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Louise Penny ne lancera pas son nouveau livre aux États-Unis

Voici pourquoi.

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Louise Penny en entrevue avec CTV News. Louise Penny en entrevue avec CTV News. (CTV News)

L'auteure Louise Penny affirme que le village fictif de Three Pines, qui apparaît dans ses romans policiers mettant en scène l'inspecteur Gamache, n'est pas inspiré de la ville réelle de Knowlton, située dans les Cantons-de-l'Est, au Québec. Elle se réjouit néanmoins que des touristes du monde entier soient attirés par cet endroit pittoresque qui l'a inspirée et où elle a vécu pendant des années.

«J'adore cet endroit», dit-elle. «C'est un lieu qui m'a accueillie à bras ouverts. Je ne voudrais pas dramatiser en disant qu'il m'a sauvée, mais il y a eu des moments dans ma vie où j'avais besoin de cette compagnie, de ces amitiés, de cet esprit d'accueil, et c'est donc agréable de pouvoir rendre la pareille.»

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

En l'honneur d'un nouveau livre qui sortira plus tard ce mois-ci, plusieurs restaurants et cafés de Knowlton proposent une offre à durée limitée : ils ont ajouté à leur menu des plats inspirés des recettes décrites dans la série de Penny.

Dans une microbrasserie appelée La Knowlton co., un sandwich au jambon de la Forêt-Noire, aux oignons caramélisés et au brie est proposé dans le cadre de ce que la ville a appelé The Nature of the Feast (La nature du festin), un jeu de mots sur le titre d'un des livres de Penny, The Nature of the Beast (La nature de la bête).

«Les gens viennent et demandent où se trouve le menu Louise Penny», explique Nicholas Allen, copropriétaire. «Elle a apporté beaucoup d'activité à la ville.»

Certains habitants de Three Pines seraient également inspirés par des personnalités locales, et Allen plaisante en disant qu'il a suggéré à Penny d'inclure un «propriétaire de brasserie excentrique» dans l'un de ses prochains livres.

L'auteure s'apprête à lancer son dernier roman intitulé The Black Wolf.

«C'est le 20e de la série de l'inspecteur Gamache», dit-elle. «Pouvez-vous le croire? Le 20e en 20 ans, c'est logique. Quand j'ai écrit le premier, intitulé Still Life, je n'aurais jamais imaginé qu'il y en aurait 20, je ne pensais même pas qu'il y en aurait deux.»

Louise Penny sirote un café au lait au Three Pines Cafe, l'un de ses derniers projets. Le café se trouve au sous-sol d'une librairie et dispose de deux cheminées, imitant le bistrot qu'elle avait imaginé pour ses livres.

«C'est comme si, assise ici, la frontière entre fiction et réalité disparaissait», confie-t-elle. «Ce qui a été créé dans mon imagination a pris vie dans le café, mais aussi dans les différents restaurants des environs.»

L'intrigue de The Black Wolf, qui est également issue de son imagination, pourrait sembler tirée des gros titres.

«J'écris sur certaines entités qui font pression pour que le Canada devienne le 51e État», mentionne-t-elle. «C'était bien avant que Trump ne commence à en parler, et je me souviens avoir pensé: "Ai-je dépassé les bornes ? Suis-je allée trop loin? Quelqu'un va-t-il croire cela?" Il s'avère que je ne suis peut-être pas allée assez loin.»

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Bien que ses livres soient traduits en plusieurs langues et vendus à l'international, la plupart de ses lecteurs se trouvent aux États-Unis. Elle dit avoir beaucoup d'affection pour les Américains.

Mais au début de l'année, Louise Penny a annoncé qu'elle ne se rendrait pas au sud de la frontière pour lancer son livre. «Pour tous mes autres livres, je me suis rendue aux États-Unis et au Canada», précise-t-elle. «J'ai été invitée à lancer ce livre au Kennedy Center, et quand j'ai reçu cette invitation, j'étais ravie. Mais quand Trump a fait son coup d'État au Kennedy Center, je me suis dit que je ne pouvais pas.»

«Et les choses n'ont fait qu'empirer avec tout ce 51e État, la guerre des droits de douane, une attaque contre notre économie qui perdure encore aujourd'hui. J'ai dit à mon éditeur américain que je ne pouvais pas aller aux États-Unis.»
-Louise Penny

L'auteure s'apprête à partir en tournée pour promouvoir son livre dans plusieurs villes canadiennes, avec une dernière étape à Stanstead, au Québec, à la bibliothèque et à l'opéra Haskell, qui chevauche la frontière entre les États-Unis et le Canada.

«Nous avons délibérément choisi de terminer la tournée à Haskell pour faire passer un message», dit-ellle. «Ce message, c'est que nous sommes amis, que nous sommes alliés, que nous travaillons main dans la main depuis des générations, que nous avons des liens familiaux, que nous avons des amitiés profondes qui ne peuvent être remises en question et qui ne peuvent être brisées, malgré ce que certaines personnes tentent de faire.»

Il y a eu des réactions négatives, notamment de la part de fans qui ont déclaré qu'ils ne liraient plus ses livres.

«Bien sûr qu'il y en aura», réplique l'auteure. «Il serait irréaliste de penser que je vais dire que je ne mettrai plus les pieds aux États-Unis à cause de l'administration Trump sans que certains lecteurs me disent "au revoir".»

Mais elle ajoute que beaucoup ont soutenu sa décision, qu'elle décrit non pas comme une déclaration politique, mais comme une déclaration morale.

Et alors qu'elle se promène dans une rue de Knowlton par une belle journée d'automne, beaucoup de ces supporters sont ravis d'avoir la chance de rencontrer l'auteure.

Une femme de Caroline du Nord l'arrête pour prendre une photo, lui exprimant son admiration pour son travail et ses principes. Une autre femme, tenant dans ses bras un bébé aux joues adorables, la serre fort dans ses bras et devient émue en lui disant qu'elle a lu tous ses livres. Près d'une douzaine de fans venus de tout le pays s'arrêtent pour lui demander de signer un exemplaire de l'un de ses livres.

«C'est incroyable et réjouissant d'avoir écrit seule dans ma cuisine, et maintenant, voilà», réagit Louise Penny. «En écrivant sur cet endroit, nous avons créé une communauté.»

L'auteure précise que Three Pines n'existe pas physiquement, et que si c'est le cas, elle ne l'a pas trouvé. Mais elle ajoute que plusieurs villages de la région des Cantons-de-l'Est l'ont inspirée par leur esprit accueillant et tolérant.

«Quand vous savez que la bonté existe, ce à quoi je m'efforce personnellement dans la vie réelle et dans mes livres, dit-elle, alors vous êtes à Three Pines», conclut-elle.

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