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Tarifs de Trump à 35%: Carney veut défendre le Canada

Voici les derniers développements du conflit commecial.

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Trump annonce des tarifs douaniers de 35% sur les produits canadiens Trump annonce des tarifs douaniers de 35% sur les produits canadiens

Le premier ministre Mark Carney rencontrera son conseil des ministres et les premiers ministres des provinces et territoires du Canada pour discuter de la nouvelle menace du président américain, Donald Trump, d'imposer des droits de douane de 35 % sur les produits canadiens le mois prochain.

Le cabinet du premier ministre a aussi annoncé qu'une réunion du conseil des ministres se tiendra mardi pour discuter des négociations commerciales en cours entre le Canada et les États-Unis. Il a également indiqué qu'il rencontrerait les premiers ministres le 22 juillet, à l'occasion du Conseil annuel de la fédération à Hunstville, en Ontario.

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Jeudi, M. Carney a déclaré que son gouvernement défendrait «sans relâche» les travailleurs et les entreprises. Dans une publication tardive sur les réseaux sociaux, il a assuré que le Canada continuerait de travailler à la conclusion d'un accord commercial avec les États-Unis avant la date limite révisée du 1er août.

Dans une lettre adressée jeudi au chef du gouvernement canadien, M. Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 35 % sur les produits canadiens d'ici cette date, fixant ainsi une nouvelle date limite pour les négociations commerciales qui devaient se conclure le 21 juillet.

Interrogé sur la menace de droits de douane en quittant la Maison-Blanche vendredi matin, M. Trump a déclaré aux journalistes: «Elle a été envoyée hier. Ils ont appelé. Je pense qu'elle a été plutôt bien accueillie.»

Une porte-parole du cabinet du premier ministre a précisé que M. Carney et M. Trump ne s'étaient pas entretenus jeudi soir.

Elle a ajouté que des responsables des deux pays se rencontrent quotidiennement alors que les négociations commerciales se poursuivent, mais que la réunion de jeudi a eu lieu avant l'envoi de la lettre de M. Trump concernant les droits de douane.

La justification par le fentanyl

Le président américain a écrit dans sa missive que si le Canada s'efforçait d'enrayer l'entrée de fentanyl aux États-Unis, il pourrait envisager un ajustement des droits.

Les saisies de fentanyl sont en légère hausse cette année à la frontière commune. Le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis a saisi environ 26 kilogrammes de cette drogue à la frontière canado-américaine depuis le début de l'exercice, contre 19,5 kilogrammes l'année précédente.

Cela reste peu en comparaison des saisies de fentanyl à la frontière sud des États-Unis, où les agents frontaliers américains ont saisi près de 3700 kilogrammes depuis le début de l'exercice.

Un responsable de la Maison-Blanche a déclaré que le taux de droits de douane de 35 % ne devrait s'appliquer qu'aux marchandises déjà frappées d'une taxe à l'importation de 25 %. Cette exemption concernerait les marchandises conformes à l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique, ainsi que les importations d'énergie et de potasse, soumises à un taux de 10 %.

Le responsable a également précisé qu'aucun document d'orientation final n'avait été rédigé et que M. Trump n'avait pas encore pris de décision définitive.

Le Canada est également confronté à des droits de douane américains supplémentaires sur l'acier, l'aluminium et les automobiles, ainsi qu'à un projet américain d'instaurer des droits sur le cuivre le 1er août.

Réactions

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a indiqué sur les réseaux sociaux que son parti soutenait le renforcement des liens commerciaux avec l'Union européenne. Il a également accusé le gouvernement de M. Carney d'avoir «échoué» en se concentrant sur les investissements dans le secteur pétrolier et gazier, ce qui, selon lui, n'aurait d'impact sur le commerce que «bien après le départ de Donald Trump».

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a qualifié la dernière menace de droits de douane d'«attaque injustifiée contre l'économie canadienne».

Dans une publication sur les réseaux sociaux, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré que, face à la dernière menace commerciale de Donald Trump, «nous devons nous unir» et élaborer un plan pour protéger les travailleurs, les entreprises et les collectivités canadiennes.

La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a découragé Ottawa d'imposer des droits de rétorsion, affirmant que cela «constituerait une taxe pour les consommateurs et les entreprises canadiens et ne ferait qu'affaiblir davantage l'économie canadienne».

Mme Smith a avancé, sur les réseaux sociaux, que le gouvernement fédéral devrait également abandonner les «lois antiexploitation des ressources de l'ère Trudeau».

Lana Payne, présidente nationale d'Unifor, a déclaré sur les réseaux sociaux qu'un seul mot pouvait décrire les tactiques de Trump: «extorsion».

Candace Laing, PDG de la Chambre de commerce du Canada, a prévenu que ces droits de douane entraîneraient une hausse des prix pour les Américains et continueraient de nuire à la «relation commerciale la plus productive que les deux pays aient jamais entretenue».

«Plutôt que des menaces publiques et des ultimatums, la Chambre de commerce du Canada espère que les deux gouvernements poursuivront leurs discussions en toute bonne foi et à huis clos, afin de parvenir rapidement à rétablir à une relation économique et de sécurité réelle et fiable. Ce n’est que ce scénario qui bénéficiera réellement aux entreprises et travailleurs de nos deux pays», a fait valoir Mme Laing dans un communiqué de presse.

Les «attaques constantes» contre le Canada ont porté atteinte à une «relation vitale», a soutenu la sénatrice américaine Jeanne Shaheen, ajoutant que «cette action a même compromis les négociations de son propre gouvernement pour conclure un accord commercial».

La démocrate a rapporté avoir entendu de nombreuses plaintes concernant des touristes ne venant pas du Canada et des pertes commerciales dues à la guerre douanière du président américain.

«Le peuple américain et l'écrasante majorité de mes collègues au Congrès rejettent cette guerre commerciale à courte vue et coûteuse avec le Canada», a indiqué Mme Shaheen dans un communiqué de presse.

Les développements du 11 juillet 2025

13h21 | Ce qu'il faut savoir sur les tarifs douaniers annoncés jusqu'à présent

Avec les nouveaux taux de droits de douane annoncés dans la semaine par Donald Trump, le taux effectif moyen payé par les consommateurs américains devraient s’élever désormais à 17,6%, selon le Budget Lab de l’Université de Yale, au plus haut depuis 1936.

Petit point sur les droits de douane jusqu’ici annoncés, selon les pays ou secteurs d’activité.

12h31 | Guerre tarifaire: le monde des affaires dénonce les récentes menaces de Trump

Les groupes d'affaires et les analystes dénoncent l'intention déclarée du président américain Donald Trump d'imposer des droits de douane de 35 % sur les produits canadiens et la montée d'incertitude que cette menace engendre à elle seule.

À VOIR AUSSI | Droits de douane: l’incertitude plane sur l’aluminium et l’acier au Saguenay

12h21 | Quelques réactions à l'annonce de Trump

Candace Laing, PDG de la Chambre de commerce du Canada, a déclaré que ces droits de douane entraîneraient une hausse des prix pour les Américains et continueraient de nuire à la «relation commerciale la plus productive que les deux pays aient jamais entretenue».

«Plutôt que des menaces publiques et des ultimatums, la Chambre de commerce du Canada espère que les deux gouvernements poursuivront leurs discussions en toute bonne foi et à huis clos, afin de parvenir rapidement à rétablir à une relation économique et de sécurité réelle et fiable. Ce n’est que ce scénario qui bénéficiera réellement aux entreprises et travailleurs de nos deux pays», a fait valoir Mme Laing dans un communiqué de presse.

Lana Payne, présidente nationale d'Unifor, a déclaré sur les réseaux sociaux qu'un seul mot pouvait décrire les tactiques de Trump: «extorsion».

«Le Canada doit utiliser tout son pouvoir de pression. Les travailleurs comptent sur notre gouvernement pour défendre leurs emplois. Les concessions ne suffiront pas à arrêter un tyran, mais la force collective le fera.»
-Lana Payne, présidente nationale d'Unifor

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a qualifié la dernière menace de droits de douane d'«attaque injustifiée contre l'économie canadienne».

«Les conservateurs sont prêts à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir le meilleur accord possible pour le Canada avant la date limite du 21 juillet fixée par le premier ministre», a écrit M. Poilievre dans un message publié sur les réseaux sociaux.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a indiqué sur les réseaux sociaux que son parti soutenait le renforcement des liens commerciaux avec l'Union européenne. Il a également accusé le gouvernement de M. Carney d'avoir «échoué» en se concentrant sur les investissements dans le secteur pétrolier et gazier, ce qui, selon lui, n'aurait d'impact sur le commerce que «bien après le départ de Donald Trump».

M. Blanchet a ajouté que cela serait «extrêmement coûteux» pour l'environnement et les «finances des familles ».

11h25 | Réunions prévues pour le cabinet Carney

En fin de matinée, vendredi, le cabinet de M. Carney a annoncé qu'une rencontre du conseil des ministres aurait lieu mardi afin de discuter des négociations en cours entre le Canada et les États-Unis.

Le cabinet du premier ministre a aussi indiqué qu'une réunion avec les premiers ministres provinciaux était prévue le 22 juillet à l'occasion du Conseil annuel de la fédération à Hunstville, en Ontario.

«Ensemble, nous resterons unis pour protéger l'Ontario et protéger le Canada», a écrit le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, en réaction à ces annonces sur le réseau social X.

10h55 | Lutte contre le fentanyl: la frontière canadienne «n'est pas un élément important»

Selon un rapport publié en juillet par le groupe de réflexion américain Manhattan Institute, pratiquement aucun du fentanyl saisi aux États-Unis ne provient du Canada.

