Santé

Marjorie Michel rejette une recommandation clé du rapport sur l'assurance médicaments

Mis à jour

Publié

6e170f47faf14ce4928bc26492748d0992a53298b3f81d8251fe670faeccf0ec.jpg La ministre de la Santé, Marjorie Michel, lors de la période de questions à Ottawa, le 2 octobre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld (Adrian Wyld | La Presse canadienne)

La ministre de la Santé, Marjorie Michel, n'a montré aucun intérêt pour la recommandation principale d'un comité consultatif d'experts sur l'assurance médicaments, selon laquelle Ottawa devrait financer intégralement certains médicaments essentiels sans conclure d'accords avec les premiers ministres provinciaux. 

«Comme vous le savez, nous avons beaucoup de groupes d'experts indépendants qui ont leurs opinions, mais celles-ci ne sont pas contraignantes pour le gouvernement», a-t-elle rappelé lors d'une conférence de presse à Montréal lundi.

Le rapport du comité, publié vendredi, suggère que le gouvernement fédéral établisse une liste de médicaments jugés essentiels et fournisse le financement nécessaire pour garantir que tous les Canadiens puissent obtenir gratuitement ces médicaments.

Le président du comité estime qu'il est clair que tenter de négocier des accords bilatéraux avec les provinces et les territoires ne fonctionne pas.

Interrogée lundi sur cette recommandation, Mme Michel a secoué la tête, affirmant que les provinces et les territoires sont responsables de la prestation des soins de santé.

«Mon travail consiste à collaborer avec mes partenaires», a-t-elle déclaré, ajoutant que le gouvernement fédéral continuera de négocier avec les provinces et les territoires.

«À l'heure actuelle, nous devons nous assurer de bâtir le partenariat le plus solide possible avec les provinces et les territoires afin d'améliorer la santé des Canadiens», a déclaré Mme Michel.

Le comité d'experts a été formé l'automne dernier, après que le précédent gouvernement libéral minoritaire a adopté la loi sur l'assurance médicaments dans le cadre de son accord de soutien et de confiance avec le NPD.

La loi enjoignait au gouvernement de nommer un comité chargé de déterminer la meilleure façon de créer et de financer un régime national d'assurance médicaments universel à payeur unique.

Dans son rapport, le comité a demandé à Ottawa de fournir un financement durable à toutes les provinces et à tous les territoires afin de couvrir entièrement le coût des médicaments figurant sur la liste des médicaments essentiels — un système qui permettrait également aux assureurs privés d'offrir une couverture complémentaire.

Le comité a affirmé qu'une nouvelle loi devrait être adoptée afin de reconnaître officiellement l'accès aux médicaments essentiels comme un droit de la personne.

Il a ajouté qu'Ottawa devrait rencontrer les provinces et les territoires afin de convenir de plans visant à réinvestir les économies réalisées grâce aux régimes d'assurance médicaments existants dans l'amélioration de l'accès aux soins de santé primaires.

Une question de volonté

Le Dr Eric Hoskins, auteur d'un rapport de 2019 sur l'assurance médicaments pour le précédent gouvernement fédéral, a déclaré que le nouveau rapport offre à M. Carney «une voie très claire pour la mise en œuvre de l'assurance médicaments».

Le Dr Hoskins, ancien ministre de la Santé de l'Ontario, estime qu'il serait relativement simple de négocier des ententes bilatérales avec les provinces et les territoires tout en atteignant les objectifs du rapport.

«Pour ce faire, a-t-il avancé, on pourrait demander à chaque administration d'adhérer à un ensemble de principes semblables à ceux de la Loi canadienne sur la santé et de participer à la gestion de la liste des médicaments essentiels.»

Le Dr Hoskins a reconnu que le gouvernement libéral a de nombreux dossiers à traiter, notamment en matière de défense nationale et de projets de développement du pays, mais a fait valoir que l'assurance médicaments est également un projet national.

«Les gouvernements libéraux ont démontré la volonté politique nécessaire pour mener ce projet à bien, et j'espère qu'ils feront preuve de davantage de détermination et de courage pour franchir la prochaine étape».

Le comité d'experts a estimé que le coût d'une liste de médicaments essentiels se situerait entre 6 milliards $ et 10 milliards $ par an, une somme qui serait en partie compensée par les économies réalisées grâce à des médicaments moins chers.

Le président du comité, le Dr Navindra Persaud, a déclaré qu'il s'attendait à ce que le coût supplémentaire pour le gouvernement soit d'environ 3 milliards $ par an.

Le dernier budget fédéral ne prévoyait aucun nouveau financement pour l'assurance médicaments et des doutes ont été exprimés quant à l'engagement du gouvernement envers ce programme depuis les élections d'avril.

Le premier ministre Mark Carney et Mme Michel ne se sont pas engagés publiquement à étendre le programme d'assurance médicaments à l'échelle nationale de manière universelle. Tous deux ont parlé de «protéger» l'assurance médicaments.

La loi sur l'assurance médicaments stipule que le gouvernement fédéral devrait négocier des accords avec les provinces et les territoires afin de couvrir le coût des contraceptifs et des médicaments contre le diabète.

Un peu plus d'un an après l'entrée en vigueur de la loi, les libéraux n'ont signé des accords bilatéraux sur l'assurance médicaments qu'avec trois provinces et un territoire.

Le gouvernement précédent avait prévu un budget de 1,5 milliard $ sur cinq ans pour mettre en œuvre le programme, mais plus de 60 % de ces fonds sont déjà alloués aux quatre accords existants.

Linda Silas, membre du comité et présidente de la Fédération canadienne des syndicats d'infirmières et d'infirmiers, a noté que les accords bilatéraux n'avaient pas fonctionné dans le passé.

Elle a ajouté que le comité recommandait un partenariat avec les provinces, les territoires et les parties prenantes, telles que les pharmaciens.

«Les huit recommandations sont claires. Le ministre et le gouvernement pourraient lancer un programme national d'assurance médicaments dès aujourd'hui s'ils le souhaitaient, sans nouvelle législation ni nouveaux accords bilatéraux», a-t-elle affirmé.

Mme Silas a déclaré qu'elle militait en faveur de l'assurance médicaments depuis près de trois décennies et qu'elle espère qu'aucun parti politique n'aura besoin de promettre l'assurance médicaments lors des prochaines élections.

«Je pense que nous allons devoir en arriver là. Nous allons devoir convaincre, une fois de plus, un politicien de dire: "Vous avez tout le travail, vous avez la fondation, il vous suffit de prendre votre courage à deux mains et de le faire"», a-t-elle déclaré.

Sarah Ritchie

Sarah Ritchie

Journaliste