Alors que le Canada s'est engagé à investir 5% de son PIB dans la défense d'ici 2035, un expert estime que l'armée devra remédier à ses problèmes de pénurie de personnel et de faible taux de recrutement, et s'engager dans une réorganisation interne si elle veut réellement atteindre cet objectif.
Dans une entrevue accordée lundi à CTV Your Morning, David Fraser, analyste militaire de CTV et major-général à la retraite des Forces armées canadiennes (FAC), a affirmé que l'armée canadienne manquait «environ 16 000 personnes».
«Ils vont devoir procéder à une réorganisation interne considérable pour dépenser l'argent et commencer à réaliser ce que le gouvernement souhaite», a-t-il ajouté. «Cela ne se fera pas en quelques années.»
L'OTAN a récemment relevé ses prévisions en matière de dépenses de défense de 2% à 5% du PIB, tous les membres de l'OTAN, à l'exception de l'Espagne qui a obtenu une dérogation, s'engageant à respecter ce nouvel objectif. Le premier ministre Mark Carney a également annoncé le mois dernier que le Canada consacrerait 2% de son PIB à la défense d'ici la fin de l'exercice financier.
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Selon une étude Angus Reid publiée la semaine dernière, seule la moitié des Canadiens seraient prêts à s'engager dans un conflit armé. Malgré l'augmentation du nombre de recrues, les FAC ont du mal à atteindre leurs objectifs en matière d'effectifs.
L'étude a révélé que les jeunes sont les moins susceptibles de s'engager dans l'armée, seulement 43 % des Canadiens âgés de 18 à 34 ans se disant prêts à s'engager dans une fonction de combat au sein de l'armée.
M. Fraser estime que la solution pour recruter davantage de jeunes réside peut-être dans la source même du problème.
«Il faut écouter ce que cette population cible recherche en matière d'emploi», a-t-il dit, ajoutant que les FAC devront s'adapter pour «les attirer et les retenir», car elles sont en concurrence avec le secteur privé.
Actuellement, le ministère de la Défense nationale compte près de 63 500 soldats de la force régulière et 23 000 réservistes. Les efforts de recrutement ont porté leurs fruits, puisqu’entre le 1er avril 2024 et le 31 mars, on a enrôlé plus de 6 700 nouveaux membres dans les FAC, alors que son objectif était de 6 496. Cela représente une augmentation de 55% par rapport à l'année précédente et un record sur dix ans.
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Le ministère de la Défense nationale espère que de nouveaux efforts de recrutement permettront de porter l'effectif de la force régulière à 71 500 personnes et celui de la réserve à 30 000 personnes d'ici 2030. Pour faire face à cette augmentation du nombre de soldats, M. Fraser précise que de nombreux soldats expérimentés devront passer des tâches qui leur sont actuellement confiées à des fonctions davantage axées sur la «gestion de projets et la formation».
«Les forces armées doivent rationaliser leurs processus actuels pour les adapter à nos besoins réels.»
Le nombre élevé de recrues est un bon signe pour les FAC, mais le taux de rétention pourrait être plus révélateur de la faisabilité des objectifs de l'OTAN. Plus de 5 000 membres ont quitté l'armée en 2024 et plus de 4 200 l'année précédente.
Gaëlle Rivard Piché, directrice de la Conférence des associations de la défense et de l'Institut CDA, a déclaré à la Presse canadienne en juin qu'il y avait des retards dans la formation de base des nouvelles recrues, ce qui rend les gens «moins enclins à terminer leur formation et à devenir ensuite des membres actifs».
M. Fraser affirme que les FAC ont déjà du mal à assurer la formation des nouvelles recrues, car les civils qui s'engagent peuvent attendre un an avant d'être officiellement enrôlés, puis «deux ou trois ans pour suivre leur formation».
Pour attirer de nouvelles recrues, M. Fraser a souligné la nécessité de «se doter des équipements les plus récents», notamment «des navires, des avions et des véhicules à la pointe de la technologie», tels que les avions à réaction F-35 et les drones.
M. Fraser a également critiqué l'état des bases militaires canadiennes et des installations du MDN, affirmant que les FAC devront s'assurer que tout est en ordre afin d'attirer et de retenir de nouvelles recrues.
«Nous devons avoir des bases qui sont à la hauteur et qui ne datent pas des années 1950», a-t-il dit. «La rupture familiale est un problème important, car de nos jours, les deux partenaires travaillent, les enfants ont besoin d'être scolarisés et de soins médicaux.»
Avec des informations de la Presse canadienne

