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Inondé deux fois en un an: «on va condamner le sous-sol», lance un propriétaire de Montréal exaspéré

«J'avais plus de chance de gagner la loterie que d’avoir deux inondations en un an.»

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Des propriétaires qui ont été inondés pour la deuxième fois en un an sont exaspérés Des propriétaires qui ont été inondés pour la deuxième fois en un an sont exaspérés

La pluie torrentielle de dimanche a transformé des rues de Montréal en véritable rivière, inondant du même coup des dizaines de résidences.

Sur la rue Belmont, dans Saint-Léonard, plusieurs propriétaires étaient en mode nettoyage lundi. Ils avaient de la difficulté à croire qu’ils vivaient une autre inondation à peine un an après les ravages qu’avait causés la tempête Debby.

Une des sinistrées du quartier, May Slim, avait justement rénové son sous-sol qui avait été inondé l’an dernier.

«J'avais plus de chance de gagner la loterie que d’avoir deux inondations en un an», dit-elle au micro de Noovo Info.

Elle indique qu'on a refusé de l’assurer après les dégâts causés par Debby et qu’elle a dû trouver un autre assureur, qu’elle paye maintenant le double.

«Si je voulais vendre aujourd’hui je ne pourrais pas, je ne peux rien faire. Je suis coincée ici», mentionne-t-elle.

Un autre propriétaire rencontré par Noovo Info a installé trois pompes dans sa résidence ainsi que plusieurs clapets pour prévenir les inondations, mais sa demeure a tout de même été touchée par les pluies diluviennes de dimanche.

«L’été prochain, on condamne le sous-sol. On va mettre à niveau, oublier les portes, construire un mur et on condamne le sous-sol», a-t-il lancé.

Sa femme mentionne qu’ils ne peuvent pas partir en vacances durant l’été en raison du stress causé par la météo.

«On va passer la semaine à regarder les annonces météo et à être stressé tout le temps», explique-t-elle.

Les résidents sont à bout de ressources. Une femme de 87 ans a d’ailleurs tenté de construire un mur de béton pour se protéger des inondations, mais ça n’a pas suffi pour empêcher l’eau d’entrer.

Cette dernière s’est d’ailleurs effondrée en larmes dans les bras de Soraya Martinez Ferrada, candidate à la mairie de Montréal pour Ensemble Montréal.

Selon Mme Martinez, il faut absolument activer la rénovation du collecteur. C'est un projet qui est déjà prévu au budget de la mairesse Plante, mais pour 2030 seulement.

«La Ville ne change pas les collecteurs, donc il y a des investissements d'infrastructures d'égouts qui sont importants à faire ici», souligne Mme Martinez en conférence de presse.

L’administration Plante rappelle toutefois que de changer les tuyaux de la ville ne réglera pas nécessairement le problème.

«Il y a quand même un mythe autour de ça, que si on vient puis on change les égouts comme par miracle, ça serait réglé. Mais ce n'est pas vrai. Le système marche en réseau, alors on agrandit le collecteur, mais si tous les autres tuyaux le long des rues sont petits, ça va prendre 20 ans», a expliqué Maja Vodanovic, responsable de la gestion de l’eau et des égouts au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Jean-Luc Martel, professeur au département de génie de la construction à l’École de technologie supérieure, est d’accord avec l’administration Plante et soutient que de grossir les tuyaux et les conduites d’égout n’est pas la stratégie à privilégier pour améliorer la situation.

Selon lui, les parcs résilients, les toits verts ou les toits bleus tout comme les jardins de pluie sont des stratégies qui permettent de retenir l’eau efficacement.

«Il faut réussir à retenir l’eau où est-ce qu’elle tombe avant de l’envoyer à l’égout, parce qu’une fois que l’eau est arrivée à l’égout il est trop tard», explique-t-il.

Quoi qu'il en soit, les citoyens sont exaspérés et comptent se présenter lors de la séance publique du conseil municipal de Saint-Léonard le 4 août prochain et se mobiliser aussi pour s'immiscer dans la campagne électorale.

Voyez le reportage de Véronique Dubé dans la vidéo.