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Le syndicat des agents de bord d'Air Canada rejette l'offre d'arbitrage

L'employeur, lui, parle d'une «impasse».

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Les agents de bord d'Air Canada organisent une manifestation silencieuse à l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal, le lundi 11 août 2025. Les agents de bord d'Air Canada organisent une manifestation silencieuse à l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal, le lundi 11 août 2025. (Christinne Muschi | La Presse canadienne)

Le syndicat représentant environ 10 000 agents de bord d'Air Canada a rejeté la proposition de la compagnie aérienne d'entamer un processus d'arbitrage exécutoire. Air Canada estime maintenant que les pourparlers sont dans une «impasse». 

Les agents de bord pourraient exercer la grève ou être mis en lock-out au plus tôt samedi à 00 h 01 (HAE). Comme cela nécessiterait un préavis de 72 heures de chaque côté, cela signifie qu'Air Canada ou le syndicat pourrait annoncer un arrêt de travail à tout moment après 00 h 01 (HAE) mercredi.

La section Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a partagé mardi en ligne une lettre dans laquelle l'entreprise proposait de recourir à l'arbitrage pour obtenir une nouvelle convention collective, ce qui suspendrait le droit de grève ou de lock-out dans l'intervalle.

Datée de lundi, la lettre indique que l'arbitrage «permettrait aux agents de bord, au SCFP, à Air Canada et à Air Canada Rouge d'aller de l'avant sans plus de retard ni d'incertitude, deux éléments qui pèsent sur nous tous».

Le SCFP qualifie toutefois cette lettre de «proposition de l'entreprise visant à préserver un système d'exploitation et à priver (les membres) de (leur) voix».

Le syndicat exhorte Air Canada à poursuivre les négociations et a indiqué à ses membres qu'il reste «à la table des négociations, prêt à négocier l'accord équitable que vous méritez».

Après le rejet du recours à l'arbitrage exécutoire, Air Canada a annoncé dans un communiqué que les négociations étaient dans une «impasse».

«Air Canada examine maintenant toutes les options restantes, y compris une demande d'arbitrage imposé par le gouvernement, afin de prévenir une interruption des activités ou du moins d'éliminer cette incertitude intolérable pour nos clients», a déclaré Arielle Meloul-Wechsler, vice-présidente générale et chef des ressources humaines et des affaires publiques d'Air Canada.

Air Canada reste disposée à négocier avec le syndicat, mais le temps presse, a ajouté Mme Meloul-Wechsler.

D'autres transporteurs «déjà très occupés»

Dans un communiqué publié mardi après-midi, Air Canada a indiqué qu'elle informerait les clients dont les vols seraient potentiellement annulés et qu'ils seraient admissibles à un remboursement complet, disponible sur son site web ou son application mobile.

La compagnie aérienne a indiqué avoir pris des dispositions avec d'autres transporteurs canadiens et étrangers, ainsi qu'avec VIA Rail, afin d'offrir à ses clients d'autres options de voyage «dans la mesure du possible».

«Les clients seront avisés des autres options de voyage qui leur sont offertes, a-t-elle précisé. Cependant, étant donné que les autres transporteurs sont déjà très occupés en raison de la période de pointe estivale, l'obtention d'une telle capacité prendra du temps et, dans de nombreux cas, ne sera pas immédiatement possible.»

Air Canada a déclaré qu'elle «déconseille fortement» aux clients de se rendre à l'aéroport en cas de perturbation, à moins que les clients n'aient une réservation confirmée et que leurs vols soient indiqués comme étant en service.

«Air Canada veut qu’un arbitre fasse le sale boulot»

Le syndicat a déclaré que les arbitres «se basent sur les précédents et le statu quo pour rendre leurs décisions», ce qui va à l'encontre de ses objectifs lors des négociations.

«Tout le monde sait que les meilleures ententes se concluent à la table des négociations, et non pas en étant imposées par une tierce partie», a déclaré le syndicat dans son message aux membres.

Il a rappelé que, contrairement à un accord de principe conclu par voie de négociation, les membres n'auraient pas la possibilité de voter sur la décision de l'arbitre, qui serait définitive.

«Les agent(e)s de bord d'Air Canada veulent rompre avec le statu quo et mettre fin à l’abus tant répandu du travail non rémunéré dans le secteur du transport aérien, a-t-il déclaré. Air Canada veut qu’un arbitre fasse le sale boulot pour elle et maintienne le statu quo.»

Le syndicat a affirmé que ses principaux points de friction concernaient ce qu'il appelle les «salaires de misère» des agents de bord et le travail non rémunéré lorsque les avions ne sont pas en vol.

Le syndicat a annoncé mardi à ses membres avoir présenté une proposition visant à obtenir des augmentations alignées sur le coût de la vie, avec un rattrapage «jusqu'à ce que nous soyons arrivés à la situation prévue pour 2025». Il réclame également une rémunération de 100 % pour toutes les heures travaillées, précisant qu'Air Canada a jusqu'à présent proposé de «ne reconnaître qu'une partie de vos contributions essentielles à la sécurité, et seulement à 50 % du taux horaire».

Le syndicat a envoyé mardi une lettre de réponse officielle rejetant la proposition d'Air Canada. Il a exhorté Air Canada à poursuivre les négociations.

«Nos membres nous ont clairement accordé un mandat de grève fort, témoignant de leur détermination à obtenir une convention collective qui aborde les questions clés, notamment les salaires, le travail non rémunéré, les indemnités journalières, les régimes de retraite, les règles de travail et les dispositions relatives aux repos, dont plusieurs sont encore en suspens», a déclaré Wesley Lesosky, président de la section Air Canada du SCFP, dans sa lettre.

«Nous demeurons déterminés à utiliser tous les outils disponibles dans le cadre du processus de négociation pour parvenir à une entente négociée qui réponde aux besoins de nos membres.»

Air Canada a annoncé lundi que sa dernière offre comprenait une augmentation salariale totale de 38 % sur quatre ans. Elle a également précisé que cette proposition abordait les questions des salaires au sol, de l'amélioration des régimes de retraite et des avantages sociaux, de l'augmentation des périodes de repos de l'équipage et d'autres améliorations à la conciliation travail-vie personnelle.

La compagnie aérienne a soutenu que cette offre ferait de ses agents de bord les mieux rémunérés au Canada. Cependant, elle a fait valoir que le syndicat avait soumis une contre-offre «demandant des augmentations salariales exorbitantes, supérieures à celles proposées précédemment».

«Air Canada négocie avec le SCFP depuis huit mois et, bien que nous ayons réglé de nombreux points, dont aucun n'a exigé de concessions, nous restons très éloignés sur des questions clés», a déclaré Mme Meloul-Wechsler.

«Nous sommes déçus que notre proposition de régler équitablement les points en suspens par voie d'arbitrage ait été rejetée par le syndicat, qui insiste plutôt sur des augmentations de salaire exorbitantes. Les pourparlers sont maintenant dans une impasse, le syndicat étant en mesure d'émettre un avis de grève à minuit ce soir, ce qui crée une incertitude énorme pour des centaines de milliers de voyageurs et pour des entreprises qui expédient des marchandises essentielles et prioritaires.»

Entreprises mentionnées dans cet article: (TSX : AC)

Sammy Hudes

Sammy Hudes

Journaliste