Les élèves du Québec du primaire et du secondaire auront droit à une nouvelle version du programme de français, un programme qui vient d'être dépoussiéré — après 25 ans sans grands changements — par une équipe du ministère de l'Éducation et qui met la culture québécoise à l'avant-plan plus que jamais.
Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, a affirmé dans un communiqué vendredi que le nouveau programme de français vise à rendre l'enseignement de la langue «vivante et attrayante» tout en misant sur la richesse de la culture québécoise.
«Nos œuvres d'ici deviennent autant de leviers pour enseigner les règles - de grammaire, d'orthographe et de ponctuation, par exemple — qui font la complexité et la beauté du français. L'objectif : amener les élèves à mieux communiquer, lire et écrire, tout en nourrissant leur plaisir d'apprendre et leur attachement à notre langue», précise-t-on dans le communiqué.
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«Le français est notre langue, notre fierté, le lien qui nous unit comme peuple. Chaque journée d'école doit être l'occasion pour nos élèves d'apprendre à mieux parler, lire et écrire en français», a notamment commenté le ministre Drainville.
Une liste orthographique revue
Le ministère de l'Éducation a aussi travaillé à épurer et modifier la liste orthographique commune — une liste de 3000 mots maintenant obligatoire pour tous les élèves du primaire — en supprimant des mots jugés plus désuets ou peu appropriés à l'époque actuelle et en ajoutant des mots jugés maintenant pertinents.
Le nouveau programme de français — qui sera mis à l'essai dans une cinquantaine de classes cette année et déployé dans toutes les écoles à la rentrée 2026 — met aussi l'axant sur «l'écriture tous les jours» et «la lecture tous les jours» dans le but d'entraîner les élèves à structurer leur pensée, à s'exprimer clairement et à développer leur fluidité, leur vocabulaire et leur culture.
Les cours de français devront aussi donner plus de place à l'oral, particulièrement au primaire. Les discussions, débats, dialogues, jeux de rôle et mises en situation remplaceront en partie les exposés traditionnels «pour rapprocher l'apprentissage des réalités de la vie quotidienne».
Parmi les autres changements, certains touchent la répartition des contenus grammaticaux :
- Le complément direct et le complément indirect sont maintenant vus au secondaire;
- Les constituants de la phrase (sujet-prédicat et complément de phrase) sont maintenant abordés dès la 1re année du primaire;
- L'apprentissage des principaux verbes modèles à l'infinitif présent, tels que les verbes avoir, être, aimer, manger débutera dès la 3e année du primaire;
- Pour permettre ces changements, l'étude de certains verbes particuliers sera déplacée au secondaire, «ce qui assurera une progression plus cohérente».
Plein feu sur la culture québécoise
Le nouveau programme de français du gouvernement du Québec veut que la culture québécoise soit au cœur de l'enseignement du français que ce soit par la mise en valeur de la musique, de la littérature, du théâtre, du cinéma ou même des séries d'ici.
Les écoles devront d'ailleurs s'assurer que chaque élève puisse prendre part, chaque année, à un minimum de cinq expériences culturelles comme des cercles de lecture, des rencontres avec des écrivains, des visites de lieux historiques ou patrimoniaux ou des découvertes d'artistes du Québec.
«Un crayon à la main, un livre ouvert, une chanson québécoise dans les oreilles : c'est ainsi qu'on développe l'amour et la maîtrise de notre langue.»
Les élèves devront également lire au moins dix textes ou ouvrages chaque année, dont au moins la moitié mettront en valeur la culture québécoise et francophone (alors qu'auparavant, c'était huit textes québécois aux trois ans). Romans, nouvelles, poèmes, pièces de théâtre et récits divers élargiront leur horizon culturel, tout en enrichissant leur vocabulaire et en renforçant leurs compétences linguistiques.
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Le ministère québécois de l'Éducation impose également la lecture d'au moins 10 textes ou ouvrages chaque année, «dont au moins la moitié mettront en valeur la culture québécoise et francophone». Avant, les jeunes lisaient environ huit textes québécois aux trois ans, selon le ministère de l'Éducation.
La FAE et la FSE demandent un report
La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) demande au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, de reporter à la rentrée scolaire 2027, et non 2026 comme il le prévoit, l’implantation du nouveau programme de français pour les élèves du primaire et du secondaire.
«Le gouvernement doit permettre aux enseignantes et enseignants qui devront le dispenser de se l’approprier», plaide-t-on.
«Nous demandons au ministère de l’Éducation d’être sensible à cette réalité, particulièrement pour les enseignantes et enseignants du primaire, et de respecter leur capacité à s’approprier le nouveau matériel. Ces personnes doivent maintenant enseigner le nouveau programme de Culture et citoyenneté québécoise, et devront sans doute s’approprier un nouveau programme de sciences dans les prochaines années. On leur en demande beaucoup, alors que les ressources de soutien dans les écoles diminuent notamment à cause des coupes en éducation qui se feront sentir fortement cette année», a souligné vendredi dans un communiqué de presse France-Dominique Béland, vice-présidente à la vie pédagogique à la FAE.
Par ailleurs, la FAE demande au ministre Drainville de garantir que les enveloppes budgétaires nécessaires soient disponibles pour que les élèves puissent avoir accès à des expériences culturelles stimulantes. «Comment financera-t-on ces activités, alors que des services directs aux élèves ont été coupés et que les sommes à réinvestir sont conditionnelles?», se questionne madame Béland.
Même son de cloche du côté de la Fédération des syndicats d'enseignement (FSE).
«C'est une implantation qui est beaucoup trop rapide, a-t-il déclaré. Est-ce qu'on va avoir le temps et les moyens de donner des formations à ces enseignants?», a questionne le président de la FSE, Richard Bergevin.
Avec des informations de La Presse canadienne

