Environnement

Inondations à Montréal : «une petite pause avec les pistes cyclables» pour investir dans les égouts?

Soraya Martinez, candidate à la mairie de Montréal, lance des promesses au lendemain de pluies torrentielles et inondations.

Mis à jour

Publié

Des propriétaires qui ont été inondés pour la deuxième fois en un an sont exaspérés Des propriétaires qui ont été inondés pour la deuxième fois en un an sont exaspérés

Dans une sortie à saveur électorale au lendemain pluies torrentielles qui ont inondé de nombreux sous-sols montréalais, la candidate d’Ensemble Montréal à la mairie aux prochaines élections municipales a lancé une flèche vers l’administration de la mairesse, Valérie Plante, sur sa façon de gérer les infrastructures de la ville.

«Entre vous et moi, il serait temps de faire une petite pause avec les pistes cyclables et investir dans les égouts», a déclaré Soraya Martinez dans un point de presse à Saint-Léonard, un des quartiers montréalais les plus vulnérables aux inondations et les plus affectées par les intempéries de la veille.

En chiffres réels, le budget 2024 de la Ville de Montréal prévoyait 300 millions $ d'investissements pour le Réseau express vélo (REV) et le réseau cyclable jusqu'en 2033, ce qui inclut l’expansion de son réseau de pistes cyclables aux quatre coins de l’île jusqu’en 2027 afin d’offrir de nouvelles options de mobilité actives et sécuritaires aux citoyens. À titre comparatif, 6,1 milliards $ seront consacrés aux infrastructures de l’eau à Montréal jusqu'en 2033.

La cheffe du parti de l’opposition à l’hôtel de ville a tenté un détour à vélo pour écorcher ce qu’elle conçoit comme des délais indus dans l’amélioration de la capacité des collecteurs d’égoût; ces installations qui permettent d’évacuer les eaux pluviales, entre autres.

Pour Soraya Martinez, ce que des citoyens vivent aujourd’hui est «vraiment catastrophique». L’adversaire de Luc Rabouin – le successeur de Valérie Plante à la tête de Projet Montréal – fait du lancement de ces travaux d’infrastructure des égouts une promesse de son administration.

 «Ça fait des années qu’on demande des collecteurs», et il faut en «doubler la capacité», selon elle.

«C’est vraiment difficile, en pleines vacances, de se retrouver encore les pieds dans l’eau, les meubles dans l’eau.»
- Soraya Martinez, candidate d’Ensemble Montréal à la mairie

Si Mme Martinez est élue mairesse, elle promet de lancer le projet de collecteurs dès 2026, mais ne se commet pas immédiatement dans un échéancier pour le compléter – quoiqu’elle avance que ce n’est pas impossible de régler le dossier «en dedans d’un an». «Ça implique des travaux d’ingénierie importants, vous allez pas nous aimer parce que les rues vont être barrées un petit bout, mais on s’entend que ça prend du temps à construire.»

Un calendrier d’un an? L’administration Plante n’est pas dans le même intervalle dans ces calculs, parce que «l’eau cherche toujours un chemin», a dit la mairesse dans un point de presse, également à Saint-Léonard.

«On ne peut pas avoir l’idée qu’on change des tuyaux et qu’il n’y aura plus d’inondations», a déclaré Mme Plante, qui ne se présentera pas aux prochaines élections.

«Oui, le collecteur va être changé, ça va coûter 150 millions, mais ça va prendre des années», a renchéri Maja Vodanovic, mairesse de Lachine et responsable de l’eau au sein du conseil municipal.

De toute façon, contenir toute l’eau, «ce n’est pas parce qu’on veut pas, c’est parce que c’est impossible», a insisté Mme Vodanovic. «Les gens doivent se protéger.»

Le parti Projet Montréal préfère se concentrer sur l’infrastructure «verte» plutôt que sur la «grise». «Depuis mon arrivée, 11 parc-éponges ont été déployés», a compté Mme Plante. «C’est déjà bon, mais il faut aller plus loin. Il y en a 19 autres qui vont s’ajouter et ça va augmenter substantiellement la capacité de retenir l’eau.»

Soraya Martinez croit pourtant que «des parcs-éponges et des bassins de rétention ne vont pas régler des problèmes de pluie torrentielle».

Le fameux programme RénoPlex

Mme Martinez promet également de prioriser la question des inondations à l’intérieur du programme RénoPlex. Selon la cheffe d’Ensemble Montréal, ce programme de subventions accordées aux citoyens pour permettre de garder en bon état les bâtiments d’un à cinq logements et de les rendre plus résilients face aux changements climatiques ne priorise pas les inondations.

Pourtant, en juin 2024, la Ville de Montréal a réduit le montant minimum de subvention à 500$ pour les travaux effectués par les propriétaires admissibles au programme RénoPlex, en cas d'inondations dans leurs bâtiments.

Mme Martinez, qui dit avoir résidé dans Saint-Léonard, Saint-Michel, Hochelaga-Maisonneuve et avoir été inondée elle-même à quatre reprises, «a concédé qu’il y avait une teinte électorale à ces promesses, «pour donner aux citoyens un choix».

«Le choix que les citoyens vont avoir, c‘est d’avoir une équipe qui veut prioriser des projets qui ne sont pas juste beaux sur papier», a-t-elle dit. «On ne pourra pas développer Montréal si on ne s’occupe pas de nos infrastructures.»

Avec de l'information de Laurie Gervais pour Noovo Info.