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Poilievre ne changera pas de style de leadership malgré les départs de son caucus

Le chef conservateur tenait mercredi sa première conférence de presse depuis le dépôt du budget du gouvernement libéral.

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Le chef conservateur Pierre Poilievre donne une conférence de presse à Calgary, le mercredi 12 novembre 2025. Le chef conservateur Pierre Poilievre donne une conférence de presse à Calgary, le mercredi 12 novembre 2025. (Jeff McIntosh/La Presse canadienne)

Le chef conservateur Pierre Poilievre a répondu sans détour mercredi lorsqu'il s'est fait demander si les récents bouleversements au sein de son caucus l'avaient amené à réfléchir à son style de leadership. 

«Non», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Calgary.

Il a ajouté qu'il comptait continuer d'être «le seul leader du pays à se battre pour un Canada abordable».

La conférence de presse de mercredi offrait aux journalistes leur première occasion d'interroger M. Poilievre depuis la semaine tumultueuse qui a commencé avec le premier budget du gouvernement libéral et s'est terminée par la perte de deux députés au sein de son caucus.

Ce n'est pas la première fois que le chef conservateur est confronté à des questions sur son style de leadership. Ces questions sont devenues plus fréquentes depuis la défaite du parti aux élections d'avril, après avoir mené par 20 points dans les principaux sondages. M. Poilievre a également perdu son siège dans la région d'Ottawa au profit d'un candidat libéral lors de ces élections. 

Le député néo-écossais Chris d'Entremont a quitté le navire pour rejoindre le gouvernement libéral minoritaire mardi, quelques heures après la publication du budget. Le député albertain Matt Jeneroux a annoncé sa démission jeudi. 

M. Jeneroux a indiqué avoir parlé avec M. Poilievre après avoir remis sa démission au whip conservateur Chris Warkentin, et a insisté dans un communiqué de presse sur le fait qu'il n'y avait eu «aucune coercition» dans sa décision.

M. d'Entremont a expliqué que le style de leadership de M. Poilievre avait pesé dans sa décision de quitter le parti après six ans comme député conservateur. 

Dans plusieurs entrevues depuis son départ, il a accusé M. Warkentin et le chef de l'opposition à la Chambre, Andrew Scheer, d'avoir fait irruption dans son bureau et de lui avoir crié dessus lorsque la nouvelle a été rendue publique.

M. Warkentin a démenti cette version des faits dans une entrevue accordée au Toronto Star.

Le parti a alors affirmé à CBC-Radio Canada que M. d'Entremont «s’est révélé être un menteur après avoir délibérément trompé ses électeurs, ses amis et ses collègues».

Les conservateurs croient que M. d'Entremont a quitté le caucus parce qu'il était mécontent de ne pas avoir été nommé vice-président de la Chambre des communes.

M. d'Entremont a déclaré à la Presse Canadienne que ce n'était pas le cas. Il a ajouté avoir reçu «un certain nombre de menaces par téléphone, par courriel et sur les réseaux sociaux» depuis qu'il a quitté les conservateurs. La Gendarmerie royale du Canada de Nouvelle-Écosse mène une enquête et M. d'Entremont a indiqué avoir renforcé ses mesures de sécurité.

Dans une entrevue accordée à CBC-Radio Canada à la fin de semaine dernière, M. d'Entremont a indiqué être au courant que d'autres membres du caucus envisageaient de partir. 

Pierre Poilievre a balayé ces inquiétudes du revers de la main mercredi, affirmant qu'il ne pense pas que d'autres députés quitteront le caucus.

En réponse aux questions sur cette agitation, le chef conservateur a lu de longs extraits d'une récente déclaration faite par M. d'Entremont à la Chambre des communes, dans laquelle il critiquait le gouvernement du premier ministre Mark Carney et son incapacité à réduire le coût des produits alimentaires.

M. Poilievre a qualifié le plan économique de M. Carney de «budget de carte de crédit», affirmant qu'il fera grimper le coût de l'alimentation, du logement et du carburant.

«C'est presque inconcevable, personne ne pensait que quelqu'un pourrait dépenser plus d'argent que Justin Trudeau. Puis Mark Carney est arrivé et a dit: "regardez-moi bien"», a-t-il déclaré.

Votes de confiance

Le premier ministre Carney et les libéraux sont désormais à deux voix de pouvoir adopter une loi sans le soutien de l'opposition. Ils seront confrontés à un troisième vote de confiance à la Chambre des communes la semaine prochaine, par le biais du vote sur la motion principale du budget sera soumise.

Le NPD et le Bloc québécois ont voté avec les libéraux lors du premier des trois votes de confiance la semaine dernière, empêchant ainsi le renversement du gouvernement comme envisagé dans un amendement proposé par les conservateurs.

Le caucus conservateur a été acclamé par l'ensemble de l'assemblée lorsqu'il s'est rangé du côté du gouvernement lors du deuxième vote de confiance.

M. Jeneroux n'a participé à aucun des deux votes.

On ne sait pas encore comment l'opposition se positionnera lors du dernier vote de confiance.

M. Poilievre devra également faire face à un test de confiance crucial au cours des prochains mois. Les membres conservateurs doivent se prononcer lors d'un examen de la direction du pari lors d'un congrès à Calgary à la fin du mois de janvier.

Sarah Ritchie

Sarah Ritchie

Journaliste