Société

Difficultés en français: la FAE montre du doigt le «manque de services professionnels»

«Avec les coupes actuelles en éducation, les choses n’iront pas en s’améliorant et c’est très inquiétant.»

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(Nathan Denette | La Presse canadienne)

Le «manque de services professionnels» serait la principale cause des difficultés des élèves du primaire en français au Québec, selon une consultation menée par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE).

Le syndicat en est arrivé à cette conclusion après avoir consulté dans les deux dernières semaines plus de 1000 personnes enseignant le français, tant au primaire qu'au secondaire (en classe régulière ou spécialisée). Ces résultats ont été rendus publics à l’occasion de la 16e Semaine pour l’école publique (SPEP).

Au primaire, après le «manque de services professionnels» (92,2 %), viennent en deuxième position les «difficultés d'apprentissage des élèves» (89,4 %) alors que le fait que «les élèves ne lisent pas assez» (84,4 %) est considéré comme la troisième principale cause des difficultés des élèves en français.

Au secondaire, ce sont «les retards scolaires» (86,4 %) qui arrivent au premier rang des causes des difficultés des élèves. On retrouve en deuxième place le fait que «les élèves ne lisent pas assez» (86 %) et en troisième position, le «manque de professionnels (84,6 %).

«Avec les coupes actuelles en éducation, les choses n’iront pas en s’améliorant et c’est très inquiétant.»
- France‑Dominique Béland, vice-présidente à la vie pédagogique à la FAE.

«Il faut donner à l’école publique les moyens pour soutenir les élèves en difficulté, jeunes et adultes. Le gouvernement doit être cohérent. L’école publique, c’est une école pour tous les élèves», a réagi France‑Dominique Béland, vice-présidente à la vie pédagogique à la FAE.

Les autres raisons évoquées par la FAE pour expliquer les problèmes de nos jeunes avec le français - tant au secondaire qu'au primaire - sont le fait que les élèves n'écrivent pas assez (83 %), que le français ne soit pas la langue maternelle ou d'usage de l'élève (78,6 %), en raison de la façon de communiquer par écrit sur les médias sociaux et par messages textes (75,2 %), l'attrait de la culture anglophone (68,4 %) et le programme de français actuel (60,8 %).

«L’actualisation du programme de français est la dernière cause des difficultés des élèves selon les experts qui sont dans les classes. Pourtant, il faut souligner que ce dernier est beaucoup trop chargé et qu’il est très difficile de couvrir l’ensemble de la matière, particulièrement au secondaire où 85 % des personnes répondantes l’ont soulevé, ce n’est pas rien», a commenté Mme Béland.

En août dernier, tout juste avant de perdre son poste de ministre de l'Éducation, Bernard Drainville avait annoncé que les élèves du Québec du primaire et du secondaire auront droit à une nouvelle version du programme de français qui met la culture québécoise à l'avant-plan

La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) avait alors demandé à M. Drainville de reporter à la rentrée scolaire 2027, et non 2026 comme il le prévoit, l’implantation du nouveau programme de français. Même son de cloche du côté de la Fédération des syndicats d'enseignement (FSE).

L'actuelle ministre de l'Éducation, Sonia LeBel, n'a pas encore pris position dans ce dossier.

Des élèves «pas au niveau»

Questionnés par la FAE à savoir si leurs élèves ont acquis les connaissances et développé les compétences antérieures nécessaires pour suivre le programme au niveau où ils enseignent, les enseignants du primaire ont répondu «non» à environ 55 % en ce qui concerne l'écriture. Pour le secondaire, ce taux s'élève à 71 %.

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Pour la lecture, 69 % des profs du primaire interrogés et seulement 49 % de ceux de secondaire croient que leurs élèves ont atteint les connaissances et les compétences nécessaires à leur niveau d'enseignement.

Ce taux grimpe à 72 % pour la communication orale au primaire et à 60 % pour le secondaire.

«De plus, les personnes enseignant le français estiment que plus les jeunes avancent dans leur parcours scolaire, plus ils semblent accumuler des retards en lecture (28,1 % à 47,4 %) et en communication orale (21,6 % à 28,4 %), mais l’écart est encore plus marqué en écriture où cette proportion grimpe jusqu’à 70 % au secondaire (54,6 % à 70,9 %). Ceci remet en question tout l’enjeu du redoublement et de la promotion automatique», estime la Fédération autonome de l'enseignement.