Politique

Le Canada peine à appliquer les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation

«Il nous faudra 150 ans pour changer la situation, [mais] en 10 ans, nous avons accompli un travail considérable.»

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Niigaan Sinclair parle de son défunt père, Murray, sur scène lors d'une cérémonie commémorative en son honneur, à Winnipeg, le dimanche 10 novembre 2024. Niigaan Sinclair parle de son défunt père, Murray, sur scène lors d'une cérémonie commémorative en son honneur, à Winnipeg, le dimanche 10 novembre 2024. (Ruth Bonneville | Pool- La Presse canadienne)

Une décennie après que la Commission de vérité et réconciliation a publié 94 appels à l'action, le Canada a encore un long chemin à parcourir pour remédier aux conséquences du système des pensionnats sur les peuples autochtones.

«Réfléchissez-y : il nous a fallu 150 ans pour en arriver à cette relation dysfonctionnelle et toxique qui est très problématique», a lancé Niigaan Sinclair, professeur d'études autochtones à l'Université du Manitoba, à l'émission Your Morning de CTV lundi. «Il nous faudra 150 ans pour changer la situation, [mais] en 10 ans, nous avons accompli un travail considérable.»

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

M. Sinclair est écrivain, militant et fils de l'ancien juge et sénateur Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation de 2009 à 2015, date à laquelle le rapport final a été publié. Murray Sinclair est décédé en 2024 à l'âge de 73 ans.

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Selon l'organisation à but non lucratif Indigenous Watchdog, 40% des 94 appels à l'action de la commission n'ont pas été mis en œuvre ou sont actuellement au point mort.

À ce jour, seuls 14 de ces appels à l'action ont été menés à bien, notamment la nomination d'un commissaire aux langues autochtones et l'instauration d'un jour férié. Également connue sous le nom de «Journée du chandail orange», la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a lieu le 30 septembre.

«Les jeunes enfants, les étudiants... ils comprennent parfaitement qu'il s'agit d'une question cruciale», a expliqué Niigaan Sinclair. «Il faut placer les peuples autochtones au centre de chaque question économique, de chaque question environnementale et de chaque avancée dans ce pays.»

Selon Indigenous Watchdog, parmi les appels à l'action restants, 42 sont en cours, 22 sont au point mort et 15 n'ont pas encore été lancés. Aucun des appels à l'action concernant le bien-être, l'éducation et la santé des enfants n'a été mené à bien.

«Certains appels à l'action, environ les trois quarts, ne seront jamais menés à bien, ils seront permanents», a indiqué M. Sinclair. «La santé, le bien-être des enfants, ce sont des tâches permanentes.»

M. Sinclair affirme que dans des domaines tels que l'éducation, il constate encore des progrès importants, qu'il attribue en grande partie au leadership de l'ancien premier ministre Justin Trudeau.

«Même s'il a commis de nombreuses erreurs pendant son mandat et qu'il a peut-être connu autant d'échecs que de succès, Justin Trudeau a été le premier premier ministre à se soucier réellement de s'engager de manière significative dans les questions autochtones», a dit le professeur. «Tous les premiers ministres qui l'ont précédé, y compris son propre père, ont été nuisibles et cruels.»

CTVNews.ca a contacté le ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada pour obtenir des commentaires, mais n'a pas reçu de réponse avant la publication de cet article.