Les 4500 chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro de la STM envisagent bel et bien la grève «en dernier recours», eux qui n'ont pas débrayé depuis près de 40 ans.
La dernière grève des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro de la Société de transport de Montréal remonte à 1987. Ce sont plutôt les employés d'entretien qui ont débrayé deux fois, cette année.
En entrevue mercredi, Frédéric Therrien, président de la section locale concernée du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ, a affirmé qu'à l'heure actuelle, «on serait les chauffeurs les moins bien payés d'une grande ville au Québec, si on regarde Longueuil, Laval, Québec. On serait ceux les moins payés, puis on trouve que ça n'a aucun sens. Le travail à Montréal, c'est le travail le plus dur pour des chauffeurs d'autobus au Québec, avec les particularités de la ville», a-t-il lancé.
De son côté, la STM fait valoir que les conventions collectives de ces autres chauffeurs d'autobus ont tout simplement été négociées avant celle de la STM. Elles incluent donc des augmentations de salaire qui n'ont pas encore été convenues à la STM.
«Il faut prendre en considération que les conventions collectives ont été conclues ou négociées avant celle de la STM. Nous n'avons pas terminé la négociation, nous travaillerons étroitement avec le syndicat afin de dégager des pistes d'économie afin de demeurer compétitifs», a répliqué la direction.
«Bientôt en grève»
Le syndicat a lancé, mardi, une campagne sur des panneaux publicitaires, prévenant le public: «Autobus et métro bientôt en grève. Merci la STM».
M. Therrien assure que ses membres n'ont guère envie d'aller jusque là, mais qu'ils le feront, si la négociation n'avance pas plus rondement, après une cinquantaine de rencontres.
La direction de la STM, toutefois, considère que «la négociation avec les syndicats des chauffeurs progresse et les parties s’entendent sur plusieurs points». Elle précise que quatre jours de «rencontres intensives» sont prévus cette semaine et «un nombre équivalent de rencontres ont aussi eu lieu la semaine dernière».
M. Therrien n'a pas voulu s'avancer à savoir si une éventuelle grève aurait lieu en octobre ou en novembre, ou bien si elle durerait une journée, une semaine ou serait illimitée. Il assure toutefois que le transport adapté, qui est assuré par ses membres, ne serait pas touché.
L'impatience de ses membres commence à se faire sentir, après le port du t-shirt orange et autres moyens de pression légers.
«Pour l'instant, on n'a fait que des moyens de pression qui ne touchaient pas les utilisateurs. On a posé des autocollants. On a 'punché' à l'heure au lieu d'en avance. On a offert un 'service plus' à la clientèle. On a stationné nos autobus à côté des garages au lieu de les stationner dans le garage. Ça ne touchait pas la population. On essaie toujours de faire des choses en amont, pour ne pas déranger la population. Mais là, aujourd'hui, on dit à la population: on veut vous prévenir que, si les conditions qui sont sur la table en ce moment restent telles quelles, on va devoir se rendre à la grève. Puis on va la faire», a prévenu M. Therrien.
En plus des salaires, le litige porte également sur «des horaires plus humains», la conciliation travail-famille et la sécurité d'emploi.
La direction de la STM se dit «pleinement mobilisée pour convenir d'une entente dès que possible avec le syndicat» des chauffeurs.
Elle rappelle la situation financière difficile dans laquelle elle se trouve. «Cette négociation de convention collective se déroule dans un contexte particulier où la STM vit une situation financière difficile et sans précédent, où elle se doit d’être à moindre coût. Les audits de performance du MTMD (ministère des Transports et de la Mobilité durable) menés l’an dernier l’ont bien démontré.»

