Il s'agit d'un tueur silencieux et soudain que certains infirmiers et médecins ne sont pas suffisamment préparés à diagnostiquer, selon un groupe de chercheurs canadiens.
«Tous les médecins qui terminent leur formation au Canada doivent savoir ce qu'est la septicémie, et ce n'est pas le cas actuellement», a expliqué la Dre Kali Barrett, médecin en soins intensifs à Toronto.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV news.
La Dre Barrett fait partie d'une équipe de chercheurs qui a réalisé une étude sur les politiques, les lignes directrices et les normes en matière de septicémie à travers le Canada.
Ils ont conclu que la plupart des provinces, y compris l'Ontario, ne disposent pas de lignes directrices concrètes à l'intention des prestataires de soins de santé, et que les normes d'accréditation et de formation sont également insuffisantes.
En bref, l'article évalué par des pairs, qui n'a pas encore été publié, souligne «le besoin urgent d'un plan d'action national coordonné contre la septicémie».
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La septicémie peut survenir lorsque le système immunitaire de l'organisme tente de lutter contre une infection, ce qui déclenche alors une réaction pouvant entraîner de graves lésions organiques, voire la mort.
La Dre Barrett affirme qu'un diagnostic rapide et un traitement antibiotique sont essentiels pour la survie.
«Une personne peut passer d'un état normal à un état très grave en quelques minutes.»
En 2020, un rapport estimait que 75 000 cas de septicémie se produisaient chaque année au Canada, entraînant en moyenne environ 18 000 décès par an.
Au cours des derniers mois, CTV News s'est entretenu avec deux maris qui ont chacun perdu leur femme après qu'elles aient accouché dans deux hôpitaux différents de l'Ontario. Dans chaque cas, la cause du décès était liée à une septicémie.
En août dernier, depuis son domicile à Brampton, en Ontario, Gurinder Sidhu a raconté à CTV News que lui et sa femme avaient supplié qu'on leur vienne en aide, mais que leurs appels à une étudiante infirmière et à une équipe de médecins n'avaient pas été pris au sérieux jusqu'à ce qu'une infection apparaisse sur la jambe de sa femme.

«La septicémie est une course contre la montre, mais les médecins n'ont jamais lancé le chronomètre», a-t-il dit.
La Dre Barret fait partie des nombreuses personnes qui demandent aujourd'hui au gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces dans cette course pour sauver des vies.
«Je crains que les médias ne relatent des histoires de personnes décédées inutilement d'une septicémie qui aurait pu être évitée», a-t-elle dit.
CTV News a demandé à Santé Canada s'il était disposé à normaliser les directives de détection de la septicémie à l'échelle nationale.
«La création ou la modification des normes hospitalières relève de l'accréditation Canada», a indiqué un porte-parole de l'agence de santé dans une réponse envoyée par courriel. «L'accréditation est un processus volontaire pour les hôpitaux, qui relèvent de la compétence des provinces et des territoires.»
Selon la Dre Barrett, il existe toutefois des organismes nationaux qui peuvent apporter des changements.
«Il existe des organismes nationaux tels qu'Agrément Canada ou Physician Training Standards qui ont une portée nationale et nous pouvons aborder les changements de politique à ces endroits», a-t-elle dit.
Santé Canada a également indiqué qu'il estimait que les politiques existantes en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses avaient contribué à réduire la septicémie.
Mais pour les familles qui ont perdu des êtres chers, cette déclaration n'est pas suffisante.
«Pourquoi n'est-ce pas pris au sérieux dans les hôpitaux?», a demandé Gurinder Sidhu. «Pourquoi des mesures appropriées de contrôle de la septicémie ne sont-elles pas mises en place ? Toutes ces questions doivent trouver une réponse si nous voulons vraiment éviter une autre tragédie.»


