Coincés à Punta Cana en République dominicaine depuis maintenant quatre jours en raison de la grève des agents de bord qui a touché Air Canada, un groupe de Québécois et de Québécoises ont dû refuser des vols de retour - prévus pour le 24 ou le 25 août prochain - parce que le transporteur aérien faisait voyager quatre enfants de six et moins, seuls.
Déjà choqué de voir leur voyage être prolongé aussi longtemps - et ayant eu des craintes pour la santé de certains, craintes maintenant écartées puisqu'ils ont trouvé les médicaments nécessaires, dont l'insuline -, le groupe de Serge Vandal a refusé le plan de vol d'Air Canada.
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«Ils [Air Canada] ont décidé qu'ils étaient seulement des noms ou des numéros. Ils ont décidé que mes quatre petits-enfants [âgés entre 1 an et 6 ans] allaient seuls à Toronto, qu'ils feraient une escale à Toronto à minuit, et qu'ils reviendraient seuls vers Montréal alors que les parents partaient à peu près le même jour, directement pour Montréal», a raconté M. Vandal à Noovo Info.
«Ce n’est pas trop agréable, je ne laisserai jamais mes enfants faire ça, ce n’est pas possible.»
Cette décision d'Air Canada de faire voyager de jeunes enfants seuls est d'autant plus surprenante qu'elle contrevient aux règles du service pour enfant non accompagné proposé par la compagnie.
«Ils n'ont pas vérifié, ils ont pesé sur le piton panique en se disant qu’il faut régler [la situation], ils n’ont pas été plus loin», estime Serge Vandal.
Le groupe de M. Vandal s'explique mal aussi pourquoi ils doivent attendre aussi longtemps pour revenir à Montréal - au 24 ou 25 août prochain notamment - alors qu'il semble y avoir «plusieurs places disponibles sur un vol direct» plus tôt.
L'un des membres du groupe a fait des vérifications jeudi matin et des places semblaient être disponibles.
«Il y a suffisamment de places disponibles les 21 et 22 pour nous permettre à tous de rentrer et mettre fin à ce cauchemar que nous vivons tous», peut-on lire dans un courriel – incluant des captures d’écran - acheminé à l'agence de voyages du groupe, dont Noovo Info a obtenu une copie.
Selon le Règlement sur la protection des passagers aériens, en cas d'annulation dû à une situation indépendante de la volonté du transporteur, ce dernier «fournit au passager, sans frais supplémentaires, une réservation confirmée pour le prochain vol disponible qui est exploité par lui, ou par un transporteur avec lequel il a une entente commerciale, suivant toute route aérienne raisonnable à partir de l’aéroport où se trouve le passager vers la destination indiquée sur le titre de transport initial et dont le départ aura lieu dans les quarante-huit heures suivant l’heure de départ indiquée sur ce titre».
Des frais de séjours élevés
Serge Vandal a fait le voyage jusqu'à Punta Cana avec sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et des amis(es) - une trentaine de personnes au total - pour célébrer un mariage. Arrivé en République dominicaine le 10 août dernier, le groupe devrait rentrer à la maison sept jours plus tard, le 17 août.
C'est la veille de leur départ qu'ils ont appris que leur vol était annulé en raison du déclenchement d'une grève des agents de bord d'Air Canada.
Depuis, les dépenses s'accumulent.
«C'est environ 380 dollars américains de plus par jour pour les couples. Nous sommes trois couples, le reste du groupe ce sont des familles de 3 ou 4 enfants. Ma fille, elle a quatre enfants, ça lui coûte environ 800$ par jour supplémentaire», a expliqué M. Vandal.
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Dans le groupe, il y a également des enseignants qui n'ont pas pu travailler cette semaine comme prévu.
«Ça brise le moral. C’est bien beau la piscine, le soleil et la plage – on ne peut même pas y aller, il y a trop d’algues – ça commence à être fatigant», a confié Serge Vandal.
Avec les politiques d'Air Canada, le groupe craint de ne pas être capable de se faire rembourser leurs dépenses imprévues.
«Les 3000$ ou 4000$ qu'on va dépenser de plus, c'est perdu», s'est attristé M. Vandal. Ce dernier a vérifié les modalités des compagnies des cartes de crédit qu'il possède et les deux entreprises lui auraient affirmé qu'il n'y avait aucune garantie en cas de grève.
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Serge Vandal et sa famille songent à participer au recours collectif visant le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) si jamais ce dernier va de l'avant. La demande d'autorisation a été déposée par le cabinet Lambert Avocats, qui représente un groupe de demandeurs, et elle vise à obtenir une réparation des dommages subis en raison de l’annulation des vols d’Air Canada depuis le 17 août 2025.»
«Mais, ça va prendre combien d’années avant que ça se règle ? On va avoir quoi après avoir payé les avocats ? On le sait bien que c’est de l’argent perdu. C’est beau d'être en vacances, mais elles commencent à être très dispendieuses...», a conclu Serge Vandal en précisant que le groupe s'entraidait en ce moment financièrement. «La famille et les amis(es), ça passe avant tout.»
Noovo Info a contacté Air Canada par courriel pour obtenir des précisions sur la situation de Serge Vandal et son groupe et était toujours dans l'attente d'une réponse au moment d'écrire ces lignes.
