La lieutenante-générale Jamie Speiser-Blanchet a marqué l'histoire jeudi en devenant la première femme à diriger l'Aviation royale canadienne (ARC).
La Québécoise a succédé au lieutenant-général Eric Kenny lors d'une cérémonie de passation de commandement au Musée de l'aviation et de l'espace du Canada, présidée par la chef d'état-major de la Défense, la générale Jennie Carignan.
«Je suis enthousiasmée, a déclaré Mme Speiser-Blanchet aux journalistes après la cérémonie. Je suis optimiste et réaliste. Je vois de grands défis, mais je suis extrêmement honorée d'avoir cette chance et je ressens une grande fierté d'être ici aujourd'hui.»
Elle prend le commandement à un moment clé pour la force aérienne, alors qu'elle est aux prises avec des pénuries de personnel et cherche à acquérir de nouvelles capacités.
«Nous travaillons beaucoup sur les pénuries de personnel connues, ce qui fait que le recrutement augmente. Nous travaillons avec diligence avec tous nos partenaires au sein du ministère de la Défense et même à l'externe sur les mesures de rétention», a-t-elle ajouté.
L'ARC s'apprête à acquérir prochainement sa prochaine génération d'avions de combat : le chasseur furtif F-35 de fabrication américaine.
Ce projet d'acquisition est actuellement examiné par le gouvernement fédéral en raison de la guerre commerciale en cours avec les États-Unis. L'accord conclu avec Lockheed Martin et le gouvernement américain porte sur 88 appareils, pour un coût d'environ 85 millions $ US chacun.
Le Canada a déjà acheté les 16 premiers F-35, dont la livraison est prévue au début de l'année prochaine. Ottawa devrait prendre une décision concernant les avions de combat restants très tôt dans le mandat de lieutenante-générale Speiser-Blanchet, d'ici la fin de l'été.
Mais, comme les premiers F-35 devraient entrer en service au cours des prochaines années, les pilotes devront rapidement commencer leur entraînement.
La Force aérienne est également confrontée à ce que Mme Speiser-Blanchet a qualifié d'«excellent défi» : le gouvernement fédéral s'est engagé à augmenter considérablement les dépenses de défense.
«Nous devons agir avec beaucoup de discernement et veiller à un bon rapport qualité-prix, a-t-elle dit. Avec la pénurie de personnel et la demande accrue, le monde est actuellement très instable, et répondre à une grande partie de ces exigences opérationnelles tout en essayant d'institutionnaliser certaines acquisitions et certains changements est, à mon avis, le véritable défi.»
Eric Kenny, commandant depuis 2002, prend sa retraite après trois décennies et demie de service dans la Force aérienne.
Il a déclaré partir avec des sentiments mitigés, à un «moment de l'histoire où nos adversaires remettent en cause avec acharnement l'ordre international fondé sur des règles et s'attaquent aux croyances, aux amitiés et aux libertés dont nous bénéficions depuis des décennies».
M. Kenny a félicité la nouvelle commandante pour son vaste réseau de relations au sein des ministères et de l'industrie, et pour avoir incité le ministère à «remettre en question le statu quo» et à bâtir une Force aérienne «agile, intégrée et inclusive».
Il a également expliqué être «quelque peu envieux qu'elle prenne le commandement alors que toutes nos nouvelles capacités seront livrées au cours des prochaines années».
Mme Speiser-Blanchet a servi comme pilote d'hélicoptère Griffon et a occupé divers postes de commandement, plus récemment comme commandant adjoint de la Force aérienne.
Ses déploiements opérationnels comprenaient des missions de maintien de la paix de l'ONU et de l'OTAN en Haïti et en Bosnie, ainsi que des déploiements au pays en réponse à des situations d'urgence, telles que des feux de forêt et des inondations.
Mme Speiser-Blanchet est originaire de Chicoutimi, aujourd'hui Saguenay, au Québec, et est maintenant la 22e commandante de l'ARC, qui emploie quelque 15 000 militaires et civils et gère plus de 250 aéronefs.
