Pour la première fois depuis le début de la crise au Parti libéral du Québec (PLQ) causée par le congédiement d'une directrice de cabinet, Marwah Rizqy s'est exprimée publiquement dimanche en soirée peu avant le passage du chef libéral Pablo Rodriguez sur les ondes de Radio-Canada.
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, la députée de Saint-Laurent affirme qu'elle ne peut donner davantage de détails sur la situation actuelle.
«Je suis plus que consciente que les derniers jours ont placé ma famille politique dans une situation délicate et que les Québécoises, les Québécois, ainsi que toute la communauté journalistique ont plusieurs questions qui demeurent sans réponse», a débuté Mme Rizqy dans sa missive.
«Bien que tout au long de mon parcours politique je ne me sois jamais défilée et que j’ai toujours répondu à toutes les questions avec honnêteté, intégrité et transparence, je ne peux malheureusement le faire dans ce cas-ci», a-t-elle poursuivi.
Mme Rizqy parle du congédiement de sa directrice de cabinet Geneviève Hinse comme étant un dossier de «ressources humaines». Elle ajoute également que les lois ne «permettent pas à un employeur de commenter publiquement le dossier d’un ou d’une employé(e) sur la place publique».
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Elle soutient également qu'elle n'est pas à l'origine de la médiatisation de l'histoire et qu'elle a eu recours au service des ressources humaines de l'Assemblée nationale pour prendre sa décision.
Elle a aussi écrit qu'aucun de ses collègues n'avait été informé au préalable de sa décision. «C’est là la preuve que, d’aucune façon, je ne poursuivais quelconque visée politique», a-t-elle indiqué.
Selon Mme Rizqy, le chef libéral Pablo Rodriguez et le nouveau chef de l'opposition officielle André Fortin peuvent réembaucher Mme Hinse si les deux hommes jugent que sa décision n'est pas «la bonne».
«J’ai pleinement confiance aux différents processus»
Alors qu'elle fait face à une poursuite intentée par Geneviève Hinse qui lui réclame 500 000 $, Marwah Rizqy soutient que durant ses sept années en politique, elle a «travaillé avec rigueur, ardeur, sérieux, respect et avec la hauteur que commande la fonction de députée et l’institution qu’est l’Assemblée nationale du Québec».
«Cette hauteur nécessaire, c’est ce qui m’a gouvernée et me gouverne à chaque instant.»
Concernant les processus en cours, la députée indique qu'elle a «pleinement confiance» en ceux-ci. «Vous comprendrez que c’est dans le cadre de ces processus qu’il me sera permis d’apporter des réponses concrètes et documentées aux multiples questions qui se posent», ajoute-t-elle.
La députée de Saint-Laurent conclut sa déclaration en affirmant comprendre que sa position «en déçoive plus d’un(e)». Une position qui selon elle, est la «seule» qui est «raisonnable» et «juste dans les circonstances».
Cette déclaration écrite a été publiée peu avant le passage de Pablo Rodriguez à l'émission Tout le monde en parle diffusée à la télévision de Radio-Canada.
Rodriguez dit qu'il défend la liberté de presse
La sortie de Mme Rizqy s'ajoute à une semaine mouvementée pour le PLQ, lors de laquelle le «Journal de Montréal» a aussi publié des textos troublants en lien avec la course à la chefferie du parti.
Le Journal de Montréal a révélé des messages suggérant que des membres qui appuyaient M. Rodriguez lors de la course auraient eu des récompenses en argent. Les personnes à l’origine de ces textos ne sont toutefois pas nommées dans l’article.
Vendredi, M. Rodriguez a annoncé que son parti allait mettre en demeure le média.
Questionné par le coanimateur invité de la semaine à Tout le monde en parle, MC Gilles, sur la possibilité de «dérives» lorsqu'un chef de parti poursuit un média, M. Rodriguez a fait valoir qu'il défend la liberté de presse.
«Je veux toujours défendre une presse libre, autonome, non partisane», a dit M. Rodriguez, ajoutant qu'il ne demande pas les sources du «Journal de Montréal», mais qu'il veut connaître les noms des personnes impliquées dans les textos et que le journal démontre la véracité des messages.
