Que se cache-t-il au fond de certaines de nos épiceries, marchés et dépanneurs? La vermine s'infiltre partout où il y a des issues. Il peut être excessivement difficile de s’en débarrasser, mais certains commerces ne s’aident pas, a constaté Noovo Info dans l’enquête qui suit.
Avertissement: le contenu photographique et vidéo de cette enquête pourrait ne pas convenir à tous les auditoires.
Même dans les succursales de grandes bannières comme Walmart et Couche-Tard, on retrouve des sacs de chips et des barres de chocolat rongés, ou encore des excréments de souris, comme on peut le voir sur des photos obtenues par Noovo en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Ce sont parfois des animaux morts.

Ces chaînes n'ont toutefois pas le plus grand taux de récidive dans les dossiers du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) – quoique «les épiceries [aux] marges de profit très basses, ce ne sont pas les premières à dépenser plus d'argent sur la gestion parasitaire», note Sean-Michael Beowulf-Jourdain de Royal Extermination en entrevue avec Noovo Info.
Voici certains des commerces récidivistes de l'insalubrité à Montréal ces dernières années. (Cliquez ici si vous avez du mal à visualiser la carte)
Insalubrité: des milliers de dollars en amendes du MAPAQ
Bilal Bakar possède deux épiceries, soit les marchés BKR. Les deux supermarchés de M. Bakar ont été condamnés à 25 000 $ en amendes depuis 2025 pour différentes infractions, incluant la présence de souris dans leur enceinte.
M. Bakar possède aussi un abattoir au Centre-du-Québec. Les inspecteurs y ont constaté de la cruauté animale, mais aussi des installations en mauvais état.

Chez Ram Sweet Shop, une boutique de sucreries et collations indiennes, le problème est toujours avec des rongeurs, mais le MAPAQ enregistre souvent l’infraction suivante: du matériel laissé sur le plancher.
Des contenants sans couvercle et des plaques à dessert laissés directement sur le sol, même si des souris ont déjà été repérées dans l'établissement…

Lors du passage de Noovo Info à l’été 2025, il y avait encore des contenants sans couvercles à même le plancher.
Les marchés Newon ont aussi été condamnés pour présence de rats au cours des dernières années, mais aussi pour la présentation d’aliments en suspension à la mauvaise température.
En 2021, tandis que le Québec tentait de se relever de la pandémie de COVID-19, ce commerce a importé du sang de canards en provenance de la Chine, ce qui a forcé le MAPAQ à détruire les paquets dans un centre d'enfouissement international pour prévenir l'introduction de la grippe aviaire au pays.
Une amende a été imposée au Marché Newon en 2025 pour avoir fourni des informations trompeuses sur un produit.
Chez G.B. La référence, on peut acheter des aliments, mais aussi des produits de beauté. L'entreprise a été condamnée en 2022, non pas pour des problèmes de souris, mais des problèmes de rats.
«La nuit, des rongeurs se promènent sur des aliments vont être consommés par la suite. Les excréments des rongeurs peuvent aussi contaminer. Pour pour nous, la présence de rongeurs, c'est automatiquement un danger imminent. Ça nécessite une action pour gérer l'infestation.»

En réaction à ce qu’a trouvé Noovo Info dans la documentation du MAPAQ, le propriétaire de G.B. La référence a refusé de commenter en nous menaçant de poursuites judiciaires, mais a aussi dit qu’il en avait ras-le-bol des inspections des autorités sanitaires; que le ménage a été fait.
Le défi d’éradiquer la vermine
Pourtant, ce n’est simple de faire le «ménage» d’un commerce infesté de rats, nous dit Royal Extermination, une fois que les bêtes se sont frayé un chemin en sortant des égouts.
Pour les éliminer, il faut souvent creuser et excaver après avoir fait des tests de fumée, nous indique l’exterminateur Sean-Michael Beowulf-Jourdain.
Et «on n'a pas le droit d'utiliser du rodenticide dans des établissements qui vendent la nourriture», ajoute-t-il.
«On n'a pas le droit d’utiliser des trappes qui vont snapper le rongeur», continue M. Beowulf-Jourdain, de peur que du sang éclabousse les aliments.
Que reste-t-il donc à faire, dans ce cas?
«C’est con à dire, mais la dernière option qui reste viable, c'est des pièges collants pour attirer le rongeur, surtout le rat, à aller dessus.»
Mais cette option demeure difficile à concrétiser, parce que le rat est «un des animaux les plus intelligents», prévient l’exterminateur. «Il faut l'attirer avec de la nourriture, alors qu'il a la nourriture partout en liberté dans les supermarchés. Ça reste extrêmement compliqué.»
Selon Sean-Michael Beowulf-Jourdain, il faudrait que le MAPAQ autorise des experts comme lui à employer «plus de solutions, plus efficaces».
Récidivistes de l’insalubrité: que fait le MAPAQ?
Comment ces commerçants peuvent-ils rester ouverts malgré ces infractions? «Le MAPAQ ne peut pas fermer des restaurants ou des établissements», prévient Marie-Ève Rousseau dans un entretien avec Noovo Info, mais peut suspendre des permis d’exploitation en cas de non-conformité.
«Il y a vraiment une gradation de mesures avant la suspension du permis», nous indique cependant Mme Rousseau. «Si l'innocuité des aliments n'est pas assurée, [la solution sera la stabilisation pendant l’inspection]. […] Ensuite, on doit laisser à l'exploitant la chance de reprendre le droit chemin.»
Le MAPAQ ne cache pas que les établissements «plus à risque» sont visités «un petit peu plus souvent». «Ils font partie de notre routine quotidienne», lâche la porte-parole, qui invite la population à «formuler des plaintes» en cas de besoin.
Aucun des commerçants récidivistes qui font l’objet de ce reportage n’a retourné les demandes d’entrevue de Noovo Info.
*Attention: les bloqueurs de publicité de type AdBlocker peuvent interférer avec le visionnement de la carte géographique incluse dans cet article. Ajustez vos paramètres de ce type d'extension pour voir tout le contenu.

