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Itinérance: la Ville de Montréal lance une cellule de crise au début de l'hiver

«On vise 500 places supplémentaires dans les haltes-chaleur d'ici Noël.»

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Montréal annonce la création de 500 places supplémentaires d'ici Noël dans les haltes-chaleurs Montréal annonce la création de 500 places supplémentaires d'ici Noël dans les haltes-chaleurs

La Ville de Montréal a déployé dès lundi une cellule de crise pour faire face à la crise de l'itinérance qui sévit dans la métropole alors que la saison hivernale s'amorce.

Voyez notre reportage dans la vidéo ci-dessous: 

«C’est un changement de cap majeur: agir vite, de manière coordonnée et durable», a-t-elle dit lors de la conférence de presse. «On sait qu’il y a des besoins énormes, alors il faut des actions à la hauteur. Pour ça, tout le monde doit participer à l’effort de guerre.»

«La crise de l'itinérance ne va pas se régler en un simple coup de baguette magique. Ça va nous prendre du temps et il faut que tout le monde collabore ensemble.»
- Soraya Martinez Ferrada, mairesse de Montréal

En collaboration avec les arrondissements, cette cellule de crise réunira chaque semaine les représentants du réseau de la santé et des services sociaux, du ministère des Affaires municipales, du ministère de la Sécurité publique, des partenaires communautaires et de l'équipe municipale. Ces derniers devront prendre des décisions rapides pour face à la crise et apporter des «ajustements en continu» selon les enjeux observés en temps réel sur le terrain. 

«Nous sommes dans l’urgence aujourd’hui, mais nous refusons d’y rester. La cellule va nous permettre de construire des solutions à long terme pour que l’hiver ne soit plus jamais synonyme de crise humanitaire à Montréal», a indiqué Claude Pinard, président du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable de l’itinérance.

Voyez le point de presse dans la vidéo ci-dessous:

Comme Mme Soraya Martinez-Ferrada l'avait dit lors de son assermentation, la lutte contre l'itinérance fait partie de ses priorités.

«Personne ni aucun Montréalais ne veut que quelqu'un meure dans la rue», a dit la mairesse lors du point de presse lundi matin, invitant la population à faire preuve de bienveillance et de patience dans les prochaines semaines.

Plus de places dans les haltes-chaleur

Lors d'une conférence de presse lundi matin, l'administration Martinez Ferrada a déjà annoncé la création de 233 places supplémentaires dans les haltes-chaleur situées dans plusieurs sites à travers la métropole. Elles s'ajoutent aux 2458 places en hébergement communautaire déjà annoncées par le réseau de la santé en prévision de l’hiver. 

«On vise 500 places supplémentaires d'ici Noël», a réitéré la mairesse Soraya Martinez-Ferrada, invitant les organismes et partenaires de lever la main pour accueillir davantage de personnes.

«L’hiver représente un défi majeur pour les personnes en situation d’itinérance. Les risques ne surviennent pas seulement lors des grands froids : dès -10 °C, on observe des conséquences graves, dont 40 % des décès et 49 % des cas d’hypothermie dans cette population», a expliqué la directrice régionale de Santé publique de Montréal, Mylène Drouin. «Nous saluons le rehaussement significatif du nombre de places en haltes-chaleur qui seront offertes tout l’hiver à Montréal.»

Le CIUSSS du Centre-Sud a d’ailleurs confirmé un financement qui permettra aux organismes communautaires d’opérer ces sites, dont leur localisation seront dévoilés prochainement.

«En unissant nos forces avec la Ville, les organismes communautaires et le réseau, nous voulons agir rapidement et efficacement pour mieux répondre aux besoins des personnes en situation d’itinérance, particulièrement à l’arrivée de l’hiver», a mentionné la ministre responsable des Services sociaux, Sonia Bélanger. «Je tiens à rappeler que ces mesures d’urgence doivent s’additionner à des mesures sur le long terme pour pouvoir offrir un véritable continuum de services à nos plus vulnérables.»

Face à ces nouvelles mesures annoncées par Ensemble Montréal, l'opposition municipale se réjouit. La cheffe intérimaire de Projet Montréal, Ericka Alneus, a indiqué à Noovo Info que les enjeux concernant l'itinérance et la cohabitation sociale n'ont pas de partisanerie et se dit heureuse que la Ville agisse dans ce sens. 

«Il y a des éléments qui mériteront d'être un peu plus affinés», a-t-elle ajouté en entrevue. «On va continuer à suivre la situation de près.»

Protocole sur les campements

En collaboration avec Table des maires, l’administration Martinez Ferrada souhaite présenter un premier protocole de campements en février 2026. Il sera réalisé en collaboration avec les acteurs institutionnels et du milieu communautaire.

Selon le communiqué de la Ville, d'ici son entrée en vigueur, les campements d'itinérants seront relocalisés lorsque des ressources adaptées aux besoins des personnes en situation d’itinérance seront disponibles. «Il ne sera plus question de démantèlement», fait-on savoir, ajoutant que le but est d’établir une cohabitation sociale «harmonieuse et respectueuse pour tous».

Chaque intervention sera coordonnée étroitement entre les différents services munipaux ainsi que les acteurs des milieux de la santé et du communautaire, dit-on. 

«Collectivement, nous faisons face à une urgence d’agir qui ne permet plus l’attentisme, et il est crucial de reconnaître, d’assumer et d’embrasser pleinement les particularités montréalaises de la crise», a ajouté la porte-parole du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance, Julie Grenier. «La mise en place des mesures prévisibles, pluriannuelles, coordonnées et financées de façon conséquente, stable et sans complications administratives est un incontournable.»

Lors de son assermentation le 13 novembre dernier, Mme Martinez Ferrada avait notamment mentionné espérer obtenir davantage de ressources du gouvernement provincial pour lutter contre l'itinérance.

Par la suite, elle avait discuté de l'enjeu avec le premier ministre François Legault pendant sa visite le 21 novembre. Elle avait soutenu avoir eu une «bonne conservation» et que les discussions allaient se poursuivre «pour assurer des solutions pour accélérer les gestes que Montréal peut poser».

«Montréal va prendre ses responsabilités, on va s’attaquer à cet enjeu. Nous avons pris des engagements importants durant la campagne, c’est-à-dire de tripler le budget de l’itinérance et travailler sur des services d’urgence», avait-elle dit aux médias.