On le sait, des commerces québécois en alimentation sont des récidivistes de l’insalubrité dans la mire des autorités, mais d’autres marchés savent comment bien gérer la fraîcheur de leurs produits dans le respect des règles sanitaires et en limitant le gaspillage alimentaire – au grand plaisir de consommateurs avertis qui n’ont pas peur de la date «meilleur avant».
Êtes-vous l’un d’eux? Ces citoyens comprennent que leurs aliments sont encore bons à la consommation quelque temps après cette date, au contraire d’une date de péremption d’un produit qui ne laisse, elle, aucune place à l’interprétation.
Au lieu de jeter les étiquettes et de réemballer les produits frais périmés avec une fausse date d’expiration, comme l’ont déjà fait certains marchés montréalais frappés d’amendes de plusieurs milliers de dollars de la part du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et l’Alimentation du Québec (MAPAQ), l’épicier Liquidation Marie use d’une autre ruse – légale, celle-là.
Le concept: la veille de la date de péremption des aliments, on congèle et on réduit le prix. Par exemple, un kilo de bacon qui était vendu frais, mais retrouvé congelé par Noovo Info en septembre dernier, était achetable 8,88 $ au lieu de 18 $.
«Un poulet frais qui a une date de péremption – ça, quand c’est pu bon, c’est pu bon», a expliqué Marie-Ève Breton de Liquidation Marie à Noovo Info au début de l’automne 2025. Son entreprise venait d’ouvrir une huitième épicerie. Une viande fraîche, un steak, ça a une date de péremption.»
Pour le reste, pas besoin de galipettes: un Montréalais rencontré dans un marché est heureux d’avoir mis la main sur un gros pot de yogourt qui n’a plus que 10 jours avant sa date «meilleur avant» pour 1,33 $, soit une fraction du prix régulier.
«Une boîte de céréales, des craquelins, d’autres produits secs comme le riz, ou encore le miel, les tartinades… Ça ne veut pas dire que ce n’est plus bon après» la date «meilleur avant», dit Marie-Ève Breton. Voilà qui fait écho à une campagne de Recyc-Québec qui tente d’éduquer le consommateur sur les différences entre la fraîcheur des produits et leur date de péremption, histoire de limiter le gaspillage alimentaire.
«Les compagnies, à la fabrication de l’item ou du produit, garantissent leur fraîcheur entre six et huit mois une fois produit.»
L’entreprise s’est trouvé des façons de jouer sur cette ligne de façon tout à fait sécuritaire. Liquidation Marie «travaille beaucoup le fruit et légume de catégorie 2». «Moi, j’aime ça l’appeler le produit moche», avoue Marie-Ève Breton.
«Le sac de tomates cerises, on le vend 1 $ le sac au complet», continue-t-elle. «Il y en a peut-être trois ou quatre dedans qui sont moins fraîches. On les retire; le reste du sac reste, somme toute, très consommable. Même principe pour des raisins, des fraises, des framboises.»
Sylvain Charlebois salue ce «sauvetage alimentaire», tandis que les familles canadiennes jettent en moyenne 246 $ de nourriture par année en raison des dates d’expiration, comme il l’a découvert dans une récente étude qu’il a conduite.
«Les dates meilleur avant, c’est vraiment au niveau du détail et des ménages mais, en amont de la chaîne, il y a beaucoup de travail à faire», croit le professeur à l’Université Dalhousie d’Halifax et directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire
«En raison du fait qu’il y a une soif pour des aubaines au détail, […] il y a un système qui émerge actuellement», ce qui est salutaire, selon M. Charlebois.
Recyc-Québec va plus loin dans sa campagne de sensibilisation: selon des données prépandémiques, les ménages canadiens jetaient en moyenne 1300$ de nourriture comestible chaque année. Et les experts estiment que ce chiffre serait nettement plus élevé aujourd’hui en raison de l’inflation. Au Québec, 1,2 million de tonnes d’aliments sont perdues ou gaspillées.
Des entreprises comme Liquidation Marie tentent de contribuer à renverser la vapeur.

