La grande majorité des consommateurs ont beau dire qu’ils évitent les enseignes américaines, leurs programmes de fidélité se retrouvent parmi les plus populaires au Canada et au Québec.
C’est ce que démontre le rapport de LoyauT 2025 de la firme Adviso en partenariat avec Ad hoc recherche publié mercredi.
Au Québec, les programmes de fidélité des chaînes de restaurants Domino’s Pizza et McDonald’s arrivent aux premier et deuxième rangs, respectivement, parmi les programmes de fidélité les plus appréciés.
Le géant du commerce de détail Walmart arrive quatrième. La chaîne de café Starbucks, pour sa part, occupe le huitième rang.
Malgré tout, 82 % des Canadiens affirment être motivés à changer leurs comportements en faveur de détaillants canadiens, toujours selon le rapport. Près du tiers (32 %) disent avoir réduit leur utilisation de programmes américains, tandis que 42 % affirment avoir augmenté leur utilisation de programmes canadiens.
Adviso n’était pas en mesure de ventiler les réponses à ces questions pour les répondants du Québec, mais les comportements sont relativement semblables.
Les résultats peuvent sembler paradoxaux, reconnaît le consultant en commerce omnicanal, monétisation et stratégie chez Adviso, Simon Ethier.
«C'est qu'il y a quand même des gens qui aiment certains programmes américains également, a-t-il précisé en entrevue. Donc, les gens disent qu'ils changent leur comportement, mais ils peuvent aimer ces programmes-là.»
Pour établir son palmarès, Adviso a questionné 15 000 répondants canadiens afin d’évaluer la performance de 87 détaillants.
Leur score a été établi selon trois critères: la capacité de susciter l’engagement (utilisation fréquente), la capacité d’influencer les comportements des consommateurs (augmenter le nombre de visites, concentration des achats) et l’avis des consommateurs (appréciation des offres et contenus).
De plus en plus populaires
Les programmes de fidélité occupent un rôle de plus en plus important dans les habitudes de consommation au pays.
Le rapport constate une progression de son «score de Loyau T» au cours des dernières années. «Les programmes de fidélité font davantage partie de leur vie», a résumé le consultant.
Les Canadiens sont abonnés à 22 programmes de fidélité en moyenne et en utilisent neuf sur une base régulière. Ce chiffre est en hausse par rapport à l’an dernier, où ils participaient à 19 programmes et en utilisaient sept.
Si le téléphone mobile permet de multiplier les cartes sans alourdir son portefeuille, les commerçants doivent se démarquer, s’ils veulent devenir incontournables pour leurs membres.
«Pour les marchands, c'est de plus en plus difficile de faire partie de ces fameux neuf programmes importants là», a souligné M. Ethier.
Si les circulaires gardent leur pertinence au moment où les ménages surveillent de près les prix à l’épicerie, les clients sont nombreux à s’abonner aux programmes de fidélité des principales enseignes.
Les programmes de fidélité dans le segment de l’épicerie sont ceux qui accueillent le plus d’abonnés par rapport aux abandons, tant au Canada qu’au Québec.
«Ce qu’on sait de façon générale, c'est que la personnalisation est appréciée, que la personnalisation est recherchée, a résumé M. Ethier. Ce n'est pas toujours facile à faire, mais il y a un élément de pertinence dans tout cela.»
Encore cette année, PC optimum de Loblaw, qui regroupe les enseignes Maxi, Pharmaprix et Provigo au Québec, se démarque. Il arrive au troisième rang du palmarès au Québec.
Le programme Moi (Metro, Super C, Jean Coutu, Brunet) arrive au neuvième rang dans la province.
Le programme de Cineplex Scène+, qui est devenu le programme d’IGA, propriété de Sobeys, ne figure pas parmi les 10 programmes les plus appréciés.
Le programme progresse tout de même au Québec. Il arrive au deuxième rang pour le ratio abonnement/abandon, mais il ne figure toutefois pas parmi les 10 programmes les plus appréciés.
Le programme Air Miles, de la Banque de Montréal, perd des plumes au Québec. Il affiche le pire taux d’adoption/abandon, soit -19 % en 2025.
L’an dernier, il était pourtant au cinquième rang des programmes les plus performants, et ce, même si Jean Coutu et IGA l’avaient abandonné.
M. Ethier souligne que la performance d’Air Miles varie d’une région à l’autre à travers le pays.
«Ça va, entre autres, avec le type de partenaires, qui sont un petit peu moins visibles potentiellement au Québec», a avancé le consultant.
Les restaurants
Les programmes de fidélité dans le segment de la restauration ont aussi augmenté leur pouvoir d’attraction, selon le rapport.
Les programmes de fidélité sont souvent associés aux commerces que l’on visite régulièrement, comme l’épicerie, la pharmacie ou les stations-service. «La restauration semble être vraiment rentrée dans la notion de fréquence», a constaté M. Ethier.
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Il semble également plus facile de créer une perception de générosité aux récompenses offertes.
«Une frite (gratuite), c'est extrêmement concret, a-t-il présenté comme exemple. Ça donne une perception de générosité, qui mathématiquement pourrait sembler basse pour certains, mais, comme elle est très tangible, les gens s'en souviennent.»

