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Chefferie du NPD: un exercice en français pénible pour plusieurs des candidats

«Si on veut faire campagne au Québec, on a besoin de parler aux Québécois dans leur langue­.»

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Les candidats à la direction du NPD, de gauche à droite, Rob Ashton, Tanille Johnston, Avi Lewis, Heather McPherson et Tony McQuail, posent après un premier débat officiel à Montréal, le jeudi 27 novembre 2025. Les candidats à la direction du NPD, de gauche à droite, Rob Ashton, Tanille Johnston, Avi Lewis, Heather McPherson et Tony McQuail, posent après un premier débat officiel à Montréal, le jeudi 27 novembre 2025. (Christopher Katsarov | La Presse canadienne)

Les candidats à la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD) croiseront le fer jeudi soir à Montréal. 

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a besoin du Québec pour espérer prendre du galon et utilement former le gouvernement aux prochaines élections fédérales, ont reconnu la plupart des candidats dans la course à la chefferie du parti lors d'un premier débat officiel, jeudi soir, à Montréal. 

Plusieurs des cinq aspirants chefs néo-démocrates ont cependant concédé qu'ils devaient améliorer leur maîtrise du français pour réussir à convaincre les Québécois de voter pour le NPD. 

Une bonne partie des candidats s'exprimaient difficilement en français lors de cette joute oratoire, s'excusant parfois de cette situation ou reconnaissant qu'il devait poursuivre leur apprentissage de la langue. 

L'anglais a d'ailleurs occupé une place prédominante durant le débat qui devait pourtant se dérouler «majoritairement» en français. Le parti avait annoncé une répartition de 60% en français et 40% en anglais. 

L'un des cinq thèmes de cet exercice a porté sur la manière dont le NPD peut reconquérir le Québec. La formation politique compte un seul député sur les 78 sièges de la province à la Chambre des communes. L'unique néo-démocrate est Alexandre Boulerice, député dans l'est de Montréal. 

«Si on veut faire campagne au Québec, on a besoin de parler aux Québécois dans leur langue», a dit en français le documentariste Avi Lewis, qui est apparu comme celui maîtrisant le mieux la langue de Molière. 

«Soyons honnêtes. Actuellement, on n'est pas à la hauteur. Pour revenir en force, il faut qu'on développe une offre claire en français, axée sur les besoins des Québécois. Ça va nous prendre un peu de temps, mais c'est nécessaire», a-t-il poursuivi. 

La députée albertaine Heather McPherson a soutenu que la reconstruction du parti au Québec passe par les associations locales des circonscriptions. L’agriculteur biologique Tony McQuail a indiqué que 55 d'entre elles sont sous la direction du même président. 

Mme McPherson avance que la «route pour le NPD» passe par le Québec, rappelant la vague orange de 2011 sous la direction de feu Jack Layton. «Notre parti n'a pas de chemin sans le Québec», a-t-elle dit.  

M. Lewis croit que les Québécois «ont soif de vraies solutions progressistes» et qu'une «voie attend le NPD ici au Québec». 

Selon le dirigeant syndical Rob Ashton, le NPD ne doit pas seulement gagner à Montréal. «On doit parler aux gens des régions et aux travailleurs. (...) On doit être plus au Québec», a-t-il affirmé en français. 

La travailleuse sociale Tanille Johnston estime que la barrière linguistique peut être surmontée en se liant aux «champions locaux» des communautés. 

«Je crois que la barrière linguistique ne devrait pas nous empêcher d'être des grandes personnes. Je crois qu'on peut combler cette lacune», a déclaré en anglais Mme Johnston. Elle a dit comprendre l'engagement des Québécois pour le français, alors qu'elle a elle-même essayé de réapprendre sa langue autochtone.  

Le projet d'oléoduc s'invite

Les autres thèmes du débat ont porté sur le coût de la vie, les relations de travail, la réconciliation avec les peuples autochtones et la voie à suivre pour le parti. 

L’exercice, modéré par un ex-stratège néo-démocrate, Karl Bélanger, n'a donné lieu à aucune confrontation entre les candidats. Ils ont semblé être sur la même longueur d'onde à plusieurs égards. 

L’annonce d’un protocole d'entente entre Ottawa et l'Alberta pour favoriser la construction d'un oléoduc vers la côte Pacifique, plus tôt dans la journée, s’est par ailleurs invitée dans le débat. 

«Nous venons de voir un libéral qui a démissionné aujourd'hui parce que le premier ministre (Mark) Carney a décidé de faire une entente avec l'Alberta. Et ça, ça n'arrivera jamais si j'étais cheffe», a soutenu Mme Johnston. 

M. Lewis a dénoncé un «pipeline sale», qui représente, selon lui, un enjeu sur le plan des relations avec les Premières Nations.

Un second débat officiel, qui aura lieu en anglais, est prévu en février prochain en Colombie-Britannique. 

Le nouveau chef du NPD fédéral sera connu le 29 mars lors du congrès national de la formation politique à Winnipeg. La course à la direction du NPD a été lancée pour succéder à l'ancien chef Jagmeet Singh, qui a été défait en avril dans sa circonscription aux élections fédérales, lors desquelles le parti a terminé avec 6% des voix et sept députés.

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste