Elysia Bryan avait 34 ans lorsqu'elle a remarqué pour la première fois une grosseur dans son sein. C'était à l'été 2020 et sa carrière de consultante en santé et sécurité prenait son essor.
«J'ai attendu longtemps, en espérant que cela disparaisse», a-t-elle confié.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Mais ce ne fut pas le cas. Lorsque Bryan a finalement consulté son médecin, une mammographie diagnostique et une biopsie ont révélé que la grosseur qu'elle espérait voir disparaître était une tumeur cancéreuse.
Elle a été diagnostiquée avec un cancer du sein de stade 3.
En l'espace de deux semaines, elle a subi une tumorectomie pour retirer la tumeur.
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Son traitement, composé de huit cycles de chimiothérapie et de vingt-quatre séances de radiothérapie, a duré un an.
Elle a finalement décidé de subir une double mastectomie et une chirurgie reconstructive, car elle ne voulait pas revivre ce qu'elle avait traversé.
«Mon cancer a été détecté tôt. J'ai suivi un traitement très agressif, mais efficace, et je suis aujourd'hui en bonne santé et forte.»
Aujourd'hui âgée de 38 ans, Elysia Bryan est fière de se considérer comme une survivante du cancer. Elle est en rémission depuis trois ans et est ambassadrice de The Olive Branch of Hope, une organisation qui se consacre à la sensibilisation et au soutien des femmes noires touchées par le cancer du sein.
Alors que de nombreuses provinces canadiennes abaissent à 40 ans l'âge de l'auto-orientation vers les programmes de dépistage du cancer du sein, cette survivante du cancer devenue militante souhaite encourager les autres à se renseigner sur les règles en vigueur dans leur province et, si possible, à prendre rendez-vous pour une mammographie.
L'âge idéal pour commencer à dépister systématiquement les personnes présentant un risque moyen de développer un cancer du sein a fait l'objet de vifs débats.
En mai 2024, la Société canadienne du cancer a recommandé de commencer le dépistage à 40 ans et a exhorté les provinces à abaisser leurs seuils.
Quelques semaines plus tard, le Groupe d'étude canadien sur les services préventifs a déclaré que les personnes dans la quarantaine ne devraient pas subir de dépistage systématique du cancer du sein, mais que les femmes âgées de 40 à 49 ans devraient pouvoir passer une mammographie si elles en font la demande à leur médecin.
Dans son projet de recommandations, le groupe d'étude a souligné que les inconvénients, tels que le risque de biopsies inutiles et de surdiagnostic, pourraient l'emporter sur les avantages.
Ces recommandations ont été critiquées par les défenseurs et le ministre canadien de la Santé, ce qui a conduit à un examen externe qui a depuis appelé à la modernisation et à la réforme du groupe de travail.
«Allez passer le test. Allez-y même si vous avez peur. Faites-le. C'est en repoussant le dépistage et en ne le faisant pas que cela devient dangereux.»
La plupart des provinces et des territoires ont commencé à proposer un dépistage systématique du cancer du sein à partir de 40 ans. La Nouvelle-Écosse a été l'une des premières à adopter cette mesure, avec un programme existant depuis 1991.
De juillet 2022 à décembre 2024, 38% des femmes éligibles âgées de 40 à 49 ans se sont présentées spontanément pour passer une mammographie.
L'Ontario a introduit cette option en octobre 2024. Depuis ce changement, 155 000 personnes âgées de 40 à 49 ans ont été dépistées dans le cadre de ce programme, soit environ 15 % de la population féminine de l'Ontario dans cette tranche d'âge.
La Dre Belinda Curpen, radiologue et spécialiste en imagerie mammaire au Sunnybrook Health Sciences Centre de Toronto, a souligné qu'il était encore nécessaire de mieux informer le public sur les avantages du dépistage.
«En général, dans un programme de dépistage, nous visons à dépister 70% des femmes. Mais nous n'avons pas encore atteint cet objectif, en particulier pour les femmes âgées de 40 à 49 ans, car les directives ont fait l'objet de nombreuses controverses», a-t-elle expliqué.
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La Dre Curpen a souligné qu'il est particulièrement important de sensibiliser les femmes issues de milieux socio-économiques défavorisés ou d'origine asiatique ou africaine, des groupes ethniques chez lesquels l'incidence du cancer du sein est encore plus élevée.
«Souvent, elles ne reçoivent pas les informations nécessaires pour se faire dépister plus tôt», a-t-elle dit.
La Dre Jean Seely, professeure de radiologie à l'Université d'Ottawa et chef du service d'imagerie mammaire à l'Hôpital d'Ottawa, a précisé que sur les 20 000 personnes dépistées à l'hôpital, environ un quart des patientes sont âgées de 40 à 49 ans, soit un nombre similaire à celui des femmes âgées de 50 à 69 ans. Elle estime que c'est «une excellente nouvelle».
«Je diagnostique un cancer du sein à un stade précoce chez ces jeunes femmes, ce qui me rassure beaucoup, car je ne veux pas diagnostiquer de cancer du sein», a-t-elle ajouté. «Mais nous savons qu'il existe et je le détecte à un stade précoce chez ces jeunes femmes, ce qui est une excellente nouvelle. Cela montre donc les avantages du dépistage.»
Elle précise que les femmes de moins de 50 ans ne sont pas invitées à se faire dépister en Ontario pour le moment, donc «elles ne reçoivent pas de rappel de la province leur disant: "Vous avez 40 ans, vous devriez commencer à vous faire dépister"».


