadiens s'attendent à ce qu'elles parviennent à un accord d'une manière ou d'une autre», a-t-elle martelé.
Une menace de grève avait aussi plané sur Air Canada à l'automne 2024, mais l'entreprise et ses pilotes avaient conclu une entente de principe tout juste avant l'échéancier fixé par les deux parties.
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