Les résultats de l’élection partielle sont révélateurs, mais ceux de la précampagne et la campagne l’ont été tout autant.
L’élection partielle dans Arthabaska était inattendue. Une élection en plein été, vraiment? Et un vote par anticipation, durant les vacances de la construction en prime!
Cette élection nous permet toutefois de tirer plusieurs leçons utiles en vue de la rentrée parlementaire de septembre. Les résultats en soi sont évidemment intéressants, mais ceux de la précampagne et la campagne en tant que telle le sont également.
La précampagne: l’impressionnante capacité de recrutement du PQ
Avant même que le premier ministre François Legault ait finalement décidé de déclencher l’élection partielle (puisqu’il s’entête à ne pas instaurer des élections partielles à date fixe), le Parti Québécois annonçait le recrutement d’Alex Boissonneault.
Le candidat était morning man pour l’émission matinale de Radio-Canada dans la région de Québec. C’est un poste prestigieux, stable et, on s’en doute, doté d’un excellent salaire.
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Seriez-vous prêt à perdre cette situation professionnelle très enviable sans aucune garantie, simplement car vous croyez à une cause ? Alex Boissonneault, oui. Cela parle de l’authenticité des candidatures du Parti Québécois, mais plus largement, de la capacité du PQ à recruter des gens de qualité — pensons également à Catherine Gentilcore dans Terrebonne.
Ce n’est pas évident, en 2025, de convaincre des personnes compétentes avec d’excellents emplois de tout lâcher pour sauter dans le vide afin de possiblement devenir député alors que la population ne tient pas particulièrement les élus en haute estime.
Le PQ a toutefois réussi à démontrer qu’il peut le faire et le recrutement sera très important en route vers 2026 afin d’envoyer le signal qu’il possède une équipe solide.
La campagne: Legault absent
Mis à part au lancement de campagne, Legault n’a pas été sur le terrain durant toute la campagne. Ce n’est évidemment pas une coïncidence. Legault sait qu’il n’est pas populaire, et même que, pour la première fois, il est moins populaire que son parti.
Ce n’est pas la première fois qu’un chef est moins populaire que son parti, mais dans le cas de la CAQ, il s’agit d’une catastrophe.
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Tel que nous l’avons illustré dans notre ouvrage Le nouvel électeur québécois, l’appui à la CAQ est intimement lié à l’appréciation de François Legault (plus que ce qu’on observe pour les autres partis). Si « l’effet Legault » tombe, l’appui à la CAQ s’effondre.
Les résultats électoraux: où est l’effet Pablo Rodriguez?
La victoire du Parti Québécois sera certainement interprétée comme la continuité de la montée du parti. Le PQ confirme son statut de gouvernement en attente. Et surtout, l’indépendance du Québec n’agit plus comme un repoussoir.
Du côté d’Éric Duhaime et du Parti conservateur, le résultat semble confirmer que le parti fait face à un seuil difficile à franchir (même dans un contexte favorable) autour de 35 %. Dans notre mode de scrutin, cela ne pardonne pas.
Chez les libéraux, «l’effet Pablo Rodriguez» ne s’est pas matérialisé. Or, c’est précisément dans les circonscriptions francophones comme Arthabaska que le Parti libéral devra bien performer.
C’est un premier test échoué pour le nouveau chef. La reconquête de l’électorat francophone et la dé-montréalisation du parti s’annonce très difficile.
Pour la Coalition Avenir Québec et François Legault, difficile d’interpréter autrement cette cuisante défaite comme un signal d’insatisfaction clair. Le premier ministre doit certainement avoir hâte d’annoncer son remaniement ministériel, annoncé pour l’automne. Ce sera sa dernière chance de rebrasser les cartes, mais l’usure du pouvoir fait bel et bien son œuvre.
Québec Solidaire n’est plus sérieux et mérite le traitement du silence.
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