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Le Canada et ses alliés de l'OTAN consacreront 5% de leur PIB à la défense d'ici 2035

La nouvelle cible est considérablement plus élevée que l'objectif précédent de 2%, fixé en 2014.

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Le premier ministre Mark Carney tient une conférence de presse de clôture avec la ministre des Affaires étrangères Anita Anand, à gauche, et le ministre de la Défense nationale David McGuinty, à droite, à l'issue du sommet de l'OTAN à La Haye, aux Pa... Le premier ministre Mark Carney tient une conférence de presse de clôture avec la ministre des Affaires étrangères Anita Anand, à gauche, et le ministre de la Défense nationale David McGuinty, à droite, à l'issue du sommet de l'OTAN à La Haye, aux Pays-Bas, le 25 juin 2025. (Sean Kilpatrick | La Presse canadienne)

Le premier ministre Mark Carney a annoncé mercredi que le Canada et ses alliés de l'OTAN ont convenu d'augmenter considérablement leur objectif de dépenses en matière de défense, le portant à l'équivalent de 5 % du PIB annuel d'ici 2035.

Lors d'une conférence de presse tenue au Sommet de l'OTAN à La Haye, M. Carney a fait valoir que le Canada ne peut plus compter sur sa géographie pour se protéger face à l'émergence de nouvelles menaces. Il a soutenu que la valeur dissuasive de l'alliance augmenterait à mesure que les membres se lanceraient collectivement dans un renforcement massif de leur défense.

«L'élément dissuasif de l'OTAN vient d'être considérablement renforcé et il est crucial ; nous le ressentirions vraiment si nous allions dans l'autre sens», a déclaré M. Carney.

Les membres de l'alliance ont approuvé mercredi un plan présenté par le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, qui prévoit qu'ils investiront 3,5 % de leur produit intérieur brut (PIB) national dans les besoins essentiels de défense – comme les avions et d'autres équipements – et 1,5 % supplémentaires dans des domaines connexes, comme les infrastructures et la cybersécurité.

La nouvelle cible de 5 % est considérablement plus élevée que l'objectif précédent de 2 %, fixé en 2014, que le Canada peine à atteindre depuis des années. Cet accord survient à la suite des demandes répétées du président américain Donald Trump, qui accuse depuis longtemps ses alliés de ne pas payer leur juste part.

Un mécanisme de révision en 2029

M. Carney a précisé que le nouvel accord porterait le budget annuel de la défense du pays à environ 150 milliards $. Questionné à savoir si la nouvelle cible de 5 % est trop élevée, M. Carney a précisé qu'un mécanisme de révision est prévu en 2029.

«Est-ce que c'est trop? On verra. On verra en 2029, parce qu'il y a un moment pour toute l'OTAN – c'est au sein de cet accord – de faire une revue du montant et de la division entre l'engagement industriel de la défense et le montant total», a expliqué le premier ministre.

«On verra, et si c'est trop à ce moment-là, si le 5 % est trop, on va le réviser.»

Selon les données de l'OTAN, le Canada a consacré 41 milliards $ à la défense en 2024, soit environ 1,4 % de son PIB. Plus tôt ce mois-ci, le premier ministre Carney a soutenu que le Canada augmenterait ses dépenses de défense afin d'atteindre l'objectif de 2 % cette année.

M. Carney a déclaré que l'augmentation des dépenses de défense stimulerait l'économie et a souligné que l'élément industriel de 1,5 % comprend les dépenses consacrées à l'exploitation des minéraux critiques, aux ports, aux aéroports et aux télécommunications, des projets que le Canada envisageait déjà de développer.

L'engagement ne prévoit aucune augmentation annuelle progressive des budgets de défense des pays membres, ce qui laisse au Canada une décennie pour atteindre cet objectif.

La prochaine élection présidentielle américaine aura lieu en 2028 et M. Trump est limité par la Constitution américaine à deux mandats seulement, bien qu'il ait envisagé d'en obtenir un troisième.

Le premier ministre Carney a déclaré mercredi qu'il n'était pas prêt à évoquer des coupes budgétaires pour compenser les nouvelles dépenses de défense, arguant que cette question ne se poserait pas avant des années.

«En fonction de l'évolution de la menace mondiale, si nous augmentons de plus en plus les dépenses de défense parce que c'est nécessaire, nous devrons alors réfléchir à ce que le gouvernement fédéral peut faire de moins dans certains cas et à la manière dont nous allons financer cela», a-t-il dit aux journalistes.

«Ces compromis interviendront vers la fin de la décennie et au début de la prochaine, et… il y aura un débat très clair et ouvert à ce sujet, fondé sur les faits et les souhaits des Canadiens.»

Le Canada n'a pas consacré l'équivalent de 5 % de son PIB à la défense depuis les années 1950 et, actuellement, aucun membre de l'OTAN — pas même les États-Unis — n'y consacre 5 %.

Avant la réunion de mercredi, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas et l'Allemagne s'étaient tous engagés à atteindre l'objectif de 5 %. Les pays de l'OTAN proches des frontières de l'Ukraine, de la Russie et du Bélarus se sont également engagés à le faire.

Certains pays, comme l'Espagne et la Slovaquie, ont exprimé certaines inquiétudes concernant cet objectif.

Des réunions bilatérales

Avant la réunion officielle du Conseil de l'Atlantique Nord de mercredi, M. Carney a tenu des réunions bilatérales avec le premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon et la première ministre estonienne Kristen Michal.

M. Carney a été aperçu en train de discuter avec plusieurs dirigeants présents lors de la réunion de mercredi, dont le président français Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer. La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, s'est également entretenue quelques minutes avec le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth.

M. Rutte a dit que la réunion intervenait à un moment dangereux, évoquant les guerres au Moyen-Orient et en Ukraine.

«Cette décision est profondément ancrée dans notre mission fondamentale et est nécessaire pour financer nos plans et notre préparation, a soutenu M. Rutte. Cela rendra également l'OTAN plus équitable, afin que chacun contribue équitablement à notre sécurité.»

«Pendant trop longtemps, un allié, les États-Unis, a porté une trop grande part du fardeau de cet engagement. Et cela change aujourd'hui», a-t-il affirmé, précisant que le président Trump «a rendu ce changement possible».

Avec des informations de l'Associated Press et de Kyle Duggan, à Ottawa

Catherine Morrison

Catherine Morrison

Journaliste