Justice

Fillette martyre de Granby: le fil des événements

Que s’est-il passé lors de ces terribles années?

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Fillette martyre de Granby: le fil des événements Fillette martyre de Granby: le fil des événements

Il y a six ans maintenant, une fillette de 7 ans rendait l’âme après avoir été retrouvée dans un état critique, elle qui avait subi plusieurs sévices dans son domicile à Granby.

Ce décès avait fortement ébranlé le Québec et mis en lumière les graves problèmes au sein de la Direction de la protection de la Jeunesse (DPJ).

Que s’est-il passé lors de ces années? Noovo Info a dressé le calendrier des dates marquantes de l’un des pires drames familiaux de l’histoire de notre province.

Avril 2019

La fillette de 7 ans est retrouvée dans un état critique dans une résidence de Granby. L’enfant, qui avait subi plusieurs sévices, succombe à ses blessures le lendemain matin.

Le père et la belle-mère de la fillette martyre sont arrêtés par les autorités pour faire face à plusieurs chefs d’accusation.

Mai 2019

Une autopsie a été faite les 1 er et 2 mai 2019 au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) à Montréal. Le gouvernement confirme par ailleurs que la fillette était connue de la DPJ, alors que son dossier était évalué. Le ministre Lionel Carmant annonce trois enquêtes en lien avec ce drame.

Les funérailles de la fillette de Granby prennent place. La tristesse, la colère et la consternation sont au rendez-vous.

Archives | La Presse canadienne (Archives | La Presse canadienne)

Le gouvernement confie à Régine Laurent le mandat de mener une commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse.

Juin 2019

En plus de l'enquête policière, une enquête interne est déclenchée au CIUSSS de l’Estrie et une autre par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

Décembre 2019

La Commission Laurent dépose ses premières recommandations:

  • Un système provincial d'avis de grossesse
  • Favoriser l'accès aux CPE pour les familles plus vulnérables
  • Mieux financer les organismes communautaires familles

Mars 2020

Un nouveau cas de maltraitance d'enfants à Granby est médiatisé au Québec. Quatre enfants ont vécu dans des conditions insalubres pendant des mois, alors que la DPJ Estrie évaluait le dossier.

Le même jour, la DPJ de l’Estrie est mise sous-tutelle par le gouvernement du Québec.

Avril 2020

Un an après la mort, la moitié des intervenants de la DPJ de l’Estrie estime que leurs conditions de travail se sont détériorées dans la dernière année, selon un sondage mené par leur syndicat.

Avril 2021

Près de deux ans après le décès de la fillette de Granby, la Commission Laurent dépose son rapport au gouvernement. Adopter une charte des droits de l'enfant et créer une fonction de commissaire au bien-être et aux droits des enfants sont parmi les points clés.

Parallèlement aux travaux de la commission, les démarches judiciaires poursuivent leur cours.

Décembre 2021

La belle-mère de la fillette est reconnue coupable de séquestration et de meurtre non prémédité de la fillette. Elle écope d’une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans.

Le père a plaidé coupable au chef de séquestration. 

Janvier 2022

Le mois suivant, le père de la fillette écope de quatre ans de prison pour avoir séquestré sa fille.

La conjointe du père a déposé un avis d’appel du verdict et du délai avant d’être admissible à une libération conditionnelle. 

Avril 2023

Le père de la fillette demande une libération conditionnelle. Le tout lui est refusé.

Septembre 2023

Le père va en appel de cette décision. Son appel est rejeté. La cour considère qu'il est un danger pour la société en semi-liberté.

Octobre 2023

Le ministre Lionel Carmant présente le projet de loi 37 visant la création d'un poste de commissaire au bien-être et aux droits des enfants qui va se consacrer aux jeunes de 0 à 25 ans qui ont été pris en charge par la DPJ, une recommandation phare du rapport Laurent.

Décembre 2023

Le père obtient finalement une libération conditionnelle.

Février 2024

Des consultations et des auditions publiques ont lieu sur le projet de loi 37. Plusieurs institutions et organismes ont présenté des mémoires. À ce jour, le poste n'a toujours pas été pourvu.

Avril 2024

L’histoire de la fillette devait faire changer les choses à la DPJ, soit diminuer les listes d’attente afin qu’aucun enfant ne passe entre les mailles du filet.

Mais en avril 2024, 650 dossiers étaient en attente d’évaluation à la DPJ de l’Estrie. Des chiffres comparables à 2019, où on en recensait 785.

Mai 2024

Le père de la fillette martyre de Granby s'est vu accorder une libération d'office par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) le 29 avril, quelques mois après avoir obtenu sa semi-liberté. Dans sa décision, dont Noovo Info a obtenu copie, la CLCC indique que l'ex-détenu a «un risque de récidive générale faible» et on estime que sa «dangerosité sociale» est «faible». Il devra toutefois respecter de nombreuses conditions. Il recouvre sa liberté en mai.

Septembre 2024 

La Cour d'appel du Québec a entendu la demande de la belle-mère de la fillette martyre de Granby, qui a été condamnée pour meurtre au second degré et séquestration. Elle souhaite ainsi obtenir un nouveau procès.

Mars 2025

Le 17 mars 2025, la Cour d’appel a confirmé le verdict de meurtre au second degré ainsi que la peine de prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans pour la belle-mère de la fillette. Une demande d’autorisation d’appel à la Cour suprême du Canada a pris fin le 17 mai suivant et aucune demande n’a été déposée. 

Septembre 2025

Le bureau du coroner a dévoilé le rapport de Me Géhane Kamel sur la mort de la fillette martyre de Granby. Dans sa conclusion, la coroner Kamel cite les problèmes de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans les facteurs qui ont contribué à la tragédie, mais affirme que «la DPJ ne peut être seule à porter la responsabilité du bien-être des enfants ni à être blâmée lorsque survient un échec». 

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En sachant que tous sont en quelque sorte impliqués dans la mort de la petite Clara, la coroner Kamel émet 12 recommandations à la suite des événements – la plupart au ministère de la Santé, mais elles ratissent large. Selon la coroner Kamel, il faut d’abord mieux protéger les enfants.

Voyez le reportage de Fanny Lachance-Paquette dans la vidéo