M. Rodriguez a ajouté que si ces textos sont véridiques, les personnes impliquées seront exclues du parti.
Milliard et Blackburn soutiennent Rodriguez
Les candidats dans la course à la chefferie du PLQ Charles Milliard et Karl Blackburn ont aussi pris la parole sur les réseaux sociaux dimanche, réitérant leur soutien à M. Rodriguez. «Dès son élection, je me suis rallié derrière Pablo et j’ai continué de m’impliquer au PLQ. Je suis un homme de parti, a écrit M. Milliard. Mes énergies sont maintenant consacrées à mon travail d’enseignant universitaire. La situation actuelle fait mal à mon cœur de militant et je fais pleinement confiance au processus mis en place pour faire la lumière.»
M. Blackburn a pour sa part dit appuyer M. Rodriguez pour «passer au travers» de cette crise.
«Comme (Pablo Rodriguez), je souhaite que tout soit élucidé au plus vite pour que le PLQ reprenne son plan de match en vue du prochain scrutin», a-t-il affirmé.
Résumé d'une crise
La crise en cours au PLQ a débuté le 18 novembre dernier. Ce jour-là, Mme Rizqy a été suspendue du caucus libéral par Pablo Rodriguez.
Ce choix du chef libéral faisait suite au congédiement de la directrice de cabinet de Mme Rizqy, Geneviève Hinse. Mme Hinse est une proche de M. Rodriguez.
Mme Rizqy avait fait l'annonce de cette décision via un court message transmis à ses collègues.
Dans un communiqué, M. Rodriguez avait évoqué un «bris de confiance» entre lui et la députée de Saint-Laurent. N'étant pas élu, le chef du PLQ avait confié à Mme Rizqy le mandat d'occuper le poste de cheffe de l'opposition officielle jusqu'aux élections générales de 2026.
Le lendemain, le chef libéral ordonne une enquête externe concernant des allégations selon lesquelles des membres qui supportaient M. Rodriguez lors de la course à la chefferie auraient eu des récompenses en argent. Des textos dévoilés par le bureau d'enquête de Québécor sont au centre de cette affaire.
«On ne sait même pas si ces textos sont vrais ou non», avait affirmé le chef du PLQ. Il a également exhorté le Bureau d’enquête de Québecor à publier les noms associés aux messages.
Mercredi matin, Cogeco affirmait également que les deux personnes derrière ces mystérieux textos étaient la députée libérale Sona Lakhoyan Olivier ainsi que la députée caquiste Alice Abou-Khalil. Les deux élues ont rapidement démenti.
Pablo Rodriguez a indiqué que Mme Lakhoyan Olivier allait aussi envoyer une mise en demeure à Cogeco. Mme Abou-Khalil a fait la même chose plus tôt cette semaine.
Sona Lakhoyan Olivier a dit qu’elle avait hâte que son «nom soit blanchi».
«Vous ne pouvez pas ruiner des vies sans des preuves. Ça ne vient pas de moi», a-t-elle assuré vendredi.
Le jeudi 20 novembre, Geneviève Hinse a transmis une mise en demeure à Mme Rizqy.
«En contravention à la coutume constitutionnelle qui réservait au chef de parti cette prérogative, vous avez cavalièrement prétendu congédier madame Hinse de son poste de cheffe de cabinet, “notamment pour faute grave et rupture du lien de confiance”», avait écrit l’avocat de Mme Hinse, Jacques Jeansonne, dans la mise en demeure.
Le document demandait à la députée d'admettre publiquement l'absence de motif au congédiement.
Une poursuite a finalement été intentée contre la députée. Mme Hinse lui réclame 500 000 $.
Le dernier événement en date dans cette affaire avait eu lieu vendredi alors que Pablo Rodriguez a annoncé que le PLQ mettait en demeure le Journal de Montréal dans la foulée de la publication des textos.
Le chef libéral a dit vouloir connaître le nom des personnes impliquées et les numéros de téléphone associés aux textos. Il veut également que le média explique comment il a vérifié «l'authenticité et la véracité» de ces messages.
Interrogé vendredi au Noovo Info 17 concernant cette décision, il a soutenu qu'il est temps «d'arrêter de ternir la réputation des politiciens, simplement parce que ce sont des politiciens».
Il a d'ailleurs confirmé être prêt à aller en cour face au Journal de Montréal si ce dernier n'acceptait pas ses demandes.
Avec des informations de La Presse canadienne et de Noovo Info

