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Evan Solomon affirme que le Canada s'éloignera de la «surindexation des avertissements et de la réglementation» afin de s'assurer que l'économie bénéficie de l'IA.
Le nouveau ministre canadien de l'Intelligence artificielle (IA) a annoncé mardi qu'il mettrait moins l'accent sur la réglementation de l'IA et davantage sur la recherche de moyens d'exploiter les avantages économiques de cette technologie.
Dans son premier discours depuis sa nomination au poste de tout premier ministre canadien de l'IA, Evan Solomon a déclaré que le Canada s'éloignerait de la «surindexation» en matière d'avertissements et de réglementation afin de garantir que l'économie bénéficie de l'IA.
Lors d'un événement organisé mardi matin à Ottawa par le groupe de réflexion Canada 2020, il a déclaré que son action réglementaire se concentrerait sur la protection des données et la confidentialité.
La réglementation ne consiste pas à trouver «une selle pour le cheval cabré qu'est l'innovation en IA», a expliqué le ministre. «C'est difficile. Mais il s'agit de s'assurer que le cheval ne donne pas de coups de pied au visage. Et nous devons protéger les données et la vie privée des gens.»
Le gouvernement précédent a présenté un projet de loi sur la protection de la vie privée et la réglementation de l'IA qui ciblait les systèmes d'IA à fort impact. Ce projet de loi n'a pas été adopté avant le déclenchement des élections.
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Ce projet de loi «n'a pas disparu, mais nous devons le réexaminer dans le nouveau contexte où nous allons évoluer», a précisé M. Solomon.
Il a affirmé que les contraintes imposées à l'IA n'ont pas fonctionné à l'échelle internationale.
«C'est vraiment difficile. Il y a beaucoup de fuites, a-t-il dit. Les États-Unis et la Chine ne souhaitent accepter aucune contrainte ni réglementation.»
Cela ne signifie pas que la réglementation n'existera pas, a-t-il ajouté, mais elle devra être mise en place par étapes.
Le Canada ne fera pas cavalier seul, a assuré le ministre, car c'est une «perte de temps».
Les commentaires d'Evan Solomon font suite à une réorientation mondiale des gouvernements, qui se concentrent désormais sur l'adoption de l'IA et s'éloignent de la sécurité et de la gouvernance de cette technologie.
Le premier sommet mondial consacré à la sécurité de l'IA s'est tenu en 2023, alors que les experts mettaient en garde contre les dangers de cette technologie, notamment le risque qu'elle représente une menace existentielle pour l'humanité. Lors d'une réunion mondiale en Corée du Sud l'année dernière, les pays ont convenu de lancer un réseau d'instituts de sécurité financés par l'État.
Mais l'ambiance avait changé au début du Sommet pour l'action sur l'IA de cette année à Paris. L'objectif était plus large et le vice-président américain, J.D. Vance, a profité de son discours pour contrer les efforts européens visant à réglementer l'IA.
Le «grand, magnifique» projet de loi américain proposé par le président Donald Trump pourrait interdire aux États de réglementer l'IA pendant une décennie.
Mardi, le ministre Solomon a rappelé à l'auditoire qu'une réglementation adéquate de l'IA était essentielle à la «destinée économique» du Canada.
Selon lui, cela comprend des investissements gouvernementaux dans les centres de données et la recherche, la protection de la propriété intellectuelle canadienne «et, surtout, l'accélération de notre commercialisation».
Le ministre a présenté plusieurs priorités pour son ministère: développer l'industrie canadienne de l'IA, favoriser l'adoption et garantir la confiance et la souveraineté des Canadiens dans cette technologie.
Il a ajouté que cela comprend le soutien aux entreprises canadiennes d'IA comme Cohere, ce qui «implique essentiellement d'utiliser le gouvernement comme une politique industrielle pour soutenir nos champions».
Si les grandes entreprises sont à l'avant-garde de l'utilisation de l'IA, les petites et moyennes entreprises ne le sont pas, et le gouvernement doit les encourager, a soutenu M. Solomon.
D'après lui, nous vivons un «moment Gutenberg» de nouvelles possibilités, faisant référence à l'inventeur de caractères mobiles pour l'imprimerie.
«Le combat du Canada ne consiste pas à empêcher le changement, ni à le freiner, ni à effrayer les gens. Il s'agit de le définir, de le façonner et de le diriger», a-t-il affirmé.