L’autorisation du tribunal mardi d’exhumer la dépouille de Maxime Ottawa, un bébé atikamekw qui manquait à l'appel depuis 71 ans, est une preuve que la Loi 79 fonctionne, selon le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations, Ian Lafrenière.
«Aujourd'hui, on est rendus à l'étape où on va parler d’exhumation, ce sera la quatrième. À chaque fois c'est extrêmement sensible», a indiqué le ministre en entrevue avec Noovo Info.
La Loi 79 est une loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d’enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d’une admission en établissement. Elle est en vigueur depuis septembre 2021.
Ce dernier salue notamment le travail de l’équipe de l’association Awacak et la Direction de soutien aux familles pour leur travail.
Le bébé atikamekw est décédé en 1954 et a été enterré dans une fosse commune du cimetière Saint-Charles à Québec. Avec Maxime, treize autres corps étaient entassés sur trois lots, tous des autochtones, la plupart des enfants.
Le bambin avait quitté la communauté de Manawan pour être envoyé à l’hôpital pour des irritations cutanées. Ses parents n’ont jamais pu l’accompagner et ont attendu deux ans avant d’être mis au courant de son décès, mais n’ont jamais su où Maxime avait été enterré.
Après des années de recherches, la famille Ottawa pourra finalement ramener Maxime à Manawan. Le bébé sera probablement exhumé au cours des prochaines semaines, avant le début des premières neiges.
Selon le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Francis Verreault-Paul, l’exhumation de bébé Maxime aura un effet d’entraînement pour plusieurs familles qui cherchent toujours des réponses.
«Ce type de trauma générationnel, je pense que ça prend plusieurs générations à pouvoir guérir», dit-il.
«Reconnaître le racisme systémique»
Pour le chef de Manawan, Sipi Flamand, les circonstances derrière la mort de Maxime et où il a été enterré sont d’autres preuves que le racisme systémique existe depuis longtemps dans le réseau de la santé. Il demande d’ailleurs au gouvernement de le reconnaître.
«Je pense que le gouvernement devra revoir sa position sur ses relations avec les Premières Nations. On est encore dans une réalité où les peuples autochtones des Premières Nations et les Inuits sont considérés comme une population mise de côté. Alors le gouvernement doit être ouvert à un dialogue et évidemment reconnaître le racisme systémique», souligne-t-il.
Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire (QS) pour les relations avec les Premières Nations, est d’accord avec M. Flamand.
«Ça existe, c'est là, c'est présent, je ne sais pas pourquoi la CAQ s'y refuse», dit-elle.
De son côté, le ministre Lafrenière estime que les actions du gouvernement prouvent qu’il n’y a pas de racisme systémique au Québec.
«Vous savez, c'est si la réponse était la même sans action, ça serait insupportable et je n’aurais plus ce poste-là», indique-t-il, ajoutant que l’utilisation du terme «racisme systémique» crée de la polarisation.
Propos controversés de Maxime Bernier
Dans une publication très controversée mardi du chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier a nié l'existence d'un génocide autochtone. Une déclaration que condamne fermement l’APNQL.
«Je condamne fermement ses propos révisionnistes et incendiaires. J’appelle également l’ensemble des partis politiques à faire de même», a dit Francis Verreault-Paul par communiqué. «Les propos de M. Bernier sont non seulement faux, ils sont violents. Ils blessent la mémoire des enfants disparus, insultent les survivants et ravivent des douleurs encore présentes dans nos communautés.»
Selon l'APNQL, ces déclarations sont «une distorsion flagrante de faits historiques bien établis». «Il ne s’agit pas d’une position politique légitime, mais de propos attisant la division et la haine, relevant d’une rhétorique extrémiste qui n’a pas sa place dans une société engagée envers la justice, la vérité et la réconciliation», indique-t-on par communiqué.
«Utiliser cette tribune pour minimiser ou nier cette réalité est néfaste, non seulement pour les survivants et leurs familles, mais aussi pour tous les Canadiens qui oeuvrent à la réconciliation et à la guérison.»
D'ailleurs, la ministre fédérale des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, a déploré les propos de M. Bernier dans une lettre ouverte où elle fait part de sa déception et sa tristesse. «Vos paroles ignorent les expériences vécues par des milliers d'enfants et de familles dont la vie a été brisée par le système des pensionnats», a-t-elle mentionné dans sa lettre ouverte.
«Je dénonce vos propos de la manière la plus ferme qui soit. Ils ne témoignent ni d'humilité ni de respect ni de l'honnêteté exigée de quiconque prétend parler au nom des Canadiens», a ajouté la ministre Mandy Gull-Masty. «J'ai de la peine pour vous en constatant que vous êtes à l'aise de blesser autant de gens - c'est véritablement honteux.»
L’APNQL et le Conseil des femmes élues demandent ainsi à Maxime Bernier de présenter ses excuses aux survivants, à leurs familles et à l’ensemble des Premières Nations.
Voyez le reportage de Marie-Claude Paradis-Desfossés dans la vidéo.
En collaboration avec Audrey Bonaque pour Noovo Info