Trump a invoqué le fentanyl pour justifier l'imposition de droits de douane au Canada.

«Ces données remettent en question les droits de douane et autres mesures et justifications politiques qui considèrent la menace provenant de la frontière nord comme aussi grave (que celle provenant de la frontière entre les États-Unis et le Mexique)», indique le rapport.

À VOIR AUSSI | Dans les coulisses d’un poste frontalier

Au total, environ 99% des pilules, gélules ou comprimés de fentanyl et 97% de la poudre, de la résine ou du goudron saisis lors d'importantes saisies à la frontière terrestre entre 2013 et 2024 ont été découverts dans les régions frontalières entre les États-Unis et le Mexique, selon le rapport.

Et les données du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) montrent que sur les 4 376 saisies totales de fentanyl recensées par le CBP entre octobre 2021 et février 2025, seules 241 ont eu lieu à la frontière canado-américaine, et seulement 162 d'entre elles le long de la frontière terrestre entre les deux pays.

«Les secteurs situés le long de la frontière canadienne ne jouent pas un rôle important dans cette affaire», conclut le rapport.

«Quels que soient les avantages ou les inconvénients des droits de douane sur les importations en provenance du Canada, de telles mesures ne peuvent être justifiées dans le cadre d'une réponse pragmatique et fondée sur des données à la menace que représente le fentanyl pour les États-Unis.»

10h 20 | «Nous avons été exploités», dit Trump

Interrogé sur les conseils qu'il donnerait aux pays avant l'échéance des droits de douane, Trump a déclaré aux journalistes que ces nations devaient «simplement continuer à travailler dur» et que «tout allait s'arranger».

Le président américain a été interrogé peu avant son départ pour le centre du Texas afin d'évaluer les dégâts causés par les récentes inondations.

«Nous avons été exploités pendant de nombreuses années par des pays amis comme ennemis», a-t-il lancé vendredi. «Franchement, dans de nombreux cas, nos amis ont été pires que nos ennemis.»

9h35 | Les produits conformes à l'ACEUM pas visés

Un responsable de la Maison-Blanche s'adressant à CTV News a précisé que la nouvelle menace brandie par Trump ne devrait pas avoir d'incidence sur les importations canadiennes conformes à l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

Cela signifie que les produits déjà soumis à des droits de douane de 25% et non protégés par l'ACEUM pourraient être frappés de droits de douane de 35% à compter du 1er août. Les droits de douane sur certains produits liés à l'énergie et sur la potasse devraient rester à 10 %.

Mais le responsable a également déclaré à CTV News que M. Trump n'avait pris «aucune décision définitive» et qu'«aucun document final n'avait été rédigé».

À VOIR AUSSI: Tarifs de Trump sur le cuivre: des électroménagers encore plus chers?

9h | Réaction de Doug Ford

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a appelé le gouvernement fédéral à agir de toute urgence pour conclure un accord avec les États-Unis face à la menace de nouveaux droits de douane.

«Aujourd'hui plus que jamais, nous avons besoin que le gouvernement fédéral travaille sans relâche pour conclure un accord qui soit favorable au Canada et qui élimine tous les droits de douane américains», a-t-on mentionné dans un communiqué.

7h30 | Recul des marchés boursiers

Les marchés mondiaux perdaient principalement du terrain vendredi avant-midi, au lendemain d'une autre séance époustouflante sur Wall Street.

En milieu de journée en Europe, le FTSE 100 britannique se détériorait de 0,2 %, le CAC 40 français de 0,7 % et le DAX allemand de 0,9 %. À New York, le contrat à terme du S&P 500 perdait 0,5 % et celui de la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles 0,6 %.  En Asie, le Nikkei 225 a régressé de 0,2 % à Tokyo. Sur le continent, la bourse de Shanghai a pris 0,1 % et le Hang Seng a ajouté 0,6 % à Hong Kong. Le Kospi sud-coréen a glissé de 0,2 %. L'indice australien S&P/ASX 200 a perdu 0,1 %. Le Sensex a fondu de 0,8 % en Inde.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole ajoutait 25 cents US à 66,82 $ $ US le baril.

Le bitcoin a touché un nouveau sommet jeudi, surpassant les 113 000 $ US.

Sur le marché des devises, le dollar canadien se négociait jeudi au cours moyen de 73,08 cents US, en hausse par rapport à celui de 73,03 cents US de mercredi.

5h35 | Trump n’a pas gâché l’appétit des investisseurs étrangers pour Montréal

Les entreprises étrangères ont investi plus d’argent dans la grande région de Montréal, malgré les menaces de Donald Trump. Le président américain n’est d’ailleurs plus la principale préoccupation des investisseurs. C’est plutôt le va-et-vient des politiques canadiennes et québécoises en immigration qui les chicote, selon le patron de Montréal International. 

Avec des informations de La Presse canadienne, de CTV News et de l'Agence France-Presse­