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Les économistes s’attendaient généralement à cette baisse, car l’économie canadienne montre des signes de faiblesse.
La Banque du Canada a réduit son taux directeur d’un quart de point mercredi, laissant entendre qu’elle pourrait être satisfaite de son niveau actuel compte tenu des incertitudes persistantes liées au commerce américain.
Le taux directeur de la banque centrale s’établit désormais à 2,25 % après cette deuxième baisse consécutive.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a indiqué aux journalistes après l’annonce que les responsables de la politique monétaire estiment que le taux directeur est «au niveau approprié» pour maintenir l’inflation près de la cible de 2 % de la banque, tout en soutenant l’économie face aux perturbations tarifaires — à condition que l’économie évolue conformément aux prévisions.
Les économistes s’attendaient généralement à cette baisse mercredi, car l’économie canadienne montre des signes de faiblesse en raison des droits de douane américains, mais l’inflation semble globalement maîtrisée.
M. Macklem a précisé que la banque centrale prévoit que les pressions à la hausse sur l’inflation — les coûts liés aux droits de douane, par exemple — seront en grande partie compensées par un ralentissement de l’économie à l’avenir.
Il a également spécifié que la Banque du Canada ne pouvait pas faire grand-chose de plus à ce stade pour aider le pays à traverser la crise liée aux droits de douane, qu’il considère comme un choc structurel pour l’économie, et non comme un choc cyclique ou temporaire.
«La politique monétaire ne peut pas cibler des secteurs spécifiques (…), elle ne peut pas aider les entreprises à trouver de nouveaux marchés ni à reconfigurer leurs chaînes d’approvisionnement», a-t-il expliqué.
«Ce qu’elle peut faire, c’est essayer d’atténuer les répercussions des secteurs durement touchés sur le reste de l’économie.»
La Banque du Canada a repris mercredi la publication de prévisions pour l’économie et l’inflation, une pratique qu’elle avait abandonnée depuis janvier en raison de l’incertitude liée aux droits de douane.
«Nous vivons avec les droits de douane américains depuis maintenant plus de six mois et, bien que la politique commerciale des États-Unis demeure imprévisible, ses conséquences, elles, apparaissent plus clairement», a souligné M. Macklem.
Après la contraction de l’économie consécutive à une forte baisse des exportations au deuxième trimestre, la banque prévoit désormais une croissance annualisée modeste du PIB de 0,5 % ce trimestre et de 1 % au quatrième trimestre.
Les prévisions indiquent que la croissance devrait être modérée au cours des deux prochaines années, à une moyenne de 1,4 %, en raison du ralentissement de la croissance démographique et des efforts des exportateurs canadiens pour diversifier leurs marchés au-delà des États-Unis.
La banque centrale s’attend à ce que les perturbations commerciales réduisent structurellement la taille de l’économie canadienne et prévoit que, d’ici la fin de 2026, le PIB sera inférieur de 1,5 % à ses projections d’avant l’imposition des droits de douane américains plus tôt cette année.
M. Macklem a averti que le Canada devait s’efforcer d’accroître sa productivité face à cette croissance plus faible, sous peine de subir de graves conséquences économiques.
«À moins que nous ne changions certaines choses, notre niveau de vie en tant que pays, en tant que Canadiens, sera inférieur à ce qu’il aurait pu être», a-t-il prévenu.
M. Macklem a noté que la politique tarifaire américaine demeure «imprévisible». Il a brièvement évoqué la décision du président américain Donald Trump, prise la semaine dernière, d’interrompre brutalement les négociations commerciales avec le Canada en raison d’une campagne publicitaire ontarienne et de menacer d’imposer un droit de douane supplémentaire de 10 % sur les produits canadiens.
Dans ce contexte, la Banque du Canada ne peut pas se permettre d’investir autant d’argent que d’habitude dans ses prévisions.
«L’éventail des issues possibles est plus large que d’ordinaire, et nous devons faire preuve d’humilité par rapport à nos prévisions. Si les perspectives changent, nous sommes prêts à réagir», a prévenu M. Macklem.
Selon M. Macklem, ce qui constitue un changement important pour la banque, ce n’est pas un mois de relevés ou un seul point de données, mais plutôt une «accumulation de preuves» indiquant que l’économie évolue conformément aux prévisions de la banque centrale.
La Banque du Canada obtiendra une autre contribution importante pour sa modélisation la semaine prochaine, lorsque le gouvernement fédéral présentera son budget d’automne tant attendu.
M. Macklem affirme depuis longtemps que, si la politique monétaire ne peut soutenir l’économie que dans une mesure limitée face aux perturbations commerciales, les responsables de la politique budgétaire peuvent fournir des aides ciblées pour répondre aux droits de douane.
Le gouverneur est resté discret lorsqu’on lui a demandé comment le gouvernement fédéral devrait répondre aux défis économiques actuels dans le budget de la semaine prochaine — la Banque du Canada fonctionne indépendamment du gouvernement fédéral —, mais il a déclaré que la banque centrale évaluerait le plan de dépenses en fonction de son impact sur les forces de l’offre et de la demande dans l’économie.
Andrew Grantham, économiste principal à la CIBC, a précisé mercredi matin dans une note adressée à ses clients que la Banque du Canada «semblait revenir en retrait» afin d’évaluer les données à venir. Cela inclut le budget fédéral, qui doit être présenté le 4 novembre.
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M. Grantham a ajouté qu’il s’attendait à ce que ce soit la dernière baisse du cycle de la banque centrale si l’économie commence à se redresser à partir de maintenant et si le Canada conclut un accord commercial visant à réduire les droits de douane sectoriels imposés par les États-Unis.
«Cependant, de nouvelles baisses seraient certainement justifiées si l’économie continue de s’affaiblir et/ou si les perspectives commerciales ne s’améliorent pas», a-t-il écrit.
Stephen Brown, économiste en chef adjoint pour l’Amérique du Nord chez Capital Economics, a indiqué dans une note qu’il anticipait que la banque continue de réduire son taux directeur jusqu’à 1,75 % en 2026.
Il a spécifié qu’il s’attendait à ce que le PIB soit légèrement inférieur aux prévisions actuelles de la Banque du Canada pour les années à venir, ce qui ferait baisser encore davantage l’inflation et justifierait de nouvelles baisses de taux pour soutenir l’économie.