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Des étudiants dénoncent le projet du gouvernement d'interdire les salles de prière

Certains étudiants affirment avoir choisi Concordia précisément en raison de la présence d'une salle de prière bien établie.

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0023b3127824707b6b6d834eadb54a22f004d432fd0102a6bc98bd4b9ef89f12.jpg Un étudiant accomplit sa prière de l'après-midi dans une salle de prière à l'Université Concordia, à Montréal, le mercredi 26 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov (Christopher Katsarov/Christopher Katsarov | La Presse canadienne)

Des étudiants musulmans de l'Université Concordia, à Montréal, se disent profondément préoccupés par le projet du gouvernement du Québec d'interdire les salles de prière dans les établissements d'enseignement postsecondaire.

Selon eux, la salle de prière de l'Université Concordia est un lieu de rassemblement important pour la communauté musulmane, fréquenté par au moins 500 étudiants par jour.

Certains étudiants affirment avoir choisi Concordia précisément en raison de la présence, depuis de nombreuses années, d'une salle de prière bien établie.

«Le Québec que je connais est un Québec inclusif pour tous, où chacun se sent à l'aise, où chacun jouit de ses libertés, a déclaré Maryam Laoufi, conseillère à l'Association des étudiants musulmans de l'Université Concordia. Je trouve donc très inquiétant de nous retrouver dans cette situation.»

Le gouvernement du Québec doit déposer jeudi un projet de loi visant à interdire les salles de prière dans les institutions publiques, notamment dans les cégeps et les universités.

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Le nouveau projet de loi interdirait également la prière communautaire sur les voies publiques et dans les parcs, sauf avec l'autorisation de la municipalité. Les individus enfreignant cette interdiction s'exposeraient à des amendes pouvant atteindre 375 $, tandis que les groupes pourraient se voir infliger des amendes allant jusqu'à 1125 $. 

Il interdirait également le port du voile intégral, comme le niqab, pour les étudiantes des niveaux postsecondaires et étendrait l'interdiction des signes religieux aux personnes travaillant dans l'ensemble du système éducatif; des garderies aux collèges et universités, écoles privées comprises.

La législation imposerait également certaines restrictions au financement public des écoles religieuses privées subventionnées dans la province. Elle stipule que les écoles ne pourront pas obtenir l'accréditation si elles enseignent la religion pendant les heures de cours ou si elles sélectionnent leurs élèves ou leur personnel sur la base de critères religieux. 

Le projet de loi invoque la clause dérogatoire de la Charte afin de protéger la législation des contestations constitutionnelles. 

Les étudiants de Concordia estiment que ces mesures ciblent injustement la communauté musulmane et vont créer de nouveaux problèmes en les obligeant à trouver d'autres lieux de prière sur le campus.

Ines Rarrbo, étudiante de première année en génie mécanique à Concordia, a raconté qu'elle utilisait la salle de prière tous les jours depuis le début du semestre. 

«J'ai l'impression qu'elle crée un sentiment de communauté, a-t-elle affirmé. Chaque fois que j'y vais, il y a toujours du monde.»

Samy Khelifi, président de l'Association des étudiants musulmans, a expliqué que le groupe comptait plus de 5000 étudiants.

«Que va-t-il arriver à ces 5000 personnes si elles vont toutes prier un peu partout?, a-t-il demandé. De nos jours, les musulmans sont pris pour cible et stigmatisés pour tout ce qu'ils font.»

M. Khelifi a ajouté que la salle de prière de Concordia est également utilisée par des étudiants d'autres confessions, notamment des chrétiens et des juifs.