Plusieurs locataires de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, à Montréal, sont toujours dans l'incertitude quant à leur prochain logement, quelques jours après l'évacuation de leur immeuble par crainte de l'effondrement d'une autre structure.
Vendredi, les pompiers ont été appelés au 5992 avenue du Parc, un bâtiment déjà signalé comme instable par la Ville. Un périmètre a été établi à l'angle de l'avenue du Parc et de l'avenue Van Horne, devant l'unité résidentielle et les deux immeubles adjacents.
Ce texte est une traduction d’un article de CTV News.
«Ce bâtiment est comme un trou noir: tout ce qui l'entoure est aspiré», a lancé Sumeet Dhatt, un locataire de l'un des bâtiments voisins contraint de quitter les lieux.
L'étudiant diplômé en économie de l'université McGill séjournait dans sa famille à Toronto lorsqu'il a appris que son immeuble était en train d'être vidé, sans aucun avertissement.
«Je n'ai pas beaucoup d'espoir pour l'instant de pouvoir retourner chercher d'autres affaires», a-t-il déclaré. «J'ai l'impression que la Ville sait que c'est dangereux – l’immeuble s'effondre littéralement et force les gens à quitter leur maison - mais elle n'a pas l'intention de faire quoi que ce soit. Ça me laisse perplexe.»
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M. Dhatt vit dans son appartement de deux chambres depuis près de deux ans. Il partage le loyer de 1750 dollars avec un colocataire et dit qu'il commençait tout juste à se sentir à l'aise.
«J'aime le quartier et je me suis vraiment attaché à cet immeuble», a-t-il expliqué. «Mais si des gens comme moi sont en danger, alors [la Ville] doit agir. Ils auraient dû faire quelque chose il y a longtemps».
Selon l'arrondissement, la structure du 5992 avenue du Parc était déjà sous surveillance depuis des mois. La Ville a approuvé sa démolition en avril 2024, mais le bâtiment est toujours en place. Les dizaines de résidents qui y vivaient ont été évacués en mars dernier, leurs baux ont depuis été résiliés et ils ont été contraints de trouver un nouveau logement.
Une partie d'un mur extérieur du bâtiment s'est effondrée en mars de cette année, provoquant des évacuations temporaires. Les autorités de l'arrondissement avaient alors déclaré que la structure était trop dangereuse pour y pénétrer, et son état n'a cessé de se dégrader depuis.
Lorsque le Service des incendies de Montréal (SIM) a de nouveau inspecté le site la semaine dernière, après qu'un résident a signalé avoir vu des briques se détacher, une nouvelle évacuation d'urgence a été déclenchée, touchant cette fois les résidents des immeubles voisins.
Plusieurs locataires ont déclaré à CTV News qu'ils n'avaient pas eu le temps de rassembler leurs affaires.
«Une seconde, j'étais dans mon appartement, puis deux pompiers ont fait irruption dans ma chambre en disant: "vous devez partir tout de suite"», raconte Christian MacDonald. «On m'a dit de préparer tout ce dont j'aurais besoin pour la nuit. J'ai juste pris quelques vêtements, ma brosse à dents... et je suis parti».
Il s'inquiète de ce qu'il adviendra de ses affaires et de savoir quand - si jamais - il pourra y avoir accès à nouveau.
Les pompiers ont permis aux résidents de récupérer certains de leurs biens à l'intérieur lundi soir, mais certains n'ont pas pu profiter de ce court laps de temps.
M. Dhatt n'a pas pu faire le voyage de Toronto à temps, mais ses amis ont pu récupérer quelques-uns de ses biens essentiels, notamment son passeport et du matériel de musique. «Nous n'avons eu qu'une seule chance», dit-il. «Et il n'y a pas eu beaucoup de préavis pour cela non plus.»
D'autres, comme Alex Casey, ont été pris au dépourvu par l'évacuation, et la possibilité de récupérer leurs effets personnels s'est avérée trop faible et trop tardive.
«Je devais quitter le pays dans quelques jours, mais mon passeport était à l'intérieur», a indiqué Alex Casey. «Je n'ai pas vraiment eu le temps de rassembler quoi que ce soit [vendredi soir].»
Selon M. Casey, l'arrondissement n'a cessé de promettre que la démolition était imminente, mais les travaux n'ont pas commencé.
«On ne cesse de nous dire que ce sera dans trois jours, mais nous revenons trois jours plus tard et rien n'a été touché. Il n'y a pas un seul travailleur dans les parages.»
Dans une déclaration à CTV News, le porte-parole du Plateau-Mont-Royal, Francis Huot, a indiqué que l'arrondissement procédera à la démolition si le propriétaire de l'immeuble n'agit pas rapidement.
«La démolition du bâtiment, qui aurait dû être complétée par son propriétaire, sera effectuée dans les plus brefs délais après l'obtention d'un plan approuvé par un ingénieur», a écrit M. Huot. «Nous sommes en communication avec les administrateurs de la propriété afin que le propriétaire remplisse ses obligations sans délai. Si ce n'est pas le cas, l'arrondissement prendra les mesures juridiques nécessaires pour garantir la sécurité publique.»
Selon M. Dhatt, si son propriétaire s'est montré utile en communiquant des mises à jour et en plaidant en faveur de l'accès, les fonctionnaires de la Ville n'ont guère apporté de réponses ni de soutien.
«Pendant les 72 premières heures suivant l'évacuation, ils vous disent de contacter la Croix-Rouge», a-t-il déclaré. «Mais en réalité, il n'y a d'aide réelle que pendant trois jours. Ensuite, on est livré à soi-même».
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Marie-Josée Laquerre fait partie des locataires que la Croix-Rouge a conduits à l'hôtel vendredi. Mais une fois les 72 heures écoulées, elle a dû se débrouiller seule pour prendre d'autres dispositions.
«C'était très perturbant d'être chassée de chez moi de cette manière», a-t-elle dit. «Je donnerais n'importe quoi pour rentrer chez moi».
Elle n'espère qu'une chose: que le bâtiment instable soit enfin démoli pour que les locataires puissent aller de l'avant.
«C'est tellement dangereux et la Ville a dit qu'elle ferait quelque chose, mais rien ne s'est encore passé», ajoute Mme Laquerre.
M. Dhatt reconnaît que la seule façon de sortir de l'impasse est d'agir.
«Je pense que la chose la plus importante que la Ville puisse faire est de s'attaquer à la cause du problème», a-t-il déclaré. «Démolir ce bâtiment ou s'en occuper comme elle l'entend. Pas seulement pour les personnes qui y vivent, mais pour la sécurité publique en général».


