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Les libéraux survivent à un deuxième vote de confiance

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6da59dcdd5d4daa6b60ada2607e3bba12ffcff6e02034997bfcf718b4988d418.jpg Le drapeau canadien flotte sur le toit de l'édifice de l'Ouest, sur la colline du Parlement à Ottawa, le lundi 3 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick (Sean Kilpatrick | La Presse canadienne)

Lors du second vote, vendredi après-midi, la Chambre des communes a enregistré un vote de 307 voix contre une motion du Bloc québécois visant à rejeter le budget, et 30 voix pour.

Le gouvernement libéral minoritaire a survécu à deux votes de confiance décisifs cette semaine, couronnant ainsi quelques jours mouvementés sur la colline du Parlement, marqués par le budget, un ralliement à un parti et la démission d'un membre du caucus conservateur.

S'adressant au Club canadien de Toronto vendredi après-midi, le premier ministre Mark Carney a plaisanté en disant que d'autres défections au sein de l'opposition pourraient suivre.

«Appelez votre député local s'il n'est pas libéral», a-t-il lancé à l'auditoire. Nombreux furent ceux qui rirent avec lui.

Le leader parlementaire conservateur, Andrew Scheer, a accusé les libéraux de «tenter de se constituer une majorité par des moyens antidémocratiques, au moyen d'ententes secrètes et de pressions».

M. Scheer, qui était chef conservateur lorsque la libérale Leona Alleslev a rejoint son caucus en 2018, a accusé le gouvernement de tenter de détourner l'attention de son «budget catastrophique».

 

Le plan de dépenses du gouvernement a survécu à deux des trois votes de confiance auxquels il devra faire face à la Chambre des communes.

Jeudi soir, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois ont voté contre une motion conservatrice demandant aux députés de rejeter le budget.

Vendredi après-midi, les députés libéraux ont applaudi lorsque les conservateurs se sont joints à eux pour déjouer une motion du Bloc qui demandait également à la Chambre de rejeter le budget.

Le chef du NPD, Don Davies, a soutenu, dans une déclaration envoyée dans l'après-midi, que son parti partageait «les préoccupations exprimées par le Bloc dans la motion votée» plus tôt dans la journée. 

«Nous souhaitons notamment voir augmenter le financement des soins de santé, améliorer le soutien aux personnes âgées et renforcer les mesures de lutte contre les changements climatiques, a ajouté le chef néo-démocrate. C'est pourquoi nous avons appuyé la motion.» 

«Nous n'avons pas encore décidé comment nous voterons sur le budget principal le 17 novembre», a-t-il précisé.

Tentatives de débauchage

Les libéraux sont à deux voix de la majorité requise pour faire adopter le budget seuls.

Depuis des semaines, des rumeurs circulaient à Ottawa, laissant entendre que certains membres du caucus conservateur de Pierre Poilievre envisageaient de rejoindre le camp gouvernemental et que l'équipe de M. Poilievre faisait pression pour les en dissuader.

Quelques heures après la publication du budget, mardi, le député néo-écossais Chris d'Entremont a annoncé son ralliement au caucus libéral.

Ce conservateur de longue date a expliqué être mécontent du style de leadership de Pierre Poilievre. Certains de ses anciens collègues du caucus étaient furieux: Jamil Jivani a déclaré aux journalistes que M. d'Entremont était «un idiot» et Aaron Gunn l'a traité de «lâche».

Jeudi soir, le député conservateur Matt Jeneroux a annoncé sa démission du Parlement, mettant ainsi fin aux rumeurs persistantes selon lesquelles il envisageait également de rejoindre le gouvernement.

Deux sources libérales de haut rang ont indiqué à La Presse Canadienne que le premier ministre Carney s'était entretenu en privé avec M. Jeneroux dans son bureau durant la période de questions, plus tôt cette semaine. Ces sources n'ont pas été nommées, car elles n'étaient pas autorisées à s'exprimer publiquement sur cette rencontre.

M. Scheer a laissé entendre que la rencontre n'avait pas eu lieu, sans toutefois préciser si M. Jeneroux avait lui-même nié avoir rencontré les libéraux.

«Les seules rumeurs d'intimidation et de harcèlement que j'ai entendues proviennent de libéraux qui harcèlent les conservateurs dans les ascenseurs et les appellent à leur domicile», a insisté M. Scheer vendredi, ajoutant que cette campagne de pression avait forcé M. Jeneroux à accélérer son départ.

Matt Jeneroux avait initialement publié une déclaration annonçant sa démission et demandant qu'on laisse sa famille tranquille. Il n'avait pas précisé la date de son départ, mais avait indiqué espérer prononcer un dernier discours à la Chambre des communes, laissant entendre que son départ était imminent.

Dans un second communiqué transmis aux médias par le bureau du chef conservateur plus tard jeudi soir, M. Jeneroux a déclaré qu'aucune contrainte n'a influencé sa décision de démissionner et a précisé qu'il s'agissait d'une décision mûrement réfléchie.

Le communiqué indiquait également que le député démissionnaire s'était entretenu avec Pierre Poilievre et que sa date de départ «probable» se situerait au printemps.

Andrew Scheer a affirmé que tout cela n'était qu'une diversion.

«Je peux vous le garantir, je vous le garantis, si vous interrogez une centaine de personnes dans n'importe quelle rue principale du pays, elles se moquent bien des intrigues de palais», a-t-il affirmé.

Ces intrigues de palais pourraient avoir une incidence très concrète sur la tenue d'élections anticipées au Canada cette année.

Le budget toujours sur le grill

Le budget doit être mis aux voix durant la semaine du 17 novembre, mais les libéraux doivent encore obtenir des votes de l'opposition, ou des abstentions, pour se maintenir au pouvoir.

Matt Jeneroux n'a pas voté lors des deux votes de confiance cette semaine et sa déclaration ne précise pas s'il restera au sein du caucus conservateur jusqu'au printemps.

La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a lancé que le budget, dans sa forme actuelle, est «mort à ses yeux», piétinant une copie du document pour un effet dramatique. Mais elle a également indiqué que le gouvernement pourrait obtenir son vote d'appui s'il ajoutait des engagements plus clairs en matière de protection de l'environnement au plan budgétaire.

Les députés n'ont pas perdu de temps pour quitter les couloirs de l'édifice de l'Ouest vendredi après-midi, plusieurs se dirigeant vers leurs circonscriptions respectives pour une semaine de vacances parlementaires.

Chris d'Entremont, qui rencontrera ses électeurs pour la première fois depuis son changement de parti, a affirmé que la plupart de ses conversations avec ses électeurs ont été positives jusqu'à présent.

«Nous continuerons de travailler pour expliquer la décision et son importance pour l'Acadie—Annapolis», a-t-il assuré